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Économie - Énergie

Des panneaux photovoltaïques à même les façades

Un projet pilote d'énergie solaire intégré au bâtiment vient d'être achevé à l'Institut de recherche industrielle, une première au Liban.

La production électrique libanaise est composée à 96,7 % d’énergies fossiles, selon la Banque mondiale. Photo DR

Malgré quelques initiatives phares comme le Beirut River Solar Snake (BRSS) – un champ de panneaux solaires long de 300 mètres sur le fleuve de Beyrouth d'une capacité d'un MWh –, opérationnel depuis avril dernier, ou encore l'ABC, qui a placé 4 000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques sur son toit en juin dernier ;
le Liban reste toujours à la traîne en matière d'énergie renouvelable. Cette dernière, quasi exclusivement solaire, ne représente qu'environ 3 % de la production électrique, qui reste composée à 96,7 % d'énergies fossiles, selon la Banque mondiale.

Pas de quoi décourager les bailleurs de fonds internationaux qui multiplient les initiatives pour développer le secteur. Dernière en date, l'installation – achevée cette semaine – de panneaux photovoltaïques « intégrés au bâti » sur l'immeuble de l'Institut de recherche industrielle (IRI). « Nous avons installé des panneaux solaires intégrés au bâtiment, qui nous permettent à réduire de 30 à 40 % notre facture énergétique, pour une production maximale de 30 kWp (kilowatt-crête) d'électricité », explique Nagi Abi Zeid, directeur du projet Foster in Med à l'IRI.
Le projet s'inscrit dans le cadre du programme Foster in Med (FOstering Solar TEchnology in the MEDiterranean) lancé il y a trois ans dans le but de démocratiser l'utilisation de panneaux photovoltaïques au Liban et sensibiliser le public à l'utilisation d'énergies renouvelables. Intégrant six pays (Égypte, Italie, Jordanie, Liban, Espagne et Tunisie), Foster in Med a été financé par l'IEVP CT Med – une initiative de l'Union européenne – pour une enveloppe globale de 4,5 millions d'euros et se poursuivra jusqu'au 31 mai 2016 – la part d'investissement revenant au Liban n'a pas été communiquée.

Ce programme se concentre surtout sur l'installation de panneaux photovoltaïques « intégrée au bâti » – de son acronyme anglais BIPV. « Au lieu d'ajouter les panneaux sur le toit de l'édifice, avec le BIPV, les panneaux solaires se substituent à un élément de construction, au toit, au revêtement de façade ou à un parapet », explique Nicola Nieddu, coordinateur général du programme Foster in Med.


(Lire aussi : Efficacité énergétique : le Liban se donne encore 5 ans pour se rattraper)

 

Architecture verte
Cette nouvelle technique présente quelques intérêts comparatifs par rapport à l'utilisation traditionnelle des panneaux solaires. Premièrement, en plus des économies d'énergies réalisées par le produit lui-même, le positionnement des panneaux devant la façade permet de réduire ultérieurement la consommation d'électricité : « Avant la façade en verre de l'immeuble réchauffait les couloirs, maintenant, ces nouveaux panneaux créent de l'ombre, ce qui nous permet de réduire l'utilisation de l'air conditionné », détaille Nagi Abi Zeid. Deuxièmement, « cela permet de réduire les pertes liées à la distribution et à la transmission d'électricité », explique Nicola Nieddo. Troisièmement, le choix de plus en plus large de la couleur, le degré de transparence ou de taille de ces panneaux permet d'en faire un atout architectural. Enfin, sur des constructions neuves, les modules solaires se substituant aux matériaux traditionnels de construction permettant ainsi d'économiser sur leur coût.

Mais « il est idéal d'imaginer ce type d'installation lors de la phase de conception du bâtiment, plutôt que de l'intégrer à un bâtiment déjà existant, car cela coûte très cher. Dans tous les cas, ces installations coûtent beaucoup cher que des panneaux solaires traditionnels », rapporte Pierre Khoury, PDG du Centre libanais pour la conservation de l'énergie. Dans le cas de l'IRI, l'installation du BIPV a coûté environ 2 750 dollars par kWh installé, contre environ 1 200 dollars pour un panneau solaire traditionnel. « Ce qui coûte le plus cher, c'est la structure métallique qui permet d'intégrer ces panneaux au bâtiment déjà existant », explique Nagi Abi Zeid.


(Pour mémoire : Électricité : une année sombre malgré quelques éclaircies)

 

Tendance
De fait, le marché mondial du BIPV devrait croître de 17,8 % annuellement jusqu'en 2019, selon un rapport du Transparency Market Research publié en 2014. « À l'étranger, la nouvelle tendance c'est d'utiliser ce type d'installations pour équiper des aménagements urbains, comme des trottoirs ou des autoroutes », explique Pierre Khoury.
Pour l'instant, seul le luxueux projet résidentiel 20|30 de la société Jamil Saab & Co., situé à Achrafieh, utilise ce type d'installation, choisissant de recouvrir l'une de ses façades de panneaux photovoltaïques afin de produire sa propre énergie. Le projet, initialement prévu pour 2015, devrait être achevé d'ici à quelques mois.
Pour inverser la tendance, outre ce projet pilote, le programme Foster in Med a également lancé une campagne de sensibilisation au photovoltaïque au sein de 10 écoles libanaises – soit 600 adolescents –, en sus de la production d'un guide du BIPV et de la formation de 40 designers et installateurs photovoltaïques. « Ces formations ont eu tellement de succès que nous envisageons de les continuer après la fin du projet », explique Nagi Abi Zeid.

 

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