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Liban - Décryptage

Le rapprochement russo-turc après la tentative de putsch

Avec l'encerclement d'Alep et l'échec (jusqu'à présent) de la contre-offensive menée par les rebelles pour desserrer l'étau autour de la ville, c'est la position turque qui reste au cœur des interrogations. La concomitance entre le coup d'État manqué en Turquie et l'offensive de l'armée syrienne et de ses alliés pour encercler Alep ne peut pas être une simple coïncidence, non seulement parce que trop de parties sont impliquées désormais dans la région, mais aussi parce que Alep est une pièce maîtresse dans les projets turcs dans la région.

 

Selon une source diplomatique arabe au Liban, le président turc Recep Tayyip Erdogan aurait commencé à sentir le vent tourner en sa défaveur lors de la réunion tripartite à Téhéran qui a regroupé les ministres de la Défense russe, iranien et syrien il y a près de trois mois. C'est à partir de cette date que le président turc aurait décidé de modifier sa politique dans le sens d'une ouverture en direction de Moscou et de Téhéran. Son obsession est la suivante : Erdogan craint qu'à la faveur d'une offensive russo-syrienne dans le nord de la Syrie, les Kurdes considérés comme les alliés des Américains et qui participent activement à la guerre contre Daech obtiennent l'autorisation de former un État à la frontière de la Turquie. Ce qui est totalement inacceptable pour les Turcs. Erdogan a donc décidé de céder aux conditions posées par la Russie pour rétablir les relations avec ce pays et, en même temps, il a allégé son opposition à l'égard du régime syrien et de son président.

 

(Pour mémoire : Le putsch raté aura-t-il des conséquences sur la politique étrangère turque dans la région ?)

 

C'est dans ce contexte politique nouveau qu'a eu lieu la tentative de coup d'État contre lui et son régime. Selon les informations révélées par la source diplomatique arabe au Liban, Erdogan aurait été alerté par les Russes sur la possibilité d'un coup d'État contre lui, par le biais de son gendre, qui est ministre de l'Énergie et très proche des Russes. Selon les mêmes informations, la CIA aurait aussi eu vent des préparatifs militaires contre lui, mais elle lui aurait donné l'information bien après les Russes. Erdogan a pris la nouvelle très au sérieux, non seulement par crainte d'être renversé, mais aussi pour éviter que dans le désordre qui devrait suivre les développements militaires, les Kurdes ne déclarent leur autonomie. Il a donc aussitôt donné ses instructions à son chef des services de renseignements, Fidan Haqqan, qui a préparé un plan de contre-attaque pour permettre au régime turc de se débarrasser de tous ses opposants dans le cadre de la mise en échec du coup d'État.

 

Ayant appris que le régime turc préparait sa contre-attaque, les putschistes auraient donc avancé le rendez-vous de leur opération, se voyant contraints de l'exécuter avant la tombée de la nuit et leur projet a donc lamentablement échoué, ouvrant la voie à une vague d'arrestations impressionnante, de mises à l'écart et de mutations au sein de l'armée, la justice et même dans les médias. La suite, on la connaît, mais l'élément nouveau dans cette approche, c'est donc le rôle des Russes dans l'échec du putsch, qui a montré que le rapprochement entre Poutine et Erdogan n'est ni superficiel ni passager. Il constitue la base d'une nouvelle donne régionale, dont les conséquences sont déjà perceptibles sur le terrain syrien.

 

(Pour mémoire : La réconciliation russo-turque peut-elle changer la donne en Syrie ?)

 

Cette nouvelle donne se résume en Syrie par deux éléments : le premier est un désengagement progressif de la Turquie à l'égard des groupes rebelles, qui a sans doute favorisé l'avancée du régime syrien et de ses alliés dans le nord du pays, sans parler aussi de l'avancée des forces démocratiques (les combattants kurdes alliés aux États-Unis) dans la région de Manbij. Quant au second, il consiste au contraire en un engagement de plus en plus grand de la Russie dans la guerre en cours. Selon la source diplomatique arabe précitée, les Russes auraient ainsi introduit ces derniers temps des armes sophistiquées en Syrie, dont un avion de surveillance très performant.

 

(Pour mémoire : Entre Ankara et Washington, « it's complicated ! »)

 

De plus, avec l'armée syrienne, ils auraient accompli une opération ultrasophistiquée, derrière les lignes ennemies, contre le nouveau chef de Jaych el-islam (le premier chef, Zahran Allouche, avait été tué en 2015, alors que les Saoudiens le considéraient comme le chef de la délégation de l'opposition qui devait entamer des négociations avec le régime à travers l'Onu ; homme des Saoudiens, il était appelé à prendre la tête de l'opposition syrienne et sa mort a été une grande perte pour celle-ci), Abou Hammam el-Bouaydane. Ce dernier a été grièvement blessé au cours de l'attaque et il est actuellement soigné dans un hôpital jordanien.

L'opération a fait de nombreux morts dans les rangs des rebelles et elle est le fruit d'un plan audacieux qui confirme l'implication russe dans les développements en Syrie. Elle montre aussi que le régime et ses alliés ne se contentent plus de mener des combats traditionnels, mais exécutent des attaques loin de leurs lignes de défense. Dans ce contexte, et toujours selon la source diplomatique arabe au Liban, le changement dans le rapport des forces sur le terrain en Syrie est irréversible, en dépit des annonces sur l'imminence d'une contre-offensive autour d'Alep ou dans le sud du pays.

 

 

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commentaires (2)

La connivence en marche. ...hahahhahha. .. Les turcs sont téméraires mais pas fous. ...

FRIK-A-FRAK

15 h 23, le 03 août 2016

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Commentaires (2)

  • La connivence en marche. ...hahahhahha. .. Les turcs sont téméraires mais pas fous. ...

    FRIK-A-FRAK

    15 h 23, le 03 août 2016

  • haha qu'est ce que je rie ... ah mais qu'est ce que je rie !! juste envie de voir la tete de quelques moutons moumana3iste ... apres avoir sanctifier poutine haha !!

    Bery tus

    03 h 52, le 03 août 2016

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