Au cours de l'avant-dernière réunion de dialogue bilatéral entre les représentants du Hezbollah et ceux du courant du Futur, en présence du représentant de Nabih Berry, Ali Hassan Khalil, Nader Hariri a clairement demandé à ses interlocuteurs : « Si le courant du Futur accepte d'élire Michel Aoun à la présidence, le Hezbollah acceptera-t-il le retour de Saad Hariri au Sérail ? » Ce jour-là, et les suivants, le Hezbollah n'a pas répondu à cette question. La réponse est toutefois arrivée dans le cadre du dernier discours de Hassan Nasrallah, lorsqu'il a lancé : « Si le camp adverse accepte d'élire le général Aoun à la présidence, nous adopterons une position d'ouverture au sujet de la présidence du Conseil. »
Sans le dire clairement, le secrétaire général du Hezbollah a défini les contours d'un accord qui amènerait Aoun à Baabda et Hariri au Sérail. Mais il a sciemment gardé le flou sur les détails pour laisser la porte ouverte à des négociations plus poussées. Son objectif était d'abord d'ouvrir une brèche dans l'impasse politique actuelle et en même temps d'ouvrir le débat. Mais sa proposition n'a pas eu l'effet escompté. Le chef du courant du Futur a gardé un mutisme prudent, en laissant ses proches annoncer son départ pour quelques semaines de vacances, alors que les principales figures de sa formation se sont empressées de critiquer la proposition du sayyed. En gros, les ténors du courant du Futur ont répondu que la présidence du Conseil est un droit pour Saad Hariri et ce dernier n'a pas besoin du feu vert du Hezbollah pour revenir au Sérail. Ces remarques s'inscrivent plus en réalité dans le sens d'une escalade verbale que dans une volonté de négocier pour trouver un accord. Car si l'on part du principe que la présidence du Conseil est « un droit » pour Saad Hariri, celle de la République l'est aussi pour Michel Aoun qui bénéficie de l'appui d'une partie non négligeable des chrétiens, dont deux partis politiques. De plus, prétendre que le chef du courant du Futur n'a pas besoin de l'approbation du Hezbollah pour revenir à la tête du gouvernement est à la fois une atteinte à l'esprit consensuel de la Constitution, et une attitude irréaliste, puisqu'en l'état actuel des rapports de force, ni le Hezbollah peut imposer son candidat ni le courant du Futur peut en faire de même avec le sien. Les commentaires des faucons du Futur s'inscrivent donc plus dans le cadre des vexations politiques que dans celui d'une volonté réelle de négocier pour parvenir à un accord.
Certaines voix « optimistes » voient un indice positif dans le fait que Saad Hariri n'ait pas réagi à la proposition de Hassan Nasrallah. Il laisserait ainsi ses collaborateurs remplir verbalement le temps mort avant de revenir au Liban au début de septembre avec un déblocage dans ses bagages. Pour les partisans de cette thèse, M. Hariri n'a plus vraiment d'autre choix que d'accepter la proposition de Hassan Nasrallah, d'autant que ses problèmes financiers n'ont pas été résolus et ne le seront probablement pas de sitôt. De plus, les dirigeants saoudiens ont répété à plusieurs reprises qu'ils ne posent aucun veto sur les candidats à la présidentielle libanaise, dont le général Aoun. Si un tel veto existait, il n'y aurait pas eu deux avis au sein du bloc du Futur au sujet de la présidentielle, mais un seul, celui du royaume wahhabite. Selon ces voix optimistes, le chef du courant du Futur a beau prendre son temps pour répondre, il ne pourra au final qu'accepter la proposition de Nasrallah, car elle est équitable et constitue un point de départ acceptable pour un dialogue plus poussé.
Mais d'autres sources, proches du courant du Futur, ne voient pas les développements de la même façon. Pour eux, le fait que le ministre de l'Intérieur, qui est la personnalité la plus favorable à l'élection du général Aoun à la présidence au sein du bloc du Futur, ait décidé de hausser le ton contre le Hezbollah est une indication indirecte du refus par la formation haririenne de la proposition de Nasrallah. D'autant que les sources proches du Hezbollah se sont empressées de préciser que la proposition du sayyed porte uniquement sur le retour de Saad Hariri au Sérail. Elle n'englobe donc pas la formation du gouvernement, la déclaration ministérielle et tous les autres dossiers conflictuels. Autrement dit, si cette proposition est acceptée, Hariri sera Premier ministre, mais il devra se heurter au président et à ses alliés sur chaque dossier. La meilleure preuve de la profondeur du fossé qui sépare les protagonistes libanais est leur incapacité à s'entendre sur un seul dossier, du plus simple au plus complexe. Le report du départ à la retraite du commandant en chef de l'armée est, dans ce contexte, le résultat de cette division. Pour le camp hostile au général Aoun, la décision de maintenir le général Jean Kahwagi en fonctions était prise à l'avance et la possibilité de nommer un nouveau commandant en chef n'a même pas été envisagée sérieusement...
Selon des sources proches du CPL, ce dernier avait compris la manœuvre, mais il pensait que lorsque Michel Aoun serait élu à la présidence, il pourrait obtenir la nomination d'un nouveau commandant en chef de l'armée. C'est pourquoi il ne jugeait pas utile de mener une vaste campagne contre cette nouvelle prorogation, se contentant d'une opposition de principe. Mais aujourd'hui que le dossier présidentiel semble être revenu à la case départ et que le blocage reste total, les positions de principe ne suffisent donc plus...
Pour mémoire
Les remous au sein du CPL : attaquer Bassil pour cibler Aoun ?
Une visite d'information pour tenter de trouver des possibilités de déblocage...
"Certaines voix « optimistes » voient un indice positif dans le fait que Nabäâh 1er n’ait pas réagi au Président Sääd Rafîk Hariri. Pour les partisans de cette thèse, l’haSSine n'a plus vraiment d'autre choix que d'accepter les propositions du Président Sääd, d'autant que ses problèmes financiers n'ont pas été résolus et ne le seront probablement pas de sitôt. Selon ces voix optimistes, H.N. a beau prendre son temps pour répondre, il ne pourra au final qu'accepter la proposition du Président Hariri, car elle est équitable et constitue un point de départ acceptable pour un dialogue plus poussé ; mahééék ? Mais d'autres sources, proches du courant du héZébbb, ne voient pas les développements de la même façon. Pour eux, le fait que le Tonnerre pour Rien ait décidé de hausser le ton contre le grand Courant du Futur est une indication indirecte du refus par le héZébbb de la proposition du Président Sääd. D'autant que les sources proches du Futur se sont empressées de préciser que la proposition du Président porte uniquement sur le retour des mercenaires du héZébbb au Grand-Liban. Elle n'englobe donc pas la présidentielle, la formation du gouvernement, la déclaration ministérielle et tous les autres dossiers conflictuels. Autrement dit, si cette proposition est acceptée, boSSfaïr sera « président », mais il devra se heurter au Président Sääd et à ses alliés sur chaque dossier bien sûr !".
18 h 24, le 24 août 2016