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Cinema- - Rencontre

« Bil Halal », ou l’amour dans tous ses états

Après Dubaï, Rotterdam, Sundance ou la Transylvanie, le film d'Assad Fouladkar est dans les salles beyrouthines. Bil Halal ou Halal Love fait sourire, pleurer et surtout réfléchir.

Assad Fouladkar lors de la projection de son film en Allemagne.

Après des études d'arts scéniques à l'Université de Boston, Assad Fouladkar fait son master de théâtre et repart travailler en Australie. Il reviendra au Liban en 1995 et y reste. Un parcours libre, des travaux au gré des émotions, dans lequel il réserve une grande place à l'écriture. « Tout travail artistique commence par un papier et un crayon. Il faut écrire, et toujours écrire. » C'est ce que conseille Fouladkar aux étudiants de la LAU où il enseigne la réalisation et l'écriture de scénarios.
Après son film de fin d'études Kyrie-Eleyson qui remporte 13 prix internationaux et est finaliste à la sélection pour l'oscar du meilleur film étudiant, et quelques séries télévisées, le jeune réalisateur se lance, en 2001, dans son premier long métrage Lamma Hikit Mariam (Quand Mariam s'est dévoilée), qui remportera de nombreux prix au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis, et qui sera présenté à l'Académie des oscars. Une histoire d'amour abordant les coutumes, les qu'en-dira-t-on et les préjugés qui emprisonnent l'être humain, jusqu'à parfois le rendre fou. Ce film sensible, ancré dans le réel du monde arabe, interprété par Bernadette Hodeib et Talal al-Jurdi, était teinté d'une touche dramatique.

Une joyeuse farandole...
Quinze ans plus tard, l'auteur cinéaste reprend les mêmes thèmes, dans la société islamique, et raconte l'histoire de trois couples pratiquant leur religion qui font face à la réalité du mariage et du divorce. « Mon but n'est pas de critiquer la religion, je ne me le permettrai pas mais de montrer comment les coutumes établies par les structures religieuses finissent par miner et user la personne. Si les Libanais évoluaient dans un cadre laïc , tous ces problèmes conjugaux ou autres n'auraient pas surgi et n'auraient pas défait les relations humaines. »
Produit par Sabbah Films et Razor Films, Bil Halal ou Halal Love raconte les destins croisés d'hommes et de femmes qui vivent leur amour et leur désir, sans entraver les lois de l'islam. Il brosse le portrait de trois couples de différentes tranches d'âge. Dans le premier, il s'agit d'un mari jaloux, qui commet chaque fois des esclandres en public en se permettant de répudier sa jeune femme qu'il adore et qu'il supplie par la suite de tout oublier et de revenir à la maison. Dans le deuxième couple « normal » avec deux petites filles, la femme, qui souffre de l'appétit sexuel de son mari, recrute une deuxième femme pour l'aider à satisfaire cet époux trop aimant. Enfin, la troisième histoire s'articule autour de Loubna, interprété par Darine Hamzi, fraîchement divorcée, qui peut enfin se marier avec son véritable amour, mais seulement à court terme, puisque lui est encore marié. Tout ce petit monde évolue dans le même quartier et parfois le même immeuble. Un joyeux tableau d'amour, de querelles, de jalousie et de vociférations, narré parfois par la voix innocente des enfants. « C'est un projet qui me tenait à cœur, confie Assad Fouladkar. D'ailleurs, j'ai mis beaucoup de temps à l'écrire. C'est après l'avoir fait lire à Sadek Sabbah que je me suis rendu compte que le film pouvait atteindre un public international. Le producteur l'adopte immédiatement mais s'associe par la suite avec la boîte de production allemande Razor Films. »

Pour histoires fictives, personnages réels
« Ni une fiction ni une biographie, mais des récits bien inspirés du réel. Je me suis nourri de mes souvenirs d'enfance », dit le réalisateur. Et de poursuivre avec un petit sourire : « Les femmes musulmanes, bien que voilées, ont le verbe haut et ne se privent pas de raconter des histoires intimes devant les enfants – ce sont d'ailleurs elles qui font la pluie et le beau temps dans le ménage. J'étais donc, à l'instar des petites filles du film, à l'écoute de tous ces ragots que j'ai appris à mettre plus tard sur papier. »
Quant aux acteurs, pas de Brad Pitt ni de George Clooney chez Fouladkar, mais des personnages (parfois non professionnels) trempés dans la réalité avec des défauts autant physiques que moraux. C'est ce qui rend le film réaliste et accessible. Nul drame non plus chez le metteur en scène qui a su aborder ce sujet si sensible sous la forme d'une comédie avec un zeste d'humour, une pincée de sarcasme et, cerise sur le gâteau, un regard chargé de tendresse, qui fait qu'on aime les films d'Assad Fouladkar.

Après des études d'arts scéniques à l'Université de Boston, Assad Fouladkar fait son master de théâtre et repart travailler en Australie. Il reviendra au Liban en 1995 et y reste. Un parcours libre, des travaux au gré des émotions, dans lequel il réserve une grande place à l'écriture. « Tout travail artistique commence par un papier et un crayon. Il faut écrire, et...

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