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Liban - Liban

Les hommes de main de Pierre Fattouche, frère du député, tabassent des journalistes d’al-Jadeed

Youmna Fawaz et Saad Ayyad, respectivement reporter et cameraman à la chaîne de télévision al-Jadeed, ont été agressés hier à Zahlé, dans la Békaa, par « les hommes de Pierre Fattouche », frère du député Nicolas Fattouche, alors qu'ils étaient en mission pour un reportage télévisé. « Nous poursuivions la deuxième partie de notre reportage » sur la cimenterie que Pierre Fattouche compte édifier dans la plaine de la Békaa, confie à L'Orient-Le Jour Youmna Fawaz. « Nous étions en plein reportage lorsque deux des hommes de M. Fattouche sont venus nous retrouver, poursuit-elle. Ils nous ont pris des photos, comme ils ont photographié la plaque d'immatriculation de notre véhicule. J'ai appelé M. Fattouche. Il a répondu qu'il n'était au courant de rien. »
Youmna Fawaz et Saad Ayyad ont poursuivi leur tâche, lorsque « soudainement, trois véhicules avec à leur bord des hommes armés nous ont encerclés ». « Les hommes nous ont agressés et nous ont confisqués notre matériel, tout en continuant de nous battre. Mon collègue leur a alors demandé de nous lâcher, leur affirmant que nous n'allons plus effectuer le reportage, d'autant que nous n'avons plus d'équipements. Un des hommes lui a alors rétorqué : "Je ne peux pas arrêter. On m'a demandé de te tuer". »


Youmna Fawaz a pu échapper aux hommes de main en question et est allée demander de l'aide « lorsqu'un deuxième groupe d'hommes armés est arrivé sur les lieux », ajoute la jeune femme. « Nous étions encerclés de tous les côtés, affirme-t-elle. Ils m'ont conduite par la suite, ainsi que quelques membres du conseil municipal de Zahlé dans les locaux de l'imprimerie Prestige qui se trouve à proximité de l'endroit où nous étions. Mon collègue avait réussi à s'enfuir, à échapper aux agresseurs et à se cacher. Ils nous ont enfermés dans les locaux de l'imprimerie, ainsi que tous les autres pendant vingt minutes environ. J'ai pu alerter la direction de la chaîne al-Jadeed. Les forces de l'ordre ont été dépêchées sur les lieux, mais les agresseurs avaient disparu avant qu'elles n'arrivent. Nous ne sommes sortis que lorsque nous nous sommes assurés que nous étions en sécurité. »

 

« Comme des voleurs ! »
De son côté, Pierre Fattouche a affirmé à L'Orient-Le Jour qu'« une cimenterie ne sera pas édifiée dans la plaine ». « Un tel projet nécessite un terrain d'au moins 300 000 mètres carrés et une montagne de près de 5 millions de mètres carrés, ce qui n'est pas le cas de la plaine », précise-t-il.
Relatant sa version des faits, il précise que l'équipe d'al-Jadeed « accompagnée de personnes, qui se sont fait passer pour des membres du conseil municipal de Zahlé, ont sauté au-dessus de la barrière d'une usine de boissons que nous possédons et se sont mis à filmer les lieux ». « Les gardes les ont aperçus et sont dirigés vers eux », indique Pierre Fattouche, signalant que de nombreux réfugiés syriens se trouvent dans le voisinage. « Lorsqu'ils ont aperçu les gardes, ils ont pris la fuite, raconte-t-il. Les gardes leur ont demandé pourquoi ils ne sont pas entrés par la porte principale pour filmer. C'est alors qu'ils se sont affrontés. »
À la question de savoir si le comportement des gardes était justifié, M. Fattouche répond sur un ton déchaîné : « Mais ils se sont introduits dans une propriété privée comme des voleurs ! Ils étaient accompagnés de trois Syriens ! Vous acceptez qu'on s'introduise de la sorte chez vous ? »
Selon des sources rapportées par l'agence al-Markaziya, « les forces de l'ordre ont coupé les routes menant aux lieux de l'incident et ont entamé des perquisitions à la recherche des agresseurs dont le nombre varierait entre quinze et vingt hommes en armes ». Tard en soirée, la chaîne télévisée MTV a rapporté qu'une unité des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure encerclait les bureaux et la résidence de Pierre Fattouche à Zahlé.

 

Réactions
Le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, n'a pas tardé à réagir. Il a ainsi condamné l'attaque contre l'équipe d'al-Jadeed, jugeant « inacceptable que les journalistes soient insultés et leurs droits violés ». Le ministre a ajouté qu'il suivra l'affaire auprès des autorités judiciaires et sécuritaires afin de prendre les mesures nécessaires pour prévenir toute autre attaque contre les médias.
De son côté, le chef du Bloc populaire, l'ancien député Élias Skaff, a condamné « l'agression barbare » dont a été victime l'équipe d'al-Jadeed. Dans un communiqué, il a affirmé que celle-ci « a été perpétrée par une milice armée relevant des Fattouche ». Il a précisé qu'il ne s'agit pas de la première fois que de tels actes sont commis, « les Fattouche étant habitués à menacer les gens et à les agresser, comme à imposer leurs lois pour faire passer leurs projets illégaux contraires à toute éthique ».
En soirée, la direction de l'imprimerie Prestige a publié un communiqué précisant que celle-ci « appartient à Youssef, Georges et Nicolas Qaraouni, et non aux Fattouche, comme il a été annoncé dans certains médias ».

 

Pour mémoire
La sentence est tombée : Nicolas Fattouche radié du barreau de Beyrouth

Youmna Fawaz et Saad Ayyad, respectivement reporter et cameraman à la chaîne de télévision al-Jadeed, ont été agressés hier à Zahlé, dans la Békaa, par « les hommes de Pierre Fattouche », frère du député Nicolas Fattouche, alors qu'ils étaient en mission pour un reportage télévisé. « Nous poursuivions la deuxième partie de notre reportage » sur la cimenterie...

commentaires (4)

c'est la version Zahliote de "mais qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu" ? ils sont combien les Fattouche ?

Lebinlon

12 h 03, le 12 décembre 2014

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Commentaires (4)

  • c'est la version Zahliote de "mais qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu" ? ils sont combien les Fattouche ?

    Lebinlon

    12 h 03, le 12 décembre 2014

  • De son côté, Pierre Fattouche a affirmé à L'Orient-Le Jour qu'« une cimenterie ne sera pas édifiée dans la plaine"...Oui, c'est ce qu'il ne fait que répéter: pas une cimenterie, mais un "moulin à ciment"! Je voudrais bien savoir ce que c'est exactement que cette installation...Et à propos, où sont les activistes du Lem, le fameux Lebanese Eco Movement? Tant qu'il s'agit de cimenteries, ils ne bougent pas, en dépit des ravages que font les cimenteries de Chekka au niveau de la santé publique...Mais quand il s'agit de barrages, en avat la musique! Et le Ministère de l'Environnement dans tout cela? Est-ce que les Fattouche ont présenté une étude de l'impact environnemental du projet conformément au décret 8633 du 7 août 2012?

    Georges MELKI

    11 h 06, le 12 décembre 2014

  • ET ON RAMASSE DES GENS DE BAB EL TEBBANÉ... VOILÀ LES TEBBANISTES À RAMASSER ! LES PLATS QUI SE CROIENT FOLKLORIQUEMENT TOUT PERMIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 02, le 12 décembre 2014

  • Mais a quoi s'attendre de plus ??? des mafieux et malfaiteurs qui font la pluie et le beau temps.

    Tabet Karim

    09 h 12, le 12 décembre 2014

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