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Économie - Loisirs

Les maisons d’hôte, fer de lance du tourisme rural au Liban ?

En lançant – en partenariat avec l'Usaid – un site regroupant des offres de maisons d'hôte, le ministère du Tourisme veut donner un coup de pouce à l'un des marchés les plus prometteurs du secteur.

La demande pour les maisons d’hôte provient surtout d’une classe moyenne urbanisée en quête d’« authenticité » et de ruralité. Photo D.R

Lancé le 16 février, le site de l'association Diyafa – hospitalité en arabe – regroupe trente maisons d'hôte, 181 chambres et permet aux visiteurs d'effectuer des réservations en ligne. Les photos sont nombreuses, les descriptions personnalisées au maximum : « Passionné de nature et de cuisine, Joseph prépare des produits organiques directement de sa ferme », peut-on ainsi lire à propos d'une des maisons d'hôte située à Douma. La création de ce site s'inscrit dans la stratégie nationale de promotion du tourisme rural, lancée par le ministère du Tourisme début 2014 pour cinq ans. Hébergeant gratuitement les maisons d'hôte, il a été développé entre 2013 et 2015 par l'ONG Anera et financé par le programme LIVCD de l'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) à hauteur « de 250 000 à 300 000 dollars », selon Mayssoun Korban, chef de projet à Anera.

Selon un rapport sur la stratégie nationale du ministère, le tourisme rural propose aux visiteurs « de se familiariser avec une manière de vivre authentiquement rurale qui est indisponible dans un environnement urbain et où la population locale est impliquée dans la gestion des activités touristiques pour son bénéfice social, économique et culturel ». Il vise principalement les Libanais vivant dans le pays, qui ont l'avantage d'être peu sensibles à l'instabilité régionale, note un rapport de l'Usaid publié en février 2014. « La part précise du tourisme rural dans le tourisme global n'est pas connue. La majorité des hôtels sont à Beyrouth (46 %) et le long de la côte (29 %) », ajoute le rapport. Le tourisme rural s'appuie en majeure partie sur les maisons d'hôte, qui peuvent proposer 10 chambres au maximum et servent le plus souvent de la gastronomie locale. « Nous proposons des visites de vignobles à nos clients et nous ne servons que des vins locaux dans notre restaurant », explique Irène Alouf de Beit el-Kroum, à Zahlé. Selon les estimations des professionnels du secteur, il existe aujourd'hui entre 40 et 100 maisons d'hôte.


(Pour mémoire : Malgré la crise, le tourisme alternatif se développe au Liban)

 

Explosion de l'offre
Bien que les statistiques officielles soient inexistantes, les professionnels du secteur s'accordent à dire que la demande augmente et provient surtout d'une classe moyenne urbanisée en quête d'« authenticité » et de ruralité. « Depuis 3 ans, le nombre de maisons d'hôte double annuellement. La demande, elle, a augmenté de 25 % par an sur la même période », affirme Orphée Haddad, fondateur de L'Hôte libanais, entreprise privée qui regroupe 14 maisons d'hôte et une boutique-hôtel situées à 88 % en dehors de Beyrouth. « Jusqu'à très récemment, nous étions vus comme un phénomène marginal, et maintenant nous sommes considérés comme partie intégrante de l'économie », se félicite-t-il. « Toutefois, cette offre était jusqu'à aujourd'hui surtout concentrée dans le haut-de-gamme, qui a le mérite d'attirer des clients hésitants », ajoute Orphée Haddad.

Mais selon Kanj Hamade, consultant à la LIVCD et professeur d'économie rurale à l'Université libanaise, il existe aussi une forte demande pour le moyen-de-gamme qui avait besoin de meilleurs outils de marketing. Par exemple, l'éco-lodge de Taanayel (Békaa) a connu une augmentation de 70 % de sa clientèle entre 2014 et 2015, selon Marine Jouanneau, assistante responsable du programme tourisme d'arcenciel, qui gère la maison d'hôte. Le week-end, un couple peut ainsi payer 100 dollars la nuit – petit-déjeuner inclus – pour une chambre dans une ferme traditionnelle avec des matelas en laine posés à même le sol. Le lancement de Diyafa, où le prix des chambres commence à 33 dollars la nuit et monte à 200 dollars, devrait permettre de stimuler ce secteur.

Reste un défi de taille : l'instauration de standards de qualité. Les procédures de contrôle publiques de l'unique décret qui régule les maisons d'hôte – numéro 6298 de 2011 – ne sont pas appliquées, selon les professionnels interrogés par L'Orient-Le Jour. « Le flou dans les exigences de qualité peut entraîner des déceptions de la part de la clientèle et le risque serait qu'elle rejette le modèle en bloc », remarque Orphée Haddad, qui a développé de son côté un label qualité spécifique au réseau de L'Hôte libanais. La LIVCD et Anera ont mis en place des standards internes afin de professionnaliser le secteur : hygiène, gestion de la maison d'hôte, relation avec les habitants du village, marketing... « Notre objectif à l'avenir est de mettre en place une procédure d'audit de ces standards de qualité », espère Mayssoun Korban.

 

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Lancé le 16 février, le site de l'association Diyafa – hospitalité en arabe – regroupe trente maisons d'hôte, 181 chambres et permet aux visiteurs d'effectuer des réservations en ligne. Les photos sont nombreuses, les descriptions personnalisées au maximum : « Passionné de nature et de cuisine, Joseph prépare des produits organiques directement de sa ferme », peut-on ainsi lire...

commentaires (2)

Fer de lance ..c'est beaucoup dire ...mais dans la plupart des pays, ce genre d'initiative est porteuse de revenus tant économiques..et/ou d'échanges humains...

M.V.

15 h 49, le 23 février 2016

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Commentaires (2)

  • Fer de lance ..c'est beaucoup dire ...mais dans la plupart des pays, ce genre d'initiative est porteuse de revenus tant économiques..et/ou d'échanges humains...

    M.V.

    15 h 49, le 23 février 2016

  • excellente initiative . on va s'y brancher .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 07, le 23 février 2016

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