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Liban - Animaux

Comment sauver les fauves dans un pays de prédateurs

L'association Animals Lebanon a lancé hier, avec le ministère de l'Agriculture, une campagne pour mettre un frein au trafic incontrôlé des grands félins au Liban.

Les lionceaux et autres bébés félins sont souvent vendus comme animaux exotiques à des particuliers, sans égard pour leur bien-être. Photo AL

Ils seraient, selon les estimations de la société civile, de 20 à 30 grands félins – lions, tigres, léopards, guépards, jaguars... – à vivre en captivité au Liban, dans l'attente d'une mort aussi prématurée que certaine. Une partie vit dans les zoos, d'autres dans un cirque, mais ceux qui risquent le plus ont été acquis en tant qu'« animaux domestiques » par des particuliers. Entre les mains d'amateurs qui n'y connaissent rien à la vie sauvage, ces animaux, acquis durant leur plus jeune âge, sont voués à des soins inadéquats, sans compter qu'ils pourraient être, bien malgré eux, une menace pour la sécurité publique. À l'instar de Queen, l'héroïne tragique d'une vidéo que fait circuler actuellement Animals Lebanon (AL) : une lionne récupérée à cinq mois par les défenseurs d'animaux et qui, trop malade et incapable de marcher, a dû être euthanasiée à un an à peine.

C'est pour sauver ces félins et contenir le phénomène de leur propagation au Liban qu'AL et le ministère de l'Agriculture ont lancé hier une campagne fondée sur l'adoption d'une décision ministérielle qui interdit leur maintien dans les maisons comme « animaux domestiques ». Cette décision visera aussi à s'assurer que les zoos respectent les standards minimum (sous peine d'être fermés) et permettra clairement de confisquer les grands félins vivant dans de mauvaises conditions (pour être envoyés dans des sanctuaires à l'étranger).
Une conférence de presse conjointe a été donnée par le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, et Lana el-Khalil, présidente d'AL. Celle-ci a annoncé le lancement de la campagne, dont on pourra consulter la teneur sur le site d'Animals Lebanon.

Lana el-Khalil a présenté cette campagne comme celle de « la dernière chance », expliquant que la situation reste gérable tant que les estimations de l'association parlent de 20 à 30 grands félins retenus, souvent, dans de mauvaises conditions au Liban, mais qu'elle ne le serait plus si ce nombre augmentait. Elle a souligné qu'une mort certaine attend ces animaux qui sont faits pour vivre dans leur milieu naturel. « Ces jeunes félins parviennent sur le marché à partir de deux sources principales : d'une part, ils peuvent être le résultat de la reproduction en captivité dans les zoos (qui les revendent apparemment), et d'autre part, ils proviennent de la contrebande d'au-delà les frontières », précise la militante. Elle ajoute que des « clients » payent jusqu'à 10 000 dollars pour acquérir un bébé félin.

(Pour mémoire : Un husky sauvé par Beta et... par le ministère de l'Agriculture)

 

Interdits dans les maisons
À L'Orient-Le Jour, Lana el-Khalil précise que la décision a déjà été approuvée par le ministère de l'Agriculture et qu'elle en est aux derniers stades avant l'application. Elle rappelle que l'association s'est déjà occupée de sept cas de félins en captivité, arrachés à de mauvaises conditions et, le plus souvent, envoyés à des sanctuaires à l'étranger.

La présidente d'AL met en avant plusieurs avantages qui, dorénavant, faciliteront l'implication de l'association dans le sauvetage de ces bébés félins. « D'une part, le Liban a ratifié la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) qui stipule, entre autres, que l'entrée de grands félins dans un pays doit être signalée officiellement (étant donné que ces espèces sont protégées), dit-elle. Jusque-là, aucun des félins présents au Liban ne l'a été. D'autre part, nous attendons la décision ministérielle dont le texte a été préparé avec le concours de l'avocate de l'association. » Et d'ajouter : « Cette décision stipulera que les espèces de grands félins ne peuvent être conservés que dans deux genres d'endroits : des zoos ou refuges qui respectent la loi, ou des centres d'accueil. Donc pas dans des maisons, des zoos illégaux ou des pet shops. »

La présidente d'AL rappelle qu'une loi pour la protection des animaux a déjà été transférée par le Conseil des ministres au Parlement. « Parce que ce projet de loi est déjà au Parlement, nous avons pu inclure certains de ses articles dans la déclaration ministérielle, ce qui nous permet, entre autres, de définir ce qu'est la maltraitance animale et d'agir en conséquence », dit-elle.

(Pour mémoire : Tortionnaire de chien : des associations veulent porter plainte)

 

Des risques sur la sécurité et la santé publique
Pour sa part, Akram Chehayeb a énuméré tous les efforts déjà prodigués par le ministère de l'Agriculture en vue d'obliger les propriétaires de grands félins à en notifier le ministère, soulignant que celui-ci a souvent utilisé tous les moyens légaux pour les confisquer en cas de besoin. Il a salué la coopération avec AL et affirmé son engagement dans l'application de la future décision. Il a fustigé, au passage, « la mentalité qui recherche l'acquisition d'animaux exotiques, en dépit du bon sens ».

Rana Saghieh, avocate d'AL qui a participé à l'élaboration du texte de la décision, précise à L'OLJ que les propriétaires des grands félins devront donner des indications précises sur leur nombre, sur les espèces auxquelles ils appartiennent et sur les modalités de leur introduction au Liban. « L'introduction de ces grands félins a une incidence sur la société et peut représenter des risques sur la sécurité et la santé publique », précise-t-elle.
Cette décision prévoit-elle des mesures d'action pénale contre ceux qui introduisent de tels animaux illégalement? « Il faut attendre que les propriétaires des animaux présentent leurs documents au ministère pour mieux cerner les cas, répond-elle. Cela permettra déjà la saisie des félins en cas d'abus, ou l'amélioration de leurs conditions de vie au besoin. En ce qui concerne les mesures légales, il faut rappeler que la non-application d'une décision ministérielle est en soi un crime, passible de peines de prison. »

 

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