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Nos Lecteurs ont la Parole - Noura METRI

Ignorance et corruption académiques

Depuis la fin de l'année dernière, les professeurs des lycées ou collèges se précipitaient pour présenter le concours officiel de « Majless el-khdemeh », tant attendu depuis la dernière session de 2008, le seul encore dans ce pays qui est censé être sans piston ou corruption. Il est fondé sur la base de l'efficacité, les compétences des candidats et à l'écart du principe sectaire de parité. Il va leur offrir un ticket de passage à la fonction publique (le Graal libanais qui est encore une valeur sûre), c'est-à-dire une possibilité d'avoir une vie respectable (en quelque sorte) et donnant accès à la sécurité sociale, un salaire fixe tous les mois et surtout une retraite en fin de carrière.
Je vais, plus particulièrement, discuter le cas des sciences dures (biologie et chimie) car, contrairement aux sciences humaines, la subjectivité ne rentre pas en jeu.
Voici les résultats qui tombent et bien sûr, cela ne correspond en rien au principe des compétences. Pourquoi ?
C'est vraiment tout simple: des énoncés niveau master alors qu'on a demandé niveau licence pendant les inscriptions. Une épreuve de culture générale dans le domaine des ressources humaines alors que les candidats s'attendaient à un sujet qui touche plus leur domaine. Des candidats qui sortent de l'examen au bout d'un quart heure (sachant que pour finir l'énoncé, il vous faut au minimum 3 heures de travail acharné) et, surprise, ils sont classés dans le top 5. D'autres qui ne viennent absolument pas et réussissent aussi (je trouve que c'est vraiment le comble). Un refus du Conseil public de donner le droit aux candidats de consulter leurs copies respectives (quand on est sûr et confiant du travail effectué, on n'aura rien à cacher et c'est à se demander s'il reste vraiment de copies à voir !).
Le scandale publié récemment dans la presse montrant les professeurs qui « prétendent » avoir corrigé les épreuves de biologie et chimie, avec les copies déchirées et éparpillées sous leurs pieds (sachant que les téléphones portables sont interdits lors des corrections). Ce qui soulève plusieurs questions sur l'admissibilité de la commission et le secret imposé ! Sans parler des différentes fautes dans les énoncés, l'absolu refus de les corriger pendant les examens, le stress du contrôleur général, le désordre dans les salles d'examen et la façon de traiter les candidats sans piston (à vrai dire plus de 90 % d'entre eux). Les discussions entendues en sortant de l'examen de type « yalla, mara'aneha » en bon français « voilà, on l'a fait passer » (le mot fétiche typiquement libanais pour montrer le pouvoir de son piston), « même si elle n'est pas vraiment compétente ou pédagogue, propos suivis par « elle est juste venue signer ! » Ou « khalass, il est dans la liste gagnante « (Ah bon, je ne savais pas que les résultats tombaient avant les épreuves !)
Ont-ils vraiment corrigé ? Est-ce que le favoritisme et le piston ont atteint le Conseil à ce point-là ? Qu'en est-il du niveau des professeurs admis ?
Croyez-vous que le niveau académique qui régresse d'année en année va ainsi s'améliorer ? Pourquoi ne laisse-t-on pas ce domaine loin de la pollution administrative qui tue le Liban depuis bien des années ?
Pourquoi ne donne-t-on pas aux jeunes compétents l'opportunité de bâtir une meilleure société (tout est relatif mais en tout cas, par rapport à celle de maintenant)? Tant de rêves de candidats se sont effondrés et avec eux l'espoir d'avoir un seul travail leur évitant ainsi l'accumulation de deux, voire trois boulots pour finir la fin du mois. Une fois de plus, le piston a joué un rôle important et ce concours était joué d'avance. C'est bien une belle mascarade et une illusion donnée, histoire de soigner la position du pseudo-État et masqué la corruption jusqu'à l'os de ce système. C'est bien loin des concours français où la transparence règne et la compétence prime.
Ce qui est vraiment rageant est le fait de placer les mauvaises personnes à la bonne place et leur donner un pouvoir et une vie décente au regard d'un pays qui souffre et agonise. Une poignée de personnes qui vont enseigner à nos enfants, les acteurs du futur et la base de la société. Et moi qui cherchais encore un espoir, un seul espoir que mon pays s'améliore, même si c'est minime, mais ça sera une amélioration. Je ne sais plus s'il faut en rigoler à force d'accumuler les souffrances dans ce pays ou en pleurer. Ni l'un ni l'autre ne servira, je pense, tant que le pouvoir n'est pas dans de bonnes mains. Émile-Auguste Chartier a dit « Tout pouvoir sans contrôle rend fou », c'est exactement ce qui arrive aux Libanais : actuellement nous sommes devenus tellement fous qu'il n'y a plus de limite !

Noura METRI

Depuis la fin de l'année dernière, les professeurs des lycées ou collèges se précipitaient pour présenter le concours officiel de « Majless el-khdemeh », tant attendu depuis la dernière session de 2008, le seul encore dans ce pays qui est censé être sans piston ou corruption. Il est fondé sur la base de l'efficacité, les compétences des candidats et à l'écart du...

commentaires (2)

DU FOLKLORE TRES LIBANAIS... DES RACINES JUSQU,AU SOMMET... BIEN HABITUEL... DANS L,ATOLL OU VOUS VIVEZ MADAME...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 07, le 24 juin 2016

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Commentaires (2)

  • DU FOLKLORE TRES LIBANAIS... DES RACINES JUSQU,AU SOMMET... BIEN HABITUEL... DANS L,ATOLL OU VOUS VIVEZ MADAME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 07, le 24 juin 2016

  • Nous sommes bien loin malheureusement des concours organisés par le Conseil de la Fonction Publique de la période du Président Fouad Chéhab,et présidée alors par Cheikh Farid Dahdah,qui en avait fait une référence institutionnelle modèle au M.O.et l'équivalent des meilleures institutions européennes et américaines aux dires de ces dernières...!

    Salim Dahdah

    08 h 10, le 24 juin 2016

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