Saad Hariri et Samir Geagea réunis à la Maison du centre en présence de Ghattas Khoury et Melhem Riachi. Photo archives
La rencontre entre le président des Forces libanaises, Samir Geagea, et le chef du courant du Futur, le député et ancien Premier ministre Saad Hariri, autour d'un souhour mercredi soir à la Maison du Centre, a suscité des interrogations sur une éventuelle normalisation des rapports entre les deux parties dont la relation est perturbée depuis des mois du fait de leur désaccord sur l'élection présidentielle.
Aoun... ou la constituante ?
Des sources bien informées ont indiqué hier à L'Orient-Le Jour que la discussion entre MM. Geagea et Hariri a principalement porté sur l'échéance présidentielle et les élections législatives prévues en 2017. Selon ces sources, « le président des FL est convaincu que la présidentielle est bloquée par l'Iran. Il a donc essayé de convaincre Saad Hariri d'appuyer la candidature du député Michel Aoun à la présidence de la République, puisque c'est le seul moyen, selon lui, de mettre le Hezbollah au pied du mur et de le pousser à participer aux séances électorales, sachant que Aoun, contrairement à Sleiman Frangié, serait prêt à débloquer le scrutin présidentiel, même sans le Hezbollah, s'il obtient l'appui du Futur et de Walid Joumblatt ». Ce point aurait d'ailleurs été discuté lors d'une réunion que MM. Geagea et Joumblatt ont tenue au domicile du député Nehmé Tohmé, avant l'entretien du leader des FL avec M. Hariri à la Maison du Centre.
Les sources précitées relèvent dans ce cadre que Samir Geagea craint fortement que l'option d'une assemblée constituante, que souhaite le Hezbollah, ne devienne un fait accompli si un président n'est pas élu avant les législatives du printemps 2017. Et la même source d'ajouter : « M. Geagea estime que le chef de l'État devrait être élu dans un délai de 4 à 5 mois, avant que le pays ne s'engage dans la phase précédant les législatives. Et pour cause, si un accord sur une nouvelle loi électorale n'est pas conclu, les prochaines élections déboucheront sur un Parlement similaire à la Chambre sortante. Tout cela risquerait de générer un nouveau blocage de la présidentielle, doublé d'un gouvernement démissionnaire, ce qui pourrait ouvrir grand la voie à une constituante, cette dernière étant une menace grave pour la Constitution et l'accord de Taëf », ajoutent ces sources.
Elles font par ailleurs savoir que la rencontre Hariri-Geagea a débouché sur « un accord sur l'importance de préserver l'accord de Taëf et de maintenir l'entente entre leurs formations en vue d'atteindre cet objectif ». Les deux hommes ont également réitéré leur attachement aux options stratégiques fondamentales pour lesquelles ils se sont battus ensemble au sein du 14 Mars depuis dix ans. Et dans ce cadre, ils estiment que l'axe FL-Futur doit jouer le rôle du gardien du temple, ou plus précisément du gardien de la République et de l'accord de Taëf.
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« Le désaccord persiste »
C'est d'ailleurs l'opinion privilégiée par le député Ahmad Fatfat (courant du Futur), qui estime que « le souhour de la Maison du Centre prouve qu'une alliance stratégique existe entre les deux partis ». À L'OLJ, M. Fatfat indique que « Samir Geagea et Saad Hariri ont réitéré leur attachement à la proposition de loi électorale mixte que leurs deux formations ont présentée (avec le Parti socialiste progressiste) ». « Il y a un rapprochement entre le Futur et les FL, en dépit du désaccord au sujet de la présidentielle, et les réunions entre nos deux partis se poursuivront », ajoute-t-il. Et M. Fatfat de souligner : « Nous sommes toujours attachés à nos positions respectives concernant la présidentielle (les candidatures de Michel Aoun et Sleiman Frangié), mais nous savons que la clé de la solution est en Iran. »
Pour le conseiller politique de M. Geagea, le général à la retraite Wehbé Katicha, « la rencontre n'a pas modifié les positions de MM. Geagea et Hariri concernant la présidentielle, mais les deux leaders sont toujours d'accord sur les stratégies à adopter, ainsi que sur plusieurs dossiers stratégiques, dont celui des armes du Hezbollah ». « Nous avons essayé de convaincre le chef du courant du Futur de soutenir la candidature de Michel Aoun pour mettre fin à la vacance présidentielle », indique le général Katicha à L'OLJ, avant d'ajouter : « La solution au dossier de l'élection présidentielle n'est plus au Liban. Nous nous occupons des affaires intérieures, en attendant la décision iranienne de débloquer l'échéance. »
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Un lien avec Qaa ?
Il reste que des sources bien informées lient la rencontre entre Samir Geagea et Saad Hariri aux derniers attentats de Qaa. Selon ces sources, le président des FL a demandé à voir Saad Hariri au lendemain des attaques qui ont incité certains villageois à porter des armes, et à la mise en place de checkpoints de certains partis. Les sources précitées ont expliqué à L'OLJ que « le président des FL, en allant à la rencontre de son principal partenaire sunnite, a voulu montrer que sa formation inscrit son action dans un périmètre national et non strictement communautaire, et qu'elle appuie l'autorité étatique et s'oppose au phénomène d'autosécurité, en dépit des réflexes et des réactions spontanées provoquée par les attentats qui ont semé la panique dans les rangs de la population civile ».
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IL Y MANQUE... LE PARTENAIRE !!! LA LOGIQUE DIT QUE... SEULS... VOS PAROLES ET SOUHAITS SERAIENT : DU VENT !!!
20 h 07, le 03 juillet 2016