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Liban - Tribune

Développer la résilience des réfugiés, oui, les intégrer, non !

Votre visite au Liban (celle du secrétaire général de l'Onu et du président de la Banque mondiale) dans ces conjonctures critiques dans lesquelles sont noyés aussi bien le Liban que son entourage, est très certainement un signe d'intérêt et de bienveillance à l'égard de ce pays. Les Libanais perçoivent cette visite comme une expression de compassion et de solidarité de la part de ces deux grandes institutions internationales, l'Onu et la Banque mondiale.
On imagine que l'un des objectifs est de voir de plus près comment les choses se passent avec un million et demi de réfugiés syriens dans un pays où les institutions publiques sont en difficulté et l'économie au bord du ravin.
À cette occasion, vous allez écouter de nombreux messages appelant à augmenter les aides allouées au Liban. Par la présente, nous voudrions en rajouter un : il faut modifier l'approche internationale à l'égard de notre pays qui a toujours été victime des turbulences de son environnement et de ses propres élans de générosité, et cela depuis la guerre en Palestine en 1948.

L'ouverture et la générosité des Libanais, et leur profond engagement – même inégal – à l'égard du monde arabe, ont conduit notre pays à partager, au-delà de ses moyens, les conséquences tragiques de tous les conflits de son environnement.
Aujourd'hui, le message récurrent de tous les acteurs internationaux est celui de... « L'intégration des réfugiés syriens dans leur société d'accueil ». Ce message est un outrage à la fois aux Syriens réfugiés et aux Libanais qui les accueillent.
Pourquoi veut-on intégrer un million et demi de réfugiés, soit le tiers de la population libanaise, dans ce pays de 10 452 km2, après le refrain récurrent lui aussi, appelant à intégrer les réfugiés palestiniens, accueillis en 1948, alors qu'Israël continue d'implanter des colonies dans leur terre natale, sous le nez de la communauté internationale ?


(Lire aussi : Mogherini à Beyrouth : L'UE n'a pas demandé au Liban d'intégrer les Syriens à son marché du travail)


Les Libanais ont accueilli spontanément, sans hésitation et sans regret, les centaines de milliers qui ont fui la guerre et la mort en Syrie. Est-ce que la solution durable est de les fixer au Liban ? Bien sûr que non ! Il faut donc changer l'approche adoptée dans le traitement de cette question. Il faut que dans tous vos discours, la priorité soit donnée au règlement politique des conflits armés, au retour dans leur pays des populations réfugiées, au recouvrement de leur dignité et à la réaffirmation de leur identité nationale. Les discours sur « les besoins en main-d'œuvre de telle ou telle économie nationale », « des besoins en croissance de la natalité dans telle ou telle société » sont de nature à humilier les populations réfugiées en raison des guerres et des conflits armées.
...« Développer la résilience des populations réfugiées, développer les capacités des jeunes réfugiés dans la perspective de la reconstruction de leur pays... » Telle doit être l'approche internationale amicale.

Appuyer l'économie libanaise pour créer des emplois aux réfugiés syriens est un piège pour les deux peuples.
Bien avant la guerre en Syrie et la guerre au Liban, des centaines de milliers de Syriens pratiquaient une migration circulaire en venant travailler dans le secteur agricole et dans celui de la construction au Liban ramenant ainsi dans leur pays une remise importante à la fois pour leurs ménages et pour leur économie, tout en contribuant dignement à la croissance économique du Liban. Ces deux secteurs sont toujours réceptifs et peuvent accueillir des centaines de milliers de travailleurs. Bien évidemment, il faut absolument aider les populations réfugiées à devenir productives, mais tout en respectant rigoureusement le caractère provisoire de leur résidence et la ligne rouge de la non-compétitivité avec les Libanais.

On a assez vu ces dernières années d'enquêtes commanditées par des acteurs internationaux et des gouvernements, destinées à mesurer le degré de satisfaction des réfugiés et la qualité de leur traitement. Ces enquêtes ont toujours conclu qu'ils étaient insatisfaits et que les Libanais n'avaient pas assez fait...
Pourquoi les enquêtes ne se tournent pas vers les préoccupations des Libanais ?
Pourquoi sommes-nous toujours pointés du doigt ? Accusés ?
Les Libanais ne regretteront jamais leur élan répétitif de générosité, mais ils sont aujourd'hui largement convaincus qu'il faut réconcilier cela avec des fondamentaux : préserver la société libanaise, consolider l'État, développer notre économie et recréer l'espoir de nos jeunes dans le sens de leur pays et dans sa vocation dans cette région.
Bénis soient ceux qui se penchent sur les besoins des populations réfugiées et qui tentent de les aider. Mais ne le faites pas au détriment des autres peuples. Sinon, le Liban deviendra un couloir de transfert vers les pays du Nord, de tous ceux qu'il aura accueilli au-delà de ses moyens.

 

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commentaires (3)

QUE PEUT-IL DIGERER CE PAUVRE PAYS AVEC LE MAIGRE ESTOMAC QU,IL POSSEDE ?

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 28, le 22 mars 2016

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Commentaires (3)

  • QUE PEUT-IL DIGERER CE PAUVRE PAYS AVEC LE MAIGRE ESTOMAC QU,IL POSSEDE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 28, le 22 mars 2016

  • Merci pour la proposition!!!???? il ne manquait que cela !!????REFUS TOTAL DE L'IMPLANTATION...CA SUFFIT...MERCI ENCORE UNE FOIS...

    Soeur Yvette

    09 h 29, le 22 mars 2016

  • MERCI!!!!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 05, le 22 mars 2016

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