Tortionnaire de chien : des associations veulent porter plainte

L'homme est jeune, il est en tenue d'intérieur. Le lieu semble être une pièce dans un immeuble en chantier. Un petit chiot crie et se débat comme il peut : il a les deux pattes avant attachées au mur en forme de croix. Le garçon, visiblement fier de lui, arbore un sourire détendu en battant le chien... Les scènes sont intolérables.
La vidéo, tournée à Zrariyé, un village du caza de Saïda-Zahrani, a choqué des milliers d'internautes et mobilisé les organisations de protection des animaux, qui s'apprêtent à porter plainte. Selon les informations de Sevine Fakhoury de Beta, le procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, a demandé qu'une enquête soit ouverte et que le jeune homme en question soit interrogé.

Aucune information fiable sur le sort du chien n'est disponible : une version non confirmée le donne pour mort. Une association pour la protection des animaux, Animals Pride and Freedom (Apaf), a bien annoncé avoir secouru le chiot, mais il semble que l'animal récupéré ne soit pas le même que celui qui a été vu sur la vidéo. Bien qu'il n'y ait aucune certitude à ce propos, Apaf a annoncé sur sa page Facebook qu'elle faisait examiner le chiot par un vétérinaire et par les autorités pour déterminer s'il s'agit du même animal, ajoutant qu'une déclaration officielle sera faite en temps dû. L'association précise quand même que le chiot qu'elle a récupéré avait bel et bien subi des sévices.

Quoi qu'il en soit, deux associations de protection des animaux, Animals Lebanon et Beta, comptent porter plainte conjointement contre le tortionnaire. Jason Miers, directeur exécutif d'Animals Lebanon, explique à L'Orient-Le Jour qu'une plainte devrait être présentée au procureur général. « Le problème est que, suivant les lois actuelles, il n'y a pas de chef d'accusation pour cruauté contre les animaux, dit-il. Nous allons probablement devoir porter plainte pour atteinte aux bonnes mœurs ou incitation à la violence, mais nous explorons toutes les possibilités. » Rappelons qu'un projet de loi pour la protection des animaux a été voté récemment par le Conseil des ministres, mais qu'il n'a pas encore été adopté au Parlement.

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« Ce n'est qu'un chien »
Sevine Fakhoury, de Beta, pense que l'enquête ouverte avec le tortionnaire devrait pouvoir déterminer le sort du chien. « Il faut savoir que l'acte semble avoir été pensé, médité, dit-elle. Une volontaire qui milite pour la protection des animaux s'est rendue à la maison du jeune homme à Zrariyé. Selon elle, il lui a répondu qu'il " blaguait " avec le chien. Et puis, excédé par les questions, il lui a lancé : Ce n'est finalement qu'un chien. »
Selon Sevine Fakhoury, qui dit s'être documentée sur le sujet, un tel comportement de cruauté envers un animal chez un adulte est inquiétant et pourrait être un signe de pathologie. D'autant plus que l'acte n'est pas isolé, de tels cas se multiplient récemment. « Nous avons bien peur qu'il ne s'agisse d'une montée de violence », dit-elle.
« En tant qu'organisation, nous nous occupons simplement du bien-être des animaux, nous n'avons pas de jugements à porter sur le comportement de ceux qui les torturent ou sur leur état mental, souligne pour sa part Jason Miers. Toutefois, je vous dirai simplement que j'éviterais personnellement d'approcher un homme capable d'une telle cruauté envers un animal. »

Interrogée sur son avis concernant un tel comportement, Viviane Touma, psychologue clinicienne et professeur d'université, déclare qu'il est difficile de juger d'un cas pareil quand on ne connaît pas le principal concerné. Elle penche cependant pour deux suppositions : soit il s'agit d'un pari, d'une volonté de choquer quelqu'un, soit l'homme en question se rebelle contre quelque chose. Dans les deux cas, selon elle, l'incident indique une « fragilité psychique » chez l'individu. À la question de savoir si le tortionnaire du chien est potentiellement dangereux pour les autres, elle estime que ce n'est pas nécessairement le cas, mais qu'il pourrait souffrir d'une névrose résultant d'un déséquilibre entre le moi, le surmoi et le ça, quand le surmoi n'arrive plus à rétablir l'équilibre entre les trois composantes de l'appareil psychique.

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