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Économie - Focus

L’industrie vénézuélienne à l’épreuve de la crise

Polar, qui fournit 80 % de la bière consommée au Venezuela, a déjà cessé en avril de produire de la bière en raison d’un manque d’orge. Federico Parra/AFP

L'industrie vénézuélienne, proche de la paralysie faute de matières premières, selon ses responsables, tente de survivre alors que le pays est plongé dans une des plus graves crises de son histoire et que les dirigeants sont menacés de prison et de saisies d'usines.
En avril, seules 196 voitures ont été assemblées au Venezuela, alors que ce pays a la capacité de produire 21 000 véhicules par mois. Cet exemple illustre la situation chaotique que traverse ce pays d'Amérique du Sud, autrefois riche producteur pétrolier (grâce à ses réserves les plus importantes au monde), selon Juan Pablo Olalquiaga, le président de la Confédération vénézuélienne des industries (Conindustria).
« Du secteur des aliments à celui de la chimie, en passant par ceux des médicaments, des pièces automobiles détachées, de la sidérurgie ou du papier, la plupart sont durement touchés », souligne-t-il.
Bientôt à court de farine de maïs, le groupe Polar, la plus importante société dans le secteur alimentaire au Venezuela, a prévenu que la production pourrait être maintenue, au maximum, jusqu'à la fin du mois de mai. Polar, qui fournit 80 % de la bière consommée au Venezuela, a déjà cessé en avril de produire de la bière en raison d'un manque d'orge, sa matière première, une décision qui affecte 10 000 emplois directs. Comme beaucoup d'autres entreprises du pays, elle souffre d'un manque de devises, distribuées au compte-gouttes par l'État, pour payer ses fournisseurs internationaux.

Plus de production de pain ou de pâtes
Selon les derniers chiffres de Conindustria, à la fin 2015, 56 % de la capacité industrielle du pays était paralysée. Le tableau a empiré durant les premiers mois de 2016, assure M. Olalquiaga.
Les entreprises « continuent de réduire leurs opérations », déclare-t-il en mettant en avant la chute de la production de sucre, un secteur qui a dû limiter ses récoltes à cause des expropriations de terres, ce qui l'a rendu encore plus dépendant des importations. Le représentant patronal rapporte également des interruptions dans des usines qui fabriquent du pain et des pâtes. L'effondrement de la production automobile a entraîné l'arrêt de l'industrie des pièces détachées, qui emploie quelque 30 000 personnes au Venezuela, explique Olalquiaga.
Le président Nicolas Maduro a ordonné samedi la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et menacé d'emprisonner les entrepreneurs accusés de « saboter le pays ».
Après une inflation de 180,9 % en 2015, soit la plus élevée du monde, le FMI table sur le chiffre de 700 % cette année. Le Venezuela, où les habitants supportent déjà des heures d'attente devant les supermarchés et des coupures de courant quotidiennes, est au bord de l'explosion.
Pour l'économiste et analyste politique Luis Vicente Leon, ces menaces qui planent sur les usines sont « très négatives et ne font qu'empirer la situation ». D'autant que les entreprises d'État ont une capacité trop limitée pour répondre à la demande, souligne-t-il.

12 milliards de dollars de dette
La chute des cours du brut, qui apporte 96 % de ses devises du pays, a aggravé une situation déjà critique : en 2014 et 2015, l'économie a reculé de 3,9 % et de 5,7 %, respectivement, selon la Banque centrale.
La dette cumulée du secteur privé avec les fournisseurs internationaux s'élève désormais à 12 milliards de dollars, relève la Confédération vénézuélienne des industries. Près de 90 % des entreprises ont du mal à accéder aux devises étrangères qui sont contrôlées par l'État ou sont concernées par le manque de matières premières, d'après cet organisme. Entre 1999 et 2016, le nombre d'entreprises vénézuéliennes est passé de 13 000 à 4 000, entraînant la suppression de la moitié des emplois directs, affirme Conindustria.
De son côté, le gouvernement de Nicolas Maduro a lancé en février un plan de réactivation de l'économie, invitant les entrepreneurs locaux et étrangers à investir dans une série de secteurs, baptisés les « 15 moteurs », comme l'industrie pétrolière, l'agriculture, les mines ou le tourisme. Mais pour le représentant patronal, cette initiative est « inutile » car « toute l'économie est à l'arrêt ».
Ernesto TOVAR/AFP

L'industrie vénézuélienne, proche de la paralysie faute de matières premières, selon ses responsables, tente de survivre alors que le pays est plongé dans une des plus graves crises de son histoire et que les dirigeants sont menacés de prison et de saisies d'usines.En avril, seules 196 voitures ont été assemblées au Venezuela, alors que ce pays a la capacité de produire 21 000...
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