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Culture - Livres

Au cœur de Beyrouth, Meedo Taha plante les arbres du mal

Meedo Taha jongle avec ses casquettes et marche en équilibre sur le fil des mots. Architecte, réalisateur, auteur, il a planté ses racines entre Los Angeles et Beyrouth, en passant par Tokyo et Dubaï. Mais c'est dans le calme chaos de la capitale libanaise qu'il a eu besoin de revenir afin d'écrire, en anglais, un premier roman intitulé A Road to Damascus.
« Il y a tant de facettes différentes dans cette ville. Cela fait d'une certaine manière écho à tous les sens que chacun doit mobiliser afin de respirer pleinement l'atmosphère et les sons de Beyrouth. » L'idée du roman lui vient presque naturellement, lorsqu'il aperçoit dans un rêve éveillé le bus qui voyage sur la route de Damas. Ce même bus qui, dans son roman, est victime d'une fusillade qui ne laisse aucun survivant. Un professeur botaniste décide d'élucider le drame, avec un seul indice : la branche meurtrie de son acacia. « Je suis tombé amoureux de l'acacia tortilis pendant la rédaction du roman. Si je devais me transformer en arbre, ce serait sans nul doute celui-là », sourit-il. Il a rédigé A Road to Damascus un novembre de début d'automne, assis seul au fond d'une piscine vide.

L'homme-acacia
Meedo Taha a parsemé des miettes de lui dans chacun des personnages de son histoire d'arbres botaniques et généalogiques. L'auteur se dit « inspiré par l'absurdité de la beauté des choses » ; cet esthète refuse la beauté qui se livre facilement et préfère la débusquer dans la prose du quotidien. Il préfère à la langueur et la séduction des fleurs, la beauté brute des arbres nus. Son implacable attention aux détails rend son roman unique et poétique : un homme qui ne prend inlassablement qu'une seule bouffée de ses Marlboro avant de les écraser du bout du pied ; un perroquet au vocabulaire aussi coloré que son plumage ; une épine d'acacia encore verte logée dans la main de l'assassin.

Présent jamais vécu
L'auteur a refusé de situer les événements dans une période spécifique : l'histoire de Beyrouth se joue comme un morceau de jazz, entre cycles et variations. Son roman est toutefois empreint de mélancolie : « Je ne suis pas nostalgique d'un passé nourri par ma mémoire ni d'un futur embelli par mes rêves. J'ai la nostalgie du moment présent, insaisissable », nuance-t-il. Un assassin sanguinaire est aussi coupable à ses yeux qu'un professeur passif qui analyse ses sentiments au lieu de les ressentir et écrit sa vie au lieu de la vivre.

Bal démasqué
Sur la terrasse aérée d'un café d'Achrafieh, Meedo Taha travaille désormais à son prochain projet : une adaptation cinématographique de A Road to Damascus, avec son mentor Daniel Pyne. Ce soir, à 19h, il rencontre ses lecteurs à Dar al-Moussawir afin de lire des extraits de son œuvre et répondre à leurs questions. L'auteur sème les graines de ses rêves comme il entre dans la peau de ses multiples personnages : avec une facilité déconcertante et une élégance ténébreuse.
Ses arbres cachent une forêt de masques qui, tout comme chacun des mots de l'artiste, sont des mensonges qui disent toujours la vérité.

* « A Road to Damascus », de Meedo Taha, aux éditions Tamyras. Signature et rencontre avec l'auteur ce soir à 19h, au café Dar al-Moussawir, rue Wardiyeh, Hamra.

Meedo Taha jongle avec ses casquettes et marche en équilibre sur le fil des mots. Architecte, réalisateur, auteur, il a planté ses racines entre Los Angeles et Beyrouth, en passant par Tokyo et Dubaï. Mais c'est dans le calme chaos de la capitale libanaise qu'il a eu besoin de revenir afin d'écrire, en anglais, un premier roman intitulé A Road to Damascus.« Il y a tant de...

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