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Économie - Liban - Développement

Les microentreprises, un vecteur d’émancipation des femmes rurales au Liban

Plus d'une centaine de femmes de 159 villages libanais ont bénéficié d'un programme de formation pour faciliter la création et la gestion de microentreprises. Une initiative qui vise à améliorer leur insertion socio-économique tout en développant l'activité touristique de ces régions.

Environ 180 femmes ont bénéficié des sessions de formation à la gestion entrepreneuriale menée par l’IMS. Photo DR

Le tissu économique rural est presque intégralement composé de microentreprises, soumises à de nombreuses difficultés. A fortiori lorsque ces entreprises sont gérées par des femmes. Par exemple, alors que 64 % des hommes entrepreneurs de la région ont accès à un crédit bancaire, le ratio tombe à 48 % pour leurs homologues féminines, selon une étude publiée en 2009 par la Commission sociale et économique des Nations unies pour l'Asie de l'Ouest (Escwa).

Au Liban, la majorité des 400 femmes microentrepreneuses présentes dans les cazas de Jbeil, Batroun, Bécharreh et Der el-Ahmar ont un revenu moyen inférieur à 1 000 dollars par mois, d'après une étude menée en 2010 par l'ONG Promotion et développement social (Prodes). Pour leur permettre de se développer, cette association a lancé, avec l'ONG espagnole Onay, un programme de formation consacré à la promotion sociale et économique de la femme libanaise en milieu rural. Financé par l'Union européenne à hauteur de 640 000 euros, ce programme triennal s'est achevé en juin 2015. Il a permis de former 130 de ces microentrepreneuses à la gestion managériale et financière, à travers 25 heures de sessions intensives dispensées à l'Institute of Management and Services (IMS) – le centre de formation géré par Prodes à Maad, dans le caza de Jbeil. Parallèlement, un autre volet a permis de former sur deux ans 51 jeunes femmes aux métiers du tourisme afin qu'elles puissent créer à leur tour leur microentreprise.

Profiter du tourisme rural
« Le programme vise à renforcer l'attractivité touristique des villages, explique Caroline Daher Khalifé, coordinatrice du module « ligne entrepreneuriale » du projet. Avec la création de gîtes, de restaurants, de commerces de produits du terroir, de guides locaux... ces formations permettront de professionnaliser les services touristiques en milieu rural pour favoriser les créations d'emplois et diminuer l'exode rural. » Outre la maîtrise des principes élémentaires de gestion et de comptabilité, cette formation professionnelle doit aussi leur permettre de surmonter deux problématiques essentielles.

D'abord, l'extension de leur force de frappe commerciale. « La plupart des microentreprises rurales se contentent de vendre leurs produits à leurs villages ou aux villages voisins, et la promotion de ces produits se fait surtout par le bouche à oreille », explique Caroline Daher Khalifé. « La plupart des microentreprises rurales n'ont ni image de marque ni système de comptabilité ou de modèle économique. Les femmes ont donc exprimé un besoin de formation en marketing, en comptabilité et contrôle-qualité pour pouvoir accéder aux marchés des grandes villes », continue Rita Sarkis, coordinatrice du module « entrepreneuriat » du projet. Hormis la comptabilité, le programme n'a toutefois pas pu dispenser ces formations, mais a débouché sur la création d'un guide promotionnel des 400 microentreprises concernées. « Pour aller plus loin, nous les encourageons à créer leurs propres coopératives qui devraient être créées d'ici, à un an », ajoute Caroline Daher Khalifé.

Accéder au microcrédit
Le programme doit ensuite leur permettre de surmonter les importantes contraintes de financement auxquelles elles font face. « J'ai ouvert mon commerce en 2009, mais faute de fonds suffisants, je n'ai pas les moyens de le développer comme je l'entends », témoigne Naziha Chahine, propriétaire de Janna d'art, une chocolaterie-confiserie à Ibrine. Selon le sondage mené par l'IMS sur la ville de Becharré, 84 % des femmes interrogées se sont dit intéressées par le microcrédit, alors que 80 % d'entres elles n'ont pas la possibilité de remplir les conditions d'hypothèque, 90 % ne savent pas établir une étude de faisabilité ou encore 50 % n'ont pas de garant. Grâce à cette formation, une vingtaine de femmes ont eu la possibilité d'obtenir un microcrédit.

À la fin du programme, ces 130 femmes ont pu présenter leurs projets devant des professionnels et des représentants du Crédit libanais et de la BLC Bank. Ces derniers ont alors désigné les trois meilleurs projets dans chacun des villages concernés – Douma, Ibrine, Ehmej, Fatri, Der el-Ahmar et Becharré. C'est le cas de Naziha Chahine, grande gagnante de la ville de Ibrine, qui pourra bénéficier d'un crédit garanti par Kafalat dans le cadre du programme « Women Empowerment Initiative » de la BLC Bank. « J'aurai besoin de 50 000 dollars pour agrandir mon commerce, couvrir de grands événements et acheter les d'équipements nécessaires, comme une chambre froide par exemple », explique-t-elle.

 

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