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Culture - Initiative

Toiles, accordéons et tagliatelles à Mar Mikhaël

À la rencontre du couple Remo Ciucciomei/Veronica Pecorella et de leur galerie charnière entre le Liban et l'Italie.

Veronica Pecorella est née d’une lignée de restaurateurs, frioulienne de naissance mais lombardo-sicilienne de sang.

Nichés dans une impasse de Mar Mikhaël et ce qui fut leur tout premier appartement libanais, Remo Ciucciomei et Veronica Pecorella racontent leur passeggiata méditerranéenne. Une promenade, ou plutôt une vie de promenades, qui les a ramenés à Beyrouth en décembre 2015, pour inaugurer Remomero, un espace de rencontres et de collisions artistiques au nom de l'héritage et du savoir-faire de la mare nostrum.
Le couple et ses deux enfants s'étaient installés au Liban en 2011 dans le but d'épandre le réseau de l'Institut méditerranéen de la certification, une entité créée dans les Marches (centre de l'Italie), par le galeriste lui-même une décennie auparavant, afin de promouvoir l'agriculture biologique au cachet méditerranéen. D'emblée, le couple avait été « foudroyé par le potentiel et la tension créative que Beyrouth exhume ».
« Cette ville se situe à la fois au carrefour et à la frontière de la création artistique. C'est un lieu où les artistes qui y débarquent sont menés à parcourir un voyage, à créer et se recréer tout au long de leur découverte et de leur rencontre avec la ville », s'enthousiasme Remo Ciucciomei.
Pour lui, Remomero (de leurs deux prénoms Remo et Vero) est ainsi née du refus du concept de « passerelle artistique ». Jumelé avec la galerie bolognaise de L'Ariete artecontemporanea, l'espace beyrouthin s'engage à transmettre à l'artiste contemporain italien – « denrée rare et trop souvent institutionnalisée » – cette « essence appétissante » présente à Beyrouth. Avec l'idée d'une création sur place, baignée dans la tension des techniques classiques italiennes à la rencontre du choc effervescent libanais. D'un mouvement artistique méditerranéen et de la fracture Orient-Occident dont Beyrouth est au cœur.

Des pâtes parfaitement imparfaites
Mais Remomero n'est pas qu'une galerie – cet appétit créatif ne se limite pas aux murs de ce qui fut leur salon, mais empreigne encore ceux de ce qui fut leur cuisine. Veronica Pecorella est née d'une lignée de restaurateurs, frioulienne de naissance mais lombardo-sicilienne de sang. Ses mains et ses yeux sont experts et témoins de l'art culinaire italien. De même que sa simplicité, sa convivialité et son originalité. Chaque semaine, l'hôtesse propose ses tagliatelles faites maison, parfaitement imparfaites et ses garnitures rapportées d'Italie, pour proposer aux gourmets libanais des mets de tradition mais aussi ses propres créations gourmandes. La galeriste ne suit pas de recettes, mais connaît le produit, en maniant l'essence, la qualité et l'art.
« Nous avons été élevés dans la découverte de l'expérience manuelle, du savoir tactile, du témoignage observationnel et les corrélations naturelles qui en découlent », remarque celui qui fut agriculteur et fermier, et qui a grandi en terres sonores, décortiquant les accordéons, dont son village en est la crèche italienne.
Soucieux d'un produit authentique et de qualité, Remo et Veronica souhaitent partager une expérience artistique bien plus humaine et terrestre que de tendance soutenue ou privilégiée, chose fréquente dans les milieux de l'art contemporain. « L'art ne naît pas des cieux mais du terrain, de la quotidienneté, des mains », définit Remo, et Veronica rajoute : « L'art c'est vivre, c'est la rencontre, mais surtout, le débat animé sur l'épaisseur des tagliatelles au déjeuner dominical en famille. »
Et la rencontre au Liban, à quoi ressemble-t-elle ? « Il faut jouer le jeu », admet Veronica. Le couple remarque et apprécie la soif des Libanais d'apprendre et de connaître davantage. Cependant, malgré la Méditerranée qui en baigne les deux rives, « cette galerie est au cœur de la tension liturgique italienne à l'encontre de l'héritage complexe libanais », victime en quelque sorte « de courants étrangers qui ont remplacé le beurre par l'huile d'olive, « Haram », confie Remo.
C'est pour affronter ce malheureux remplacement que Remomero s'investit à accueillir une série d'artistes à une touche à l'huile... d'olive. Les œuvres acrylico-philosophiques de Remo lui-même et la présentation de son ouvrage littéraire The Invisible Calligram, ainsi que la série au fusain Drawing Renaissance de Lemeh42 en ont inauguré l'année. Nabil Abou Hamad, libano-londonien et passionné de l'espace, y marquera son retour au pays natal après trente ans d'absence avec sa série Rubble, et en automne, la résidence artistique de Leonotti et Lemeh42 afin de produire une série in loco. À ces expositions s'ajoutent les projections de classiques cinématographiques italiens accompagnés d'apéritifs-dîners tous les lundis soir, tout comme les dîners en galerie les vendredis et samedis soir.

Rue d'Arménie, Mar Mikhaël, impasse du PortView Hotel, en face d'Électricité du Liban. Du mardi au samedi, de 11h à 19h.
Site : www.remomero.com
E-mail : info@remomero.com
Facebook : www.facebook.com/remomeroartgallery

Nichés dans une impasse de Mar Mikhaël et ce qui fut leur tout premier appartement libanais, Remo Ciucciomei et Veronica Pecorella racontent leur passeggiata méditerranéenne. Une promenade, ou plutôt une vie de promenades, qui les a ramenés à Beyrouth en décembre 2015, pour inaugurer Remomero, un espace de rencontres et de collisions artistiques au nom de l'héritage et du savoir-faire de...

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