Joyeux anniversaire les cornus ! La guerre de juillet 2006 nous avait ramenés 30 ans en arrière. Dix ans ont passé déjà. Courage, il ne nous reste plus que 20 autres seulement à rattraper. Et 10 ans, ça se fête : on appelle cela les noces d'étain. Pour le reste, on n'attend plus que les années de plomb fondu.
Quelque 1 200 tués fauchés par les bombes, 3 000 blessés, handicapés à vie pour certains, un million de déplacés casés dans des abris de fortune, nos ponts pulvérisés, nos routes défoncées, nos villages transformés en parking, les Hébreux nous enfonçant à plus de 30 kilomètres... Et ça, ce n'était que la partie divine de la victoire. Son aspect païen, lui, est passé par pertes et profits.
Transformer une dérouillée militaire en triomphe politique est pourtant une marque déposée du monde arabe. Le truc avait déjà réussi à l'Égyptien Gamal Abdel en 1967, au Palestinien Yasser à Rien en 1982, puis à l'Irakien Saddam le Tikriton en 1991. Le concept est enfantin : un, tu te prends une décharge mémorable ; deux, tu quémandes un cessez-le-feu ; trois, tu fais le V de la victoire sur un tas de ruines au milieu d'un pays fumant.
Il n'y a qu'en Syrie où le Tyranneau au pouvoir est en train d'expérimenter une nouvelle méthode. Le peuple ne veut plus de lui ? Qu'à cela ne tienne, il s'emploie à changer de peuple... à coups de barils d'explosifs.
Mais l'essentiel est ailleurs : il suffit à chaque fois que le chef de l'épisode guerrier en sorte personnellement indemne pour qu'on chante ses louanges et lui tresse des lauriers. Ce qui est facile, puisqu'il est généralement calfeutré sous terre pendant que ses sous-fifres vont au casse-pipe. À partir de là, bien sûr, plus rien n'empêche de festoyer.
En somme, plus on se casse la gueule, plus il y a de l'espoir. De raclée en raclée... jusqu'à la victoire finale !
gabynasr@lorientlejour.com
Noces d’étain
OLJ / Par Gaby NASR, le 15 juillet 2016 à 00h00
commentaires (4)
Comme les crabes, ils avancent à reculons !
Un Libanais
12 h 28, le 15 juillet 2016