Nancy Ajram : vous pouvez l’appeler « Nannouss » !

Elle se faufile silencieusement dans la salle de conférences de son bureau à Kaslik où a lieu l'entrevue, vous tend la main et s'installe en face de vous. Le regard clair, le visage moins poupin qu'à la télé, Nancy Ajram, star adorée dans le monde arabe par des millions de fans de 7 à 77 ans, a l'allure gracile d'une jeune fille. Douce sans mièvreries. Affable avec naturel. Ce qui frappe d'emblée chez elle, c'est sa sincérité, sa sensibilité. Plus de 17 ans de carrière dans le showbiz (ponctués d'un florilège de trophées, tous alignés sur une étagère dans la pièce) ne semblent pas avoir transformé cette jeune femme rangée qui se présente, avant tout, comme une mère de famille. « Je suis la même sur scène et dans la vie », confirme-t-elle. « Les gens sentent que je ne mets pas de barrières et m'abordent souvent en m'appelant, spontanément, "Nannouss" », dit-elle gentiment amusée. Sans le moins du monde jouer à la diva. Elle-même serait plutôt fan, très fan de... Céline Dion. « Je ne rate aucun de ses concerts lorsque je suis de passage à Las Vegas », confie-t-elle.

Cette simplicité, cette élégance dans l'attitude, comme la tenue vestimentaire – en jeans et chemise bleu clair en accord avec la couleur de ses yeux ce matin-là – sont d'ailleurs les qualités qu'elle préfère chez les gens. Elle confiera au cours de la rencontre son admiration pour « toutes les personnes qui tendent vers le bien ». Et en particulier pour « ces personnalités qui ont réussi internationalement sans perdre leur humanité, leur bienveillance et leurs racines. À l'instar d'un Élie Saab, qui met sa notoriété au service du Liban. Un homme que j'admire énormément, autant pour son talent que pour son attachement au pays », dit-elle.

Star, ambassadrice et fan...
Nommée ambassadrice de bonne volonté auprès de l'Unicef – ce qui n'est pas vraiment surprenant –, elle aussi se sert de son aura pour servir la cause des femmes et des enfants surtout. « Mon engagement consiste à éclairer les femmes sur leurs droits et les parents, dans les milieux défavorisés, sur la nécessité de scolariser leurs enfants. Lutter contre l'illettrisme et la maltraitance des femmes et des enfants sont deux choses qui me tiennent particulièrement à cœur et pour lesquelles je ne refuse aucune sollicitation », dit-elle. « Les enfants, leur fragilité, leur innocence, me touchent énormément », confesse celle qui fut la plus émotive des jurés de l'émission The Voice Kids. Sans doute parce que ces petites filles tenant le micro lui rappelaient sa propre enfance de petite fille courant les répétitions et les plateaux télévisés au bras de son père. Un premier concours remporté à l'âge de 8 ans sur une chanson de Warda al-Jazaëria dans l'émission Noujoum al-Moustakbal , sur la Future TV, un premier album Mouchtaklak (Tu me manques) alors qu'elle vient de célébrer ses 15 ans, la suite on la connaît...

« Je suis une maman »
Sinon, la journée type de Nancy Ajram est « celle d'une maman », assure-t-elle. « Mon emploi du temps s'articule en fonction de celui de mes enfants. Je suis sur pied chaque matin à 7h pour emmener mes deux filles à l'école. Et je suis également présente à leur retour, pour m'occuper de leurs activités. Et c'est quand elles sont en classe que je vaque à mes occupations. Même les enregistrements en studio, je préfère les faire en soirée. Je ne sacrifie les moments passés avec Mila et Ella que lorsque je suis en concert à l'étranger. Cela fait huit ans que j'organise mon temps de cette manière. Et que je trouve ainsi mon équilibre entre ma vie de famille et la chanson, qui est également très importante pour moi. » Un équilibre (presque) parfait dû aussi à sa séance quotidienne de sport avec son coach à domicile ; à ses deux séances de vocalises hebdomadaires avec son professeur de chant, ainsi qu'à l'efficacité de son producteur Gigi Lamara, qui gère sa carrière (presque) depuis ses débuts. Mais une sérénité qu'elle tire surtout du soutien et de la fière complicité de son mari Fadi Hachem, dentiste rencontré dans son cabinet « en tant que patiente », et dont elle évoque le nom avec toujours une petite lumière dans le regard.

Rien ne semble troubler cette douce quiétude. Pas même le stress d'avant un concert comme celui de demain soir à l'Olympia de Paris ? « Ce n'est pas la première fois que je chante à Paris. J'ai déjà donné un concert au Palais des Congrès mais j'avoue que me retrouver, à mon âge, sur la scène de l'Olympia m'excite et m'impressionne tout à la fois. D'autant que le grand couturier Azzedine Alaïa, chez qui j'ai choisi la robe de mon concert, sera parmi le public. Il me l'a assuré », affirme-t-elle dans un large sourire. Avant d'ajouter : « C'est un monsieur dont j'apprécie autant les qualités personnelles que les créations. Tout comme son confrère Élie Saab, qui m'habillera lui pour le concert de Beyrouth. »
Où se projette cette jeune femme comblée dans dix ans ?
« En fait, quand je pense à l'avenir, je pense surtout à celui de mes filles (de 7 et 5 ans). Où seront-elles ? Dans quel monde, quel pays ? Vers quoi et vers qui vont-elles se diriger ? Et tout cela m'inquiète un peu. » Poupée (de cire, poupée de son) Nancy Ajram ? Oui, mais avec une âme... de maman.

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