Pourquoi utiliser des armes de pointe quand il est possible de faire autant de dégâts avec une arme bricolée et peu coûteuse ? Avec les tuyaux explosifs, l'aviation du régime de Bachar el-Assad a doté son arsenal d'une nouvelle technique redoutable, bien qu'artisanale, et bien plus destructrice que les barils habituellement largués sur les quartiers résidentiels d'Alep-Est, contrôlée par les rebelles depuis 2012.
« Nous subissons des largages de baril au quotidien, mais depuis début juin des tuyaux sont en train d'être lâchés sur plusieurs quartiers de la ville », confirme Rachid, un infirmier d'un hôpital de campagne d'Alep, contacté par L'Orient-Le Jour. Dans une vidéo mise en ligne le 11 juin sur la page Facebook de l'Agence d'information d'Alep (AMC), un engin qui n'a pas explosé a été récupéré par des habitants hagards devant cet ovni destructeur, d'apparence familière. « C'est de fabrication russe », s'écrie l'un deux en touchant le long tuyau ressemblant à une lance à incendie.
Une autre source sur place, qui a requis l'anonymat, confie à L'Orient-Le Jour que c'est par les hélicoptères de l'armée du régime que cette nouvelle arme est en train d'être larguée. « Mais elle peut également être propulsée depuis le sol par des missiles ou par des tanks, comme on a pu le constater dans un reportage de la télévision russe », explique cette source.
Initialement utilisée par l'armée russe depuis quelques années afin de faire détoner des mines, l'arme peut mesurer jusqu'à 100 mètres de long. Bourrée de TNT, de C-4 (un composé d'explosif et de liant plastique) et de pièces métalliques, le tuyau artisanal est « beaucoup moins cher que les armes traditionnelles et a une capacité de destruction plus élargie, surtout si elle est lancée d'un hélicoptère », poursuit la source anonyme.
Selon l'organisation journalistique à but non lucratif Syria Direct, ce n'est pas la première fois que le régime a militarisé cette technologie de déminage depuis le début de la guerre. Le média précise qu'en 2014, les forces du régime ont lancé des tuyaux explosifs similaires à partir d'un véhicule de déminage UR-77 (de fabrication russe) durant leur campagne de reprise du quartier de Jobar, à Damas.
(Pour mémoire : Une énième trêve à Alep mise à mal par des raids du régime)
Trente morts et des dizaines de blessés
Les quartiers de Tariq el-Bab, d'el-Sakhour, de Hanano, d'el-Missar et d'el-Qaterji, et la périphérie d'Alep ont été les cibles de cette nouvelle expérimentation meurtrière du régime qui aurait, à ce jour, causé la mort de 30 personnes et blessé plusieurs dizaines de civils.
« La plupart des blessés touchés par l'explosion de ces tuyaux en meurent ou sont amputés », explique de son côté Rachid, l'infirmier. Quand leurs blessures ne leur sont pas fatales, d'importantes brûlures sont constatées sur les victimes, notamment dues au produit plastifiant et toxique que l'armée injecte dans ces tuyaux. Les métaux insérés permettent de faire « des dégâts considérables », explique Rachid. En testant cette technique enseignée, sans équivoque, par son allié russe, Damas fait une nouvelle fois preuve d'imagination macabre. « Tout cela est la faute de la communauté internationale qui détourne le regard de ces exactions. Les raids se poursuivent alors même que le menteur Poutine avait promis un cessez-le-feu de 48h à partir du 16 juin, mais nous n'avons rien vu de tel », renchérit Rachid.
Dans un communiqué datant du 15 juin dernier, le ministère russe de la Défense a déclaré qu'un « régime de silence est entré en vigueur à Alep (...) afin de réduire le niveau de violence armée et stabiliser la situation ». Sans utiliser à nouveau le dernier legs en date de leurs partenaires russes, l'armée syrienne a pourtant continué à bombarder Alep... quelques heures après l'annonce du cessez-le-feu.
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“On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut.” Nicolas Machiavel De Nicolas Machiavel / Le prince La barbarie dépasse tout entendement Le petit Hitler paiera un jour ou l'autre ses crimes La Russie est devenue complice de ces massacres et des inventions diaboliques pour tuer. Hitler n'aurait pas agi mieux
FAKHOURI
10 h 26, le 22 juin 2016