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Liban - Table ronde

La laïcité en Turquie et sa possible application au Liban

Marie-Claude Saadé, présidente du Rassemblement « Pour un Liban meilleur et différent », présentant l’ambassadeur de Turquie.

« Bien des progrès ont été réalisés en Turquie en presque 90 ans d'exercice de la laïcité », a affirmé Inan Ozyildiz, ambassadeur de Turquie au Liban, lors d'une table ronde organisée par le rassemblement « Pour un Liban meilleur et différent » sur le thème : « L'expérience turque de la laïcité et sa possible application dans un contexte multiconfessionnel comme celui du Liban ».
Ce progrès s'est fait sentir, selon l'ambassadeur, « malgré la résurgence des aspects conflictuels de cette laïcité, car le problème qui se pose aujourd'hui en Turquie est de pouvoir concilier la modernité et les exigences d'une société pluraliste avec la tradition religieuse et l'islam, une question qui acquiert une nouvelle dimension avec la montée de l'islam politique et un islam militant. La Turquie, démocratie parlementaire dont la vie politique est dominée depuis 1946 par le multipartisme et dans laquelle le transfert du pouvoir se fait par des élections libres, a réussi malgré les coups d'État militaires à protéger et faire évoluer sa démocratie et les principes fondamentaux de la République », a ajouté M. Ozyildiz.
La Constitution turque précise dans son préambule « qu'en vertu du principe de laïcité, les sentiments religieux qui sont sacrés ne peuvent en aucun cas être mêlés aux affaires de l'État, ni à la politique ». L'article 2 déclare que « la République de Turquie est un État de droit démocratique, laïque et social ». « L'article 4 vient enfin placer la laïcité parmi les textes inaltérables de la Constitution en prévoyant que les dispositions de l'article 2 relatives aux caractéristiques de la République ne peuvent être modifiées, ni leur modification proposée. »
La laïcité se présente donc, selon l'ambassadeur Ozyildiz, comme l'un des piliers de l'idéologie fondatrice de la République de Turquie. Et l'on ne peut imaginer la Turquie moderne sans la laïcité. Et pourtant, relève-t-il, « l'adoption d'un système d'État laïc n'a pas été une décision prise en une seule nuit ». Elle a suivi un chemin militant qui ressemblait à celui de la France dont l'expérience a servi de modèle. Elle trouve ses racines dans la période des premières réformes « tanzimat » en 1839 où une « dualité avait commencé à apparaître dans la société ottomane avec l'expansion de la modernité vers l'Empire du sultan ». L'État était alors organisé sur des bases islamiques. L'Empire ottoman « se dotait d'un système théocratique, dilué par l'usage du droit de coutume et les fondements du système étaient la charia et la jurisprudence islamiques ». Pour faire face, d'une part, aux nouveaux défis émanant de l'Europe et à la pression des grandes puissances, et, d'autre part, à la menace du développement du nationalisme dans les territoires de l'Empire, le besoin de réformes devenait urgent.
La République, a poursuivi l'ambassadeur, a été fondée à la fin d'une guerre d'indépendance victorieuse (1919-1922) suivie du démantèlement de l'Empire à la fin de la Première Guerre mondiale. Les nouveaux dirigeants de la Turquie ont aboli la monarchie (le sultanat) en 1922, puis le califat en 1924, préparant les bases d'un État laïc. L'année 1926 devait voir l'entrée en vigueur du code civil qui a remplacé la charia dans les affaires d'état civil. L'une des législations-clés, devait ajouter M. Ozyildiz, pour comprendre la laïcité en Turquie, c'est la loi sur l'unification de l'éducation (tewhid-i tedrisat) sur des bases laïques : suppression des écoles où l'on enseignait la religion et celles qui étaient organisées sur des principes religieux. L'émancipation des femmes avait aussi sa place dans ce système de même qu'une loi régissant les partis politiques et imposant, à travers une réglementation appropriée, le respect de la laïcité dans la formation et le fonctionnement de ces partis.
L'ambassadeur devait terminer en soulignant que la Turquie d'aujourd'hui cherche à « élargir les limites des libertés démocratiques et les négociations avec l'Union européenne entamées en 2005 l'aident à garder la proue ».
On peut lire l'intégralité de l'exposé de l'ambassadeur de Turquie sur le site du rassemblement : www.fbdl.globaladvocacy.com
« Bien des progrès ont été réalisés en Turquie en presque 90 ans d'exercice de la laïcité », a affirmé Inan Ozyildiz, ambassadeur de Turquie au Liban, lors d'une table ronde organisée par le rassemblement « Pour un Liban meilleur et différent » sur le thème : « L'expérience turque de la laïcité et sa possible application dans un contexte multiconfessionnel comme celui du...
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