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À La Une - syrie

Pour nombre de Syriens, "rien ne va changer" après la trêve

La méfiance est si profonde entre les deux bords que certains évoquent déjà un échec de l'accord.

A Alep comme à Damas, des Syriens loyalistes et antirégime, peinent à croire que l'accord de trêve prévu pour débuter samedi fera vraiment taire les armes. AFP / AMER ALMOHIBANY

A Alep comme à Damas, des Syriens loyalistes et antirégime, endurcis par près de cinq ans de guerre sanglante, peinent à croire que l'accord de trêve prévu pour débuter samedi fera vraiment taire les armes.
La méfiance est si profonde entre les deux bords que certains évoquent déjà un échec de la trêve, s'accusant mutuellement de mauvaise foi.

"Les combats ne s'arrêteront pas et rien ne va changer sur le terrain", affirme à l'AFP Mohammad Najmeddine, un militant dans le quartier rebelle d'Ansari dans l'est d'Alep, la métropole divisée par la guerre depuis plus de trois ans. Cette proposition de cessez-le-feu, "c'est comme une piqûre d'anesthésie pour le peuple syrien" après près de cinq ans de morts, de destructions et d'exodes, ajoute le jeune homme sur un ton désabusé.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé lundi par les Russes et les Américains et qui doit entrer en vigueur samedi, exclut les groupes jihadistes de l'Etat islamique (EI) et le Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie) ainsi que d'autres groupes "terroristes" non identifiés.
Les militants estiment que le régime de Bachar el-Assad en profitera pour continuer à frapper les rebelles, considérés comme "terroristes" par Damas à l'instar des jihadistes.
"Demain, (le régime et ses alliés) bombarderont la ville d'Alep sous prétexte qu'il y a al-Nosra", affirme Mohammad, alors que les rebelles non jihadistes sont majoritaires dans la métropole.

(Lire aussi : Syrie : pourquoi l'accord russo-américain risque (encore) d'échouer ?)

 

"Vouée à l'échec"
A Boustane al-Qasr, autre quartier rebelle dévasté par les bombardements aérien du régime, Waël renchérit. "La trêve est vouée à l'échec", dit cet employé dans une imprimerie. "La souffrance du peuple syrien va durer, les sièges ne seront pas levés et les aides n'arriveront pas".

Même son de cloche chez les insurgés. "Par la suite, ils vont exclure notre groupe (...) l'accord échouera", affirme à l'AFP Abo Abdo al-Assir, un commandant au sein d'Ahrar al-Cham.
Cet influent groupe rebelle islamiste est un des alliés d'al-Nosra, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), d'où l'armée a été chassée en 2015.

L'accord russo-américain intervient au moment où la rébellion est grandement affaiblie après une offensive d'envergure de l'armée appuyée par l'aviation russe dans la province septentrionale d'Alep.
"Rien n'a changé et rien ne va changer", affirme à l'AFP Mamoun al-Khatib, militant de Marea, un des derniers bastions rebelles dans cette province. "Depuis le début de sa campagne, la Russie a prétendu frapper l'EI et Al-Nosra alors que 90% de ses raids ont visé les régions des révolutionnaires", ajoute-t-il.
"Il n'y aura pas de cessez-feu car le régime et ses alliés russes ne le respecteront tout simplement pas", confie Dia al-Hariri, militant de longue date de Deraa (sud), berceau de la révolte contre Bachar el-Assad.


"Trop divisés"
Dans le camp loyaliste, la méfiance à l'égard de la partie adverse est tout aussi palpable.
"Je ne suis pas optimiste car il y a eu à plusieurs reprises une violation de la trêve de la part des hommes armés", assure à Damas, Ziad, un employé de 39 ans.
En 2012, l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe Kofi Annan est parvenu à une trêve qui a volé en éclats en quelques heures. Et en 2015, l'actuel envoyé pour la Syrie Staffan de Mistura a conçu un plan de cessez-le-feu pour la ville d'Alep qui est resté sur le papier.

Dans les souks de la capitale, Toufiq al-Cheikh Attiyé, 42 ans, affirme que les forces anti-régime sont trop divisées pour respecter un cessez-le-feu. "Malheureusement, les autres parties ne sont pas capables de se décider entre elles", déplore-t-il. "Une partie peut accepter la trêve mais une autre dira +nous ne sommes pas concernés+. C'est comme cela que le cessez-le-feu va échouer", ajoute cet employé dans l'assurance.
Et pour Rana, pharmacienne de 54 ans dans la capitale, l'accord n'apportera pas la paix.
"Il y a eu des annonces de cessez-le-feu dans le passé et nous n'avons vu aucun résultat sur le terrain".

 

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A Alep comme à Damas, des Syriens loyalistes et antirégime, endurcis par près de cinq ans de guerre sanglante, peinent à croire que l'accord de trêve prévu pour débuter samedi fera vraiment taire les armes.La méfiance est si profonde entre les deux bords que certains évoquent déjà un échec de la trêve, s'accusant mutuellement de mauvaise foi."Les combats ne s'arrêteront pas et rien...

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