Lundi dernier, les États-Unis célébraient le Memorial Day et les rues étaient vides à Washington, puisque des millions d'Américains font souvent le voyage d'un État à un autre pour visiter les cimetières nationaux, afin d'honorer leurs héros tombés au front.
Un seul bruit de tonnerre se faisait entendre : celui des 40 000 motards, tous des vétérans, les « Rolling Thunder » qui, traditionnellement, arrivent des quatre coins du pays en procession dans la capitale fédérale. Cette fois, ils se sont réunis autour du monument de Lincoln pour entendre Donald Trump les remercier pour leur soutien. Appelés les « bubbas » (mal dégrossis), en majorité des ex-combattants de la guerre du Vietnam et représentant la classe laborieuse, ils étaient là, dès six heures du matin, pour se ranger aux côtés du candidat républicain. Pas étonnant que le lendemain, la grande presse ait notamment titré : « Les motards ont révélé un choix déjanté face à l'électorat américain. » Les badges de leurs blousons en cuir noir racontent l'histoire des guerres américaines du dernier demi-siècle.
Dans son discours, Donald Trump a affirmé que le gouvernement américain traite les émigrants mieux que les vétérans, lesquels brandissaient des pancartes portant des slogans comme : « Les motards pour Trump », ou « Hillary en prison cette année ». À noter que le patriotisme américain est en hausse avec toutes ses nuances du conservatisme. La vente des drapeaux est si répandue, actuellement, que leur production est devenue la plus grande industrie.
(Lire aussi : La ferveur, denrée rare de la campagne de Hillary Clinton)
Un (e) président (e) de la fragmentation
Pendant ce temps, Hillary Clinton a débarqué en Californie pour trouver que son rival démocrate Bernie Sanders était sur place depuis déjà quelques semaines. L'un et l'autre veulent le « Golden State ». Jusqu'à présent, Mme Clinton a suffisamment de délégués mais elle ne veut pas arriver à la Convention démocrate à Philadelphie sans être couronnée par la Californie. M. Sanders, lui, veut la Californie pour que son mot ait plus de poids à Philadelphie tout en sachant pertinemment qu'il ne va pas gagner. Entre-temps, Bernie Sanders est presque à égalité avec Mme Clinton dans les sondages en Californie.
Pour le Guardian de Londres, « Hillary Clinton a une semaine d'enfer », en référence à la primaire de la Californie, le 7 juin. Le quotidien britannique sous-entendait que, bien qu'elle ait assuré sa candidature, les investigations du FBI concernant ses e-mails ont encore une possibilité de nuisance. Et le journal se demande aussi si, avec tous ses problèmes, elle pourrait « affronter Donald Trump ». Alors que la revue Time a titré : « Comment Hillary a planifié de gagner dans l'ennui » et a sous-titré, « boor vs bore ». « Boor » signifiant arrogant face à celle qui n'arrive pas à dépasser un style de campagne ringard pour donner la réplique à Trump.
Même les membres de l'équipe de la campagne de l'ex-secrétaire d'État se plaignent que Donald Trump est omniprésent dans les médias audiovisuels, où on la voit rarement.
Par ailleurs, Hillary Clinton avait affirmé récemment que son mari, Bill, allait la soutenir plus activement dans sa campagne. Mais après deux mièvres interventions, on ne l'a plus revu. La raison ? Présence déficiente, discours « has been » et audience clairsemée. De quoi s'évaporer, après que Donald Trump eut annoncé qu'il allait s'en prendre à ce couple célèbre depuis que Bill était gouverneur de l'État de l'Arkansas en 1978.
Ainsi les plans de M. Trump seraient de continuer à s'attaquer aux Clinton jusqu'à sa victoire. Pour cela, il va utiliser les mêmes techniques expérimentées contre ses rivaux républicains, à savoir les déchiqueter. Reste que le clan d'Hillary a un contre-plan. En effet, la candidate démocrate ne voit plus dans le milliardaire la cible facile qu'elle pensait avoir au début. Et ses conseillers ont bien réalisé qu'elle avait sous-estimé son rival.
Donc s'annonce entre eux un grand été d'attaques et d'insultes. Les derniers sondages montrent qu'un grand pourcentage de démocrates, qui généralement sont intéressés par l'élection présidentielle, ne le sont pas pour celle-ci. Ce qui veut dire que le nouveau président qui sera élu le 8 novembre prochain, républicain ou démocrate, représentera un parti fragmenté.
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Un seul bruit de tonnerre se faisait entendre : celui des 40 000 motards, tous des vétérans, les « Rolling Thunder »...
commentaires (6)
Il n'y a que le "Hélôh?" du minimäâllîm-Che, yîîîh, qui pourrait "relever le niveau" !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
03 h 38, le 04 juin 2016