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À La Une - contestation

En France, les opposants à la réforme maintiennent la pression

Valls juge qu'il est "inacceptable" de "bloquer un pays" et de "s'en prendre ainsi aux intérêts économiques" du pays.

Des affrontements ont éclaté jeudi en début d'après-midi à Paris entre policiers et manifestants cagoulés, en marge d'une grande manifestation annoncée par les opposants au projet de loi sur la réforme du travail. AFP PHOTO / MATTHIEU ALEXANDRE

Grèves et manifestations, pénurie de carburants, fronde étendue aux ports et aux centrales nucléaires: les opposants à la réforme du travail en France ont maintenu la pression jeudi pour tenter de faire plier le gouvernement socialiste.

A Paris, entre 18.000 (selon la police) et 100.000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé une nouvelle fois pour exiger le retrait de la loi Travail, accusée par les manifestants de porter atteinte aux droits des salariés. La manifestation, huitième du genre depuis le début du mouvement en mars, a été marquée par une participation légèrement en hausse, et des affrontements entre une minorité de manifestants cagoulés et forces de l'ordre, avec, comme à chaque rassemblement, saccages de mobiliers urbains, vitrines brisées, jets de pierre et riposte à coups de gaz lacrymogène par les policiers. La préfecture de police a fait état de 36 interpellations et 9 blessés légers.

Sous pression pour éviter une paralysie du pays à deux semaines de l'ouverture de l'Euro-2016 de football, le Premier ministre Manuel Valls a de nouveau fustigé grévistes et opposants au projet, jugeant qu'il est "inacceptable" de "bloquer un pays" et de "s'en prendre ainsi aux intérêts économiques de la France".
Dans la matinée, il avait déjà dénoncé "l'irresponsabilité" du syndicat CGT, à la pointe de la contestation, et réaffirmé son refus de renoncer à cette dernière réforme clé du quinquennat du président François Hollande.
S'il a évoqué de possibles "modifications" ou "améliorations" du texte, il a exclu de revenir sur son article le plus contesté, qui assouplit la législation sur le temps de travail en favorisant les accords d'entreprises, recadrant son ministre des Finances Michel Sapin qui venait d'avancer cette hypothèse.

Depuis le Japon, où il est en visite officielle, le président François Hollande a donné raison à son Premier ministre, mais comme un sentiment de flottement régnait au sein de la majorité, manifestement désemparée face à la fronde, inédite sous un gouvernement de gauche.
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a ironisé sur ces cafouillages et estimé que le président Hollande "n'a plus la majorité".

Outre le cortège parisien, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de province, rassemblant au total 153.000 personnes, selon les autorités, avec quelques incidents et 77 interpellations. La CGT a revendiqué 300.000 manifestants dans tout le pays.

(Voir aussi : "Le gouvernement te pisse dessus" et autres : les messages des protestataires en France (en images))

 

Et après?
Neuf centrales nucléaires, sur les 19 du parc français, ont connu des baisses de production, selon la CGT, mais la grève n'entraînait pas de problème d'approvisionnement électrique, a assuré RTE, gestionnaire du réseau national à haute tension.

Le durcissement de cette fronde, avec le blocage des sites pétroliers, a amené la France à puiser dans ses réserves stratégiques de carburant. M. Valls n'a pas exclu une réquisition d'employés dans les cinq raffineries au ralenti ou à l'arrêt, sur les huit du pays.
Avec six raffineries sur huit à l'arrêt ou au ralenti et environ un cinquième des quelque 11.500 stations-service en rupture partielle ou totale d'approvisionnement, les sites pétroliers retenaient toute l'attention du gouvernement. Le Premier ministre a annoncé qu'il recevra les acteurs du secteur samedi.

Un léger mieux se dessinait dans l'approvisionnement des stations-service du pays, l'Union française des industries pétrolière (Ufip) disant même avoir constaté un moindre afflux des automobilistes aux pompes.
L'acheminement du pétrole restait compliqué du fait d'arrêts de travail dans "la plupart des ports", a affirmé la CGT, et des files d'attente persistaient dans certaines stations.
Les perturbations étaient néanmoins limitées jeudi dans les chemins de fer comme dans le trafic aérien, où 15% des vols ont été annulés à l'aéroport parisien d'Orly.

Le secteur est névralgique à l'approche de l'Euro-2016, qui va drainer vers la France des dizaines de milliers de supporters. D'autres grèves y sont déjà programmées, notamment deux mouvements illimités dans les transports parisiens à partir du 2 et du 10 juin, jour d'ouverture de la compétition. Mais pour l'heure, le rapport de force reste relativement inchangé, ce qui augure d'un conflit qui devrait se poursuivre et laisse ouvert toutes les possibilités.

Les opposants à la loi Travail ont multiplié depuis mars les manifestations, émaillées de violences. Après un essoufflement en avril, la mobilisation a repris de la vigueur la semaine dernière, mais ne suscite cependant pas de manifestation de masse dans les rues, alors que la CGT privilégie l'action directe dans des secteurs clés et parie sur la "généralisation" de la grève.

 

 

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