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Liban - Pèlerinage

À la rencontre des chrétiens d’Orient

Un groupe de cinquante étudiants et jeunes professionnels, filles et garçons de 25 à 35 ans issus de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy à Paris, sont venus en pèlerinage sur la terre sainte du Liban à la rencontre des chrétiens d'Orient. Accompagnés des pères de Bellescize et Masquelier et d'un jeune séminariste libanais, Ramzi Saadé, ils ont sillonné le pays pendant huit jours et prié avec l'Église maronite. Je les ai rencontrés lors de la messe célébrée par leurs aumôniers chez les sœurs clarisses à Yarzé la veille de leur départ du Liban, et tous d'un commun accord ont exprimé avec enthousiasme leur grande joie de cette belle expérience inoubliable passée au pays du Cèdre.
« Tout a commencé avec la diaspora, confie Guillaume Pinçon, 29 ans, marin pêcheur. Un père de famille libanais de notre paroisse du XVIe arrondissement de Paris suggère aux prêtres d'organiser un voyage afin de découvrir l'Église maronite et les richesses complexes de cette terre sainte que le Christ a foulée de ses pieds. Nous avons alors sanglé nos sacs à dos, dépoussiéré nos sandales pour nous lancer à la découverte d'un pays dont le nom nous est depuis toujours familier, mais dont nous ne connaissions pas grand-chose. Pêle-mêle : la mer, des montagnes, des grands cèdres, une hospitalité hors normes et, surtout, une fidélité exemplaire au Christ. Sur nos carnets de chant imprimés pour l'occasion, nous pouvions lire ce verset du psaume 92 : "Le juste poussera comme un palmier, Il grandira comme un cèdre du Liban." »
Ce fut pour ce groupe une merveilleuse aventure spirituelle qui leur a permis de donner un sens concret à leurs prières en allant à la rencontre des chrétiens d'Orient.

Un pèlerinage mémorable
Arrivés tard le soir à Beyrouth, ils se rendent directement au monastère historique de Kfarhay, dans la région de Batroun, un des premiers sièges patriarcaux maronites au Liban, où ils sont accueillis par l'évêque de Batroun, Mgr Khairallah, et son vicaire général, Mgr Boutros Khalil. « Après quelques heures de sommeil, nous démarrons notre séjour par un formidable brunch à la libanaise organisé par le père Boutros et quelques femmes du patelin puis nous filons vers Byblos, raconte Guillaume. Les ruines de la citadelle, ces ruelles de pierres qui convergent vers le vieux port phénicien, témoignent de l'ancienneté des lieux. Au crépuscule, comme tous les jours de la semaine, nous avons chanté les vêpres, et nos pères ont célébré la messe dans l'église Saint-Jean-Marc des croisés. »
Le troisième jour, ils se rendent vers le nord-est à travers la plaine de la Békaa au sanctuaire de Notre-Dame de Bechouate où ils passent la nuit au couvent. Le dîner est organisé par une association locale d'entraide, et quelques-uns d'entre eux veillent tard, dialoguant avec des jeunes de la région attablés devant une carafe d'arak à la terrasse d'un café. À l'aube, ils font 30 km de marche et presque 2 000 m de dénivelé pour un déjeuner au bord d'un lac de montagne. « Nous marchons gaiement, ébahis par la beauté de la nature, poursuit Guillaume. L'après-midi, nous nous attaquons au col des Cèdres pour une nouvelle marche en silence. Une fois là-haut, la montagne s'ouvre sur un immense cirque puis, au loin, sous les nuages, la mer. Au creux de la vallée, nous distinguons comme une longue fissure dans la roche : la vallée sainte. Nous descendons la pente en glissant sur les restes de neige vers la forêt des Cèdres. »
Le groupe passe une nuit confortable au couvent Mar Antonios de Kozhaya et exprime sa joie « de découvrir les offices maronites des laudes ». Ils se mettent en route pour une journée dans la vallée de la Qadisha, s'entretiennent avec l'ermite d'origine colombienne Dario, « qui nous confie quelques secrets de la vie contemplative. Nous nous émerveillons devant ce lieu où vécurent des milliers de saints et qui fut sanctifié par leur présence. Devant le chapelet suintant de la roche comme d'une source mystérieuse ou devant le corps intact d'un patriarche du XVIIIe siècle, nous communions à la sacralité de ces lieux habités par l'Esprit saint », poursuit Guillaume qui a résumé le séjour au nom de tous.
De retour à Kfarhay, une grande fête les attendait, organisée avec les scouts des environs. Pendant les deux jours qui suivent, ils se rendent aux sanctuaires de saint Hardini et de sainte Rafqa et se recueillent au couvent de Annaya de Mar Charbel. « Notre voyage se termine par la découverte des vies édifiantes des saints de l'Église maronite et par le témoignage bouleversant de monseigneur Khairallah qui est une leçon de pardon et d'espérance pour nos vies. » Le dernier soir, le père de famille libanais qui avait suggéré ce voyage au pays et le séminariste libanais qui les accompagne les invitent pour un apéritif autour de la piscine d'un yacht-club à Jounieh. « Le soleil se couche sur la Méditerranée et je me dis que ce pays est notre passé, que nos racines plongent jusqu'à ses rivages. Quel avenir aurons-nous sans lui ? »
« Nous avons aimé ce pays de crème et d'amertume, de fête et de combats, de soleil et de sang ; ce peuple maronite, beau et fier, qui souhaite la bienvenue comme on dirait bonjour et qui se signe dès qu'il entend le nom du Sauveur. Nous sommes aussi fiers et heureux de cette fraternité franco-libanaise, et si l'on dit que la France est la fille aînée de l'Église, le Liban doit être son fils bien-aimé d'Orient », conclut Guillaume.

