Geagea : La réconciliation FL-CPL complète celles de la Montagne et de la Révolution du Cèdre

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a prononcé un discours samedi au terme de la messe annuelle célébrée à Meerab (Kesrouan) en mémoire des martyrs de la résistance libanaise. Plusieurs représentants des différentes composantes du 14 Mars, du bloc de Walid Joumblatt, ainsi que nombre de députés du Courant patriotique libre et plusieurs ministres étaient présents à la cérémonie. A cette occasion, le leader des FL a réaffirmé que face au blocage institutionnel actuel, la seule issue possible est l'élection du chef du Bloc du changement et de la réforme, le général Michel Aoun, à la présidence de la République "et la nomination de notre allié Saad Hariri à la présidence du Conseil". M. Geagea a invité sur ce plan les alliés du général Aoun à appuyer sa candidature "dans les faits et non pas en paroles".

"Je demande à chaque Libanais de s'accrocher à son pays plus que jamais, de tenir bon plus que jamais parce que c'est de cela que nous avons besoin aujourd'hui, a déclaré M. Geagea. En parallèle, je vous assure que nous n'épargnerons aucun effort pour surmonter la crise dans laquelle nous nous débattons. Nous tiendrons bon et le Liban restera."

M. Geagea a dans ce contexte estimé que "le véritable pas pour sortir de la crise n'est pas le dialogue" mais plutôt l’élection d'un président de la République, et ce avant la tenue des législatives dans leur délai. La magistrature suprême est vacante depuis le 25 mai 2014. La dernière séance électorale a une nouvelle fois échoué faute de quorum. Un nouveau scrutin est prévu le 7 septembre. Les législatives, elles, devraient avoir lieu en juin 2017. Les commissions parlementaires conjointes tentent depuis plusieurs semaines de s'entendre sur les modalités de la loi électorale qui régira le prochain scrutin parlementaire.

"Nous sommes attachés à la tenue des législatives mais l'organisation d'élections sans président compliquera la crise encore plus", a affirmé le leader des FL qui a dénoncé le boycott de la présidentielle, "de l’intérieur et de l'extérieur, pour des raison implicites ou explicites".  "J'appelle tous les blocs parlementaires à soutenir en actes et non seulement en paroles le général Aoun parce que c'est uniquement de cette manière que nous pourrons avoir un président de la République. Il n'y a pas de République s'il n'y a pas de président de la République", a lancé le chef des FL.

M. Geagea a également appelé à l'adoption d'une nouvelle loi électorale. "En tenant des élections législatives sans nouvelle loi nous n'aurons rien fait, nous aurons eu des législatives en apparence et nous aurions, en réalité, prorogé le mandat du Parlement actuel, a souligné M. Geagea. Nous continuerons à demander une nouvelle loi et ne reculerons pas".

Le leader des FL a en outre rappelé "les effets positifs de la réconciliation de Meerab" (entre les FL et le CPL), soulignant que ces effets ne se limitent pas uniquement aux FL et au CPL "mais atteindront la vie politique libanaise dans son ensemble". "Cette réconciliation a posé les bases d'un accord politique plus complet, a-t-il assuré. Cet accord a commencé avec la présidence mais il ira plus loin et sera plus global". M. Geagea a affirmé dans ce cadre que la réconciliation entre les FL et le courant aouniste s'inscrit dans le prolongement de la réconciliation de la Montagne et de "la vaste réconciliation de la Révolution du cèdre". "Nous rendons un hommage marqué à cette occasion au cardinal Nasrallah Sfeir et à Walid Joumblatt". "Notre réconciliation avec le CPL ne se fait pas au détriment de notre alliance avec le Courant du futur, mais elle la complète", a-t-il relevé.   

(Pour mémoire : Geagea : Le Hezbollah n'est pas sérieux dans son soutien à Aoun)

Lutter "sans relâche" contre le terrorisme
Dans une deuxième partie de son discours, M. Geagea s'est attaqué à la corruption au Liban. "Attendez de nous une guerre sans limite contre la corruption", a-t-il lancé. "Le souffle du changement qui a soufflé sur le monde arabe soufflera sur le Liban parce que notre peuple en a marre de la corruption et ne restera pas les bras croisés longtemps".

Sur le plan régional, M. Geagea s'est attaqué au terrorisme. Il a souligné "la nécessité de lutter contre le terrorisme sans relâche", affirmant, dans une allusion claire au Hezbollah qui combat aux côtés des forces du régime syrien, qu'il est "honteux d'utiliser la lutte contre le terrorisme pour mettre en œuvre un autre agenda qui n'a rien à voir avec le terrorisme".

"Comment pouvons-nous oublier les martyrs tombés sous les coups du régime Assad que ce soit Kamal Joumblatt ou Bachir Gemayel ou le mufti Hassan Khaled ou René Mouawad?, s'est interrogé M. Geagea. Comment pouvons-nous oublier la tentative criminelle de Michel Samaha qui aurait fait des centaines de victimes si elle n'avait pas été découverte?" Le leader des FL a souligné dans ce contexte que le régime Assad est passé maître dans le terrorisme. Il a cité à titre d'exemple, notamment, l'utilisation d'armes chimiques par ce régime et l'implication d'officiers des services de renseignements syriens dans le double attentat contre deux mosquées sunnites à Tripoli. Le juge Alaa Khatib a publié vendredi l'acte d'accusation dans l'affaire du double attentat contre les mosquées al-Salam et al-Takwa de Tripoli, mettant en cause deux officiers des services des renseignements syriens (SR). Ce double attentat, perpétré en août 2013 dans la capitale du Liban-Nord, avait fait 42 morts et 500 blessés.

Avant le discours de M. Geagea, le député Ibrahim Kanaan a lu une intention en hommage aux martyrs de la résistance libanaise. "Personne n'aurait imaginé que je représenterai un jour le général Michel Aoun pour prier à l'intention des martyrs des Forces libanaises", a dit M. Kanaan depuis l'estrade. "Pour ceux qui ont la foi, le temps des miracles n'a pas de fin, nous prions aujourd'hui, et tous les jours, à l'intention des martyrs de l’institution militaire et des Forces libanaises, a-t-il déclaré. Nous vivons dans la grâce des martyrs et dans la grâce de la réconciliation, de la paix et de la résurrection du Liban". 

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