Tous les espoirs sont placés dans la prochaine conférence du dialogue, prévue les 2, 3 et 4 août prochain, avec pour seul objectif de débloquer, d'une manière ou d'une autre, la crise institutionnelle.
Tout le monde s'y accorde : cette rencontre marathonienne serait la « dernière cartouche » pour trouver une issue de sortie au nœud gordien de la vacance présidentielle, mais aussi des élections parlementaires, une troisième prorogation du mandat de l'Assemblée étant désormais irrecevable. Cela voudrait dire qu'en cas d'échec de cette rencontre, les protagonistes politiques devront assumer la responsabilité d'avoir poussé le pays un peu plus vers le gouffre et dans l'incertitude la plus totale.
C'est d'ailleurs dans les termes les plus virulents que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a tancé hier la classe politique, traitant les responsables de « ratés » et d'« incapables ». « Les députés nous ont privés d'un président et ont ouvert grandes les portes devant le chaos et la corruption », a-t-il sifflé. Le prélat maronite ne faisait que refléter la lassitude générale ressentie dans le pays que la classe politique, dans toutes ses composantes, ne peut plus ignorer.
Il reste à voir comment les dossiers figurant à l'ordre du jour du prochain dialogue – dont la présidentielle, la loi électorale et la redynamisation conséquente des institutions – seront examinés, et dans quel ordre de priorité.
À ce jour, la discussion byzantine, entre la « présidentielle d'abord » (position que ne cesse de réitérer le 14 Mars) et la primauté des élections parlementaires qui supposent une entente sur la loi électorale à adopter, se poursuit, du moins dans les discours publics. Si les parties décident de camper sur leurs positions, cela signifierait que le dialogue se dirige d'ores et déjà vers un échec cuisant. Or, les efforts déployés récemment, localement et internationalement par le biais de la diplomatie française, pour débloquer la présidentielle, n'ont rien donné à ce jour. Reste donc l'issue d'une entente forcée autour d'une loi électorale qui puisse satisfaire tout le monde, une ambition difficilement imaginable au Liban, du moins, pour l'instant.
(Pour mémoire : Pour Ayrault, le Hezbollah ne peut pas tout bloquer, il faut agir vite et d'une manière forte)
Flexibilité relative
C'est donc dans cette direction que lorgne le président du Parlement, Nabih Berry, qui, selon l'un de ses proches, espère parvenir à une formule susceptible de « contenter » les forces du 14 Mars pour les convaincre de la nécessité de s'engager dans la consultation parlementaire d'abord, pour élire immédiatement après un président. « La loi électorale est la clé », commente un proche de M. Berry, qui laisse entendre qu'un éventuel accord autour de la formule mixte (la proportionnelle combinée au système majoritaire) ou d'une formule proche pourrait servir à débloquer la situation et sortir de l'impasse. Ce serait l'un des scénarios envisageables, à moins de revenir à la loi de 1960, concoctée en 2008 à Doha, précise la source.
Or, soutient une source du Hezbollah, « l'expérience de cette loi qui avait été faite à la juste mesure des uns et des autres ne s'est pas avérée réussie ». « On ne peut pas envisager une loi électorale avec la calculette en main », ironise la source, préconisant des « critères unifiés » qui doivent être adoptés. Tout en reconnaissant que pour l'heure, aucun progrès n'est perceptible, cette source n'écarte pas cependant la possibilité de voir se dégager une solution qui pourrait être le projet de loi basé sur la proportionnelle avec un découpage du Liban en 13 circonscriptions, présentée par le gouvernement de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati.
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Le temps presse et tout le monde en est conscient. Il s'agit pour l'heure de la seule certitude qui s'est traduite « par une volonté générale, chez l'ensemble des parties, de faire preuve de bonne volonté et d'une flexibilité relative ».
C'est en tous les cas dans cette direction que vont verser les efforts du président de la Chambre au cours des deux semaines à venir, et ce dès demain à l'occasion de la tenue du trente et unième round de « minidialogue », cette fois-ci, entre le courant du Futur et le Hezbollah. Une rencontre que présidera Nabih Berry à Aïn el-Tiné, avec la présidentielle à l'ordre du jour et les moyens de brider les tensions confessionnelles dans le pays. Les discussions pourraient aussi bien englober la loi électorale, confirme le député du bloc du Futur, Samir Jisr, qui sera présent à la rencontre.
Ce dernier a d'ailleurs saisi l'occasion pour réaffirmer le « refus, lors du dialogue prochain, de tout accord global qui serait lié à la présidentielle car il risque de créer un précédent ». Ce à quoi une source du mouvement Amal répond : « Mais il n'a jamais été question d'un accord global ou d'un panier quelconque. Les questions figurant à l'ordre du jour sont claires et ont été approuvées par l'ensemble des parties. »
Bref, le jeu des nuances sémantiques se poursuit et chacune des parties tente de consolider ses positions avant le jour J, où se feront les marchandages ultimes en vue d'un règlement. Ou pas.
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commentaires (11)
LE MORT EST MORT... MAIS LE PEUPLE PEUT FAIRE LE MIRACLE DE SA RESURRECTION...
LA LIBRE EXPRESSION
08 h 48, le 20 juillet 2016