D'autres témoignages
Jeanne, 30 ans, professeure de français au collège-lycée, nous dit : « "Le Liban, c'est un pays compliqué !" Telle fut la première remarque de nos guides lors de notre voyage. De notre séjour nous retenons en effet l'image d'un pays aux mille visages. Visages contrastés de ces figures d'ecclésiastiques que nous avons rencontrés et que nous ne sommes pas près d'oublier : le père Boutros, animé du même zèle à nous expliquer les traditions culinaires de son pays qu'à nous commenter l'évangile en chaire. Mgr Khairallah, homme discret au cœur bon et doux, qui nous donna un témoignage édifiant sur le pardon ; enfin, ce prêtre libanais, hôte d'un soir, d'une générosité extraordinaire, qui nous invita à dîner dans un luxueux restaurant libanais. Visages contrastés des paysages : les terres rocailleuses et enneigées de la Békaa, les forêts luxuriantes de la vallée sainte, les vieilles pierres de Byblos, ville qui inventa l'alphabet et dont les ruines plongent dans la mer. Mais ce qui fait sans doute l'âme du Liban, ce sont ces générations d'ermites, ces hommes d'évangile, retirés au cœur des montagnes dans un cœur à cœur avec Dieu, qui ont plongé ce pays dans la prière et qui aujourd'hui lui permettent de garder une foi vive et une tradition millénaire : le rite maronite. La foi au Moyen-Orient, malgré les guerres, n'est pas perdue et nous en avons goûté tout le sel durant cette merveilleuse semaine ! Merci à tous ceux qui ont organisé ce voyage et nous ont permis de mettre nos pas dans ceux de saint Charbel, sainte Rafqa et tous les saints libanais. »
Élodie, 29 ans, professeure de français au collège-lycée, évoque l'amitié franco-libanaise : « J'ai 29 ans, cependant je suis encore novice en "UDP" (union de prière pour les non-initiés) malgré mes deux années passées au sein de Saint-Jean-de-Passy en tant que professeure de lettres. Accueillis par monseigneur Khairallah et abouna Boutros, au beau milieu de la nuit. Les Libanais n'auront de cesse de nous surprendre par leur générosité démesurée et leur si touchante simplicité. Je me souviens encore du sourire inimitable des sœurs qui, dans une humilité et une bonté débordantes, nous offraient des pâtisseries comme une mère qui ne veut pas laisser partir son enfant le ventre vide. Je me souviens de la tête d'abouna Boutros qui nous apprenait à déguster les falafels, qu'il a cuisinés avec amour pendant des heures, "pour nos retrouvailles !". Je me souviens encore de la voix de monseigneur Khairallah et des frissons provoqués par son témoignage. Je me souviens encore du prêtre qui nous a si généreusement invités, nous les 50 pèlerins, dans le somptueux restaurant de Byblos pour célébrer "l'amitié franco-libanaise" !
Enfin, je me souviens encore des pas de danse, au rythme du raï, échangés avec les scouts libanais, dans le cloître de Kfarhay, protégés par la relique de saint Maron, abritée dans l'église du couvent. Les maronites nous auront donné une belle leçon de charité. »
Emmanuel, 35 ans, consultant, évoque « l'expérience des beaux liens entre le Liban et la France » vécus au quotidien durant ces 8 jours : « À 4 000 kilomètres de Paris, pas une journée sans un accueil généreux des Libanais à notre égard, dit-il. De la vallée de la Qadisha au sommet du Mont-Liban, en passant par la région de Batroun où nous étions logés, ont résonné ces mêmes phrases : soyez les bienvenus au Liban ! Et merci de votre visite ! En parallèle tombent les invitations à déjeuner, dormir, et même passer l'après-midi dans un country club pour ce groupe de plus de 40 personnes. Merci. »
Paul, 24 ans, ingénieur, entré au séminaire en septembre 2016, confie : « Ce fut une découverte extraordinaire du Liban, des catholiques maronites, de leurs saints, de leur accueil généreux et de l'attachement profond qu'ils ont pour la France. J'ai été particulièrement touché par la rencontre avec un ermite de la vallée de Qannoubine. Avec beaucoup d'humour, il nous a décrit son quotidien de prières et de jeûne. Ses paroles résonnent encore dans ma tête : Il faut être dans la joie et chasser toute tristesse : la joie extérieure reflète notre joie intérieure. Par l'amour chaque chose ordinaire devient extraordinaire. C'est un message d'une vérité profonde dans notre société occidentale dépressive qui cherche à compenser par un consumérisme effréné sans trouver le sens de ce qu'elle vit. Je ressors affermi dans la foi avec le désir de témoigner de cette joie de l'évangile. »
Ce pèlerinage dû à une initiative privée et qui a précédé le récent lancement d'un forum pour le tourisme au Liban et en Méditerranée montre tout l'intérêt et toute l'importance que présente le Liban sur la carte des pèlerinages et du tourisme culturel.

Un groupe de cinquante étudiants et jeunes professionnels, filles et garçons de 25 à 35 ans issus de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy à Paris, sont venus en pèlerinage sur la terre sainte du Liban à la rencontre des chrétiens d'Orient. Accompagnés des pères de Bellescize et Masquelier et d'un jeune séminariste libanais, Ramzi Saadé, ils ont sillonné le pays pendant huit jours...

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