L'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Ali Awad Assiri, a affirmé que le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, lui a assuré que ses propos n’engageaient que lui-même et non le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, après la polémique déclenchée par des allégations faites par M. Machnouk jeudi dernier, faisant état d'ingérences saoudiennes dans la présidentielle. Le diplomate a néanmoins qualifié les propos du ministre de l'Intérieur d'"injustifiables".
"Lors de notre entretien (dimanche, ndlr), M. Machnouk m'a assuré que ses propos n’engageaient que lui-même, sans aucun rapport avec Saad Hariri", a affirmé l'ambassadeur saoudien dans un entretien au magazine panarabe Al-Iktissad Wal-Aamal, paru mercredi.
Lors d'un débat télévisé, jeudi, Nouhad Machnouk, membre du bloc parlementaire du Futur, avait révélé qu"en appuyant la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié à la présidence de la République, le chef du Courant du Futur avait avalisé un projet qui avait pris forme sur proposition de la Grande-Bretagne, approuvée par la suite par les États-Unis, puis par l'Arabie saoudite. Il avait également fait assumer à Riyad la responsabilité de la visite du chef du courant du Futur à Damas en 2010, à l'heure de ce qui fut appelé l'accord syro-saoudien (S-S).
La mission diplomatique saoudienne avait publié un communiqué, moins de 24h après les propos de M. Machnouk, en guise de démenti.
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"Pas deux courants au sein de la famille royale"
M. Assiri a exprimé au magazine sa "stupéfaction" quant aux propos de M. Machnouk, qu'il a qualifiés d"injustifiables". Interrogé sur un éventuel entretien téléphonique entre lui et M. Hariri à ce sujet, le diplomate saoudien s'est contenté de dire : "M. Hariri est en voyage, mais il est clair de par les communiqués du bloc du Futur qu'il n'a aucun lien avec les propos de M. Machnouk".
Le bloc parlementaire de la formation haririenne avait insisté, mardi, à l'issue de sa réunion hebdomadaire, sur la solidité des liens qui lient Beyrouth à Riyad et avait loué les efforts déployés par l'Arabie au profit du Liban. Aucune mention n'était faite des propos de Nouhad Machnouk.
Par ailleurs, Ali Awad Assiri a assuré qu'il n'y avait "pas deux courants au sein de la famille royale", appelant les Libanais à "se concentrer sur leurs propres problèmes et à laisser l'Arabie saoudite tranquille", en guise de réponse à certaines analyses libanaises portant sur les affaires saoudiennes.
Les propos de Nouhad Machnouk auraient-ils une portée interne adressée à sa formation et au ministre démissionnaire de la Justice, Achraf Rifi? L'ambassadeur saoudien s'est refusé de commenter cet aspect là, affirmant que son pays "ne se mêlait pas des querelles internes libanaises". Les rapports entre M. Rifi d'une part, et MM. Machnouk et Hariri d'autre part, sont tendus, notamment suite au camouflet que le ministre démissionnaire de la Justice a infligé au Courant du Futur à Tripoli, lors des élections municipales.
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"La page est tournée"
Au sujet de la présidentielle libanaise, l'ambassadeur Assiri a rappelé que son pays "se tient à égale distance de tous". Le Liban est sans chef d'Etat depuis le 25 mai 2014. La dernière séance ayant à nouveau tourné court faute de quorum, un nouveau scrutin est prévu le 23 juin.
Interrogé par ailleurs sur les relations privilégiées qu'entretenait jusque-là Riyad avec Saad Hariri, le diplomate est resté évasif, affirmant que M. Hariri est "l'un des leaders influents de la scène politique libanaise (...)".
Enfin, l'ambassadeur a réaffirmé que le don saoudien de quatre milliards de dollars, qui était destiné à fournir un équipement aux forces armées libanaises, est "annulé" et que "la page est tournée". Cette annulation était intervenue le 19 février, sur fond de tensions entre Beyrouth et Riyad, qui accusait le gouvernement libanais de favoriser son rival iranien, sous pression du Hezbollah.
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commentaires (4)
C'EST TRÈS BIEN COMME ÇA, LE SAOUDIEN HARIRI EST EN VOYAGE. ON ESPÈRE QUE HASSAN NASRALLAH LE SOIT AUSSI.
Gebran Eid
00 h 01, le 09 juin 2016