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À La Une - Crise

Migrants : l'UE et la Turquie tentent de boucler un accord controversé

"Je suis prudemment optimiste, mais pour parler franchement, je suis plus prudent qu'optimiste", a résumé jeudi le président du Conseil européen Donald Tusk

Le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles, le 17 mars 2016. REUTERS/Francois Lenoir

Les dirigeants de l'UE se retrouvent jeudi à Bruxelles pour finaliser un accord crucial avec la Turquie, qui suscite l'hostilité de plusieurs Etats membres, pour stopper l'afflux de migrants vers l'Europe.

Ce nouveau sommet de "la dernière chance", sur deux jours, n'abordera la brûlante crise migratoire que jeudi soir, lors d'un dîner qui s'annonce tendu entre des chefs d'Etat et de gouvernement divisés. Les Européens recevront ensuite vendredi matin le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

L'accord négocié avec la Turquie donnerait une "première chance" de trouver une solution collective à une crise migratoire sans précédent, plaide Angela Merkel, qui a joué un rôle majeur dans les difficiles tractations avec Ankara. Il ne se traduira pas par un chèque en blanc à Ankara, a assuré la chancelière allemande.
"Je suis prudemment optimiste, mais pour parler franchement, je suis plus prudent qu'optimiste", a résumé jeudi matin le président du Conseil européen Donald Tusk, chargé par les 28 de négocier avec Ankara.

 

(Lire aussi : Quand Shakespeare plaidait la cause des réfugiés)

 

Liste de problèmes
L'Union européenne, qui cherche depuis des mois à obtenir de la Turquie sa collaboration pour tarir les flux de migrants, a été surprise de l'ampleur de la nouvelle "proposition turque" lors du précédent sommet du 7 mars: Ankara se dit désormais disposé à reprendre tous les nouveaux migrants gagnant les îles grecques depuis ses côtes, y compris les demandeurs d'asile.

L'idée a de quoi séduire une Union débordée par plus de 1,2 million de demandes d'asile en 2015. Mais le contenu du projet pose de nombreux problèmes, comme celui de donner à la Turquie la clé de la frontière extérieure de l'Union, selon ses détracteurs.
"La liste des problèmes à résoudre avant que nous puissions conclure un accord est longue", a admis Donald Tusk mercredi, fixant comme "priorité absolue de s'assurer que nos décisions respectent le droit européen et international".

Au milieu d'un concert de critiques, notamment du renvoi prévu de tous les migrants vers la Turquie, l'Onu a mis en garde contre l'illégalité des "possibles expulsions collectives et arbitraires".
Mercredi, la Commission européenne a assuré que tout accord respecterait le droit, promettant que chaque demandeur d'asile se verrait garantir un traitement individuel de sa requête et des moyens de recours contre un renvoi. Aux termes du projet d'accord, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie.

 

(Lire aussi : En Grèce, le secteur touristique veut faire oublier les réfugiés)

 

Veto chypriote ?
En contrepartie de ses efforts, la Turquie obtient gain de cause sur sa demande d'une nouvelle aide de l'UE, alors qu'elle a déjà reçu la promesse de trois milliards d'euros pour faciliter les conditions de vie des 2,7 millions de réfugiés syriens fuyant la guerre et qu'elle accueille sur son sol. L'UE "se tient prête à décider un financement (...) pouvant atteindre 3 milliards d'euros supplémentaires avant la fin 2018", selon le projet d'accord.
Ankara arracherait également une accélération du processus de libéralisation des visas pour ses ressortissants, ainsi qu'une relance de ses négociations d'adhésion, bloquées par le contentieux historique avec Chypre.

"Je ne me sens pas rançonné par la Turquie", a commenté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, au journal allemand Handelsblatt, rappelant que les Européens avaient été les premiers à demander une coopération accrue avec Ankara pour stopper les flux.
En écho à Mme Merkel, qui a estimé mercredi que "l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'est absolument pas à l'ordre du jour", il a ajouté: "La Turquie n'est pas mûre pour une adhésion. Et je crois que ce ne sera pas encore le cas dans dix ans".

Les Européens doivent rassurer Nicosie, dont le veto pourrait menacer l'accord, et montrer qu'ils restent fermes face à Ankara sur les valeurs démocratiques, alors que le pouvoir islamo-conservateur turc est accusé de dérive autoritaire. Mercredi encore, le président Recep Tayyip Erdogan a réclamé la levée de l'immunité de parlementaires pro-kurdes. La veille, des universitaires avaient été arrêtés pour avoir signé une pétition en faveur de la minorité kurde.

Alors que des dizaines de milliers de migrants sont coincés en Grèce après la fermeture de la route migratoire des Balkans, Mme Merkel a aussi critiqué mercredi le manque de solidarité de certains pays européens.
La tension reste en effet palpable à la frontière gréco-macédonienne, où sont bloqués, dans des conditions très difficiles, des milliers de migrants depuis la fermeture de la "route des Balkans".
Et les migrants utilisent aussi d'autres routes pour se rendre en Europe. Plus de 2.400 d'entre eux ont été secourus depuis mardi au large de la Libye et trois corps récupérés.

 

 

 

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