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À La Une - Liban

Exportation des déchets : le gouvernement donne 24 heures à Chinook, sinon retour aux décharges

Le projet d'un pont en U pour Jal el-Dib approuvé.

Le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, chargé du dossier de la crise des déchets, au Grand sérail le 18 février 2016. Photo Nasser Trabulsi

Alors que l'exportation des déchets semble plus que jamais une solution incertaine en raison de la polémique autour d'une falsification présumée de documents, le Conseil des ministres a accordé un délai de 24 heures à la compagnie Chinook, chargée d'assurer l'exportation, afin de fournir les documents nécessaires. A défaut de quoi, le gouvernement a affirmé qu'il aura à nouveau recours à l'option des décharges sanitaires sur le territoire libanais.

Mardi, des déclarations en provenance de Moscou ont évoqué une falsification des documents présentés par la compagnie britannique chargée de l'exportation des déchets. Ce même jour, la Russie, que l'on prenait depuis plusieurs semaines pour la destination des déchets à exporter, a démenti par le biais d'un responsable de son ministère de l'Environnement avoir jamais donné son approbation à l'importation des déchets du Liban.

"L'accord sur l'exportation a tardé à se concrétiser en raison de l'incapacité de la compagnie à fournir les documents nécessaires", a souligné le ministre de l'Information Ramzi Jreige, dans un communiqué lu à l'issue de la réunion de jeudi. Il a rappelé que le gouvernement "a été contraint de recourir à l'exportation en raison de l'urgence de la situation". "Le Conseil des ministres se voit dans l'obligation d'envisager des options alternatives en cas d'échec de l'exportation. Si le délai de 24 heures accordé à Chinook n'est pas respecté, il n'y a d'autre solution que d'adopter à nouveau l'option des décharges sanitaires, approuvée le 9 septembre dernier, a déclaré M. Jreige. Dans ce cas, la commission ministérielle chargée du suivi du dossier sera appelée à se réunir samedi avant-midi afin de prendre les décisions nécessaires".

L’État a été incapable d'imposer aux régions concernées le "plan Chehayeb", du nom du ministre de l'Agriculture, qui prévoyait des décharges sanitaires, et ce en raison du refus catégorique des habitants.

Interrogé par les journalistes sur les 50 millions de dollars débloqués par le gouvernement la semaine dernière afin de financer le plan d'exportation, M. Jreige a assuré que la somme n'a pas encore été dépensée. Le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, a lui affirmé que cette somme retournerait dans les caisses de l'Etat en cas d'annulation de l'exportation.

 

(Lire aussi : Face au cafouillage total, les autorités accordent à Chinook un nouveau délai)

 

Le CDR se défend

Sous le feu des critiques, le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), chargé par le gouvernement de mener à bien le projet d'exportation, a affirmé jeudi dans un communiqué qu'il n'a à ce jour signé aucun contrat relatif à l'exportation des déchets.

"Le rôle du CDR se limite à mettre en œuvre les projets dont il a été chargé par le gouvernement", souligne l'organisme. "Il convient de rappeler que l'exportation des déchets a bénéficié du consensus des forces politiques, et le CDR n'a entrepris aucune mesure avant d'en avoir été chargé de cela par le gouvernement en date du 21 décembre 2015 (...). A ce jour, le CDR n'a signé aucun contrat avec les parties concernées par l'exportation des déchets, et il respecte le calendrier approuvé par le Conseil des ministres", ajoute-t-il.

Par ailleurs, l'avocat Ziad Ramez Khazen, chargé de la défense de Chinook, a annoncé qu'il renonçait à le faire, "en raison de la polémique soulevée le 16 février dans la presse concernant le communiqué de presse du ministère russe de l'Environnement".

Dans ce contexte, la compagnie de ramassage d'ordures Sukleen a prévenu qu'elle pourrait être incapable de ramasser les ordures de Beyrouth à partir de la semaine prochaine, en raison de la saturation du secteur de la Quarantaine où les immondices sont stockés.

 

Sur un autre plan, le gouvernement a approuvé la demande du CDR pour la construction d'un pont routier en forme de U, à Jal el-Dib, dans la banlieue-nord de Beyrouth. L'ancien pont temporaire avait été démantelé en janvier 2012, sans qu'un autre ne le remplace, au grand dam des habitants de la région.

Enfin, la question du transfert du dossier de l'ancien ministre Michel Samaha n'a pas été abordée en Conseil des ministres, "faute de temps", a affirmé M. Jreige aux journalistes.

Michel Samaha a été libéré sous caution le 14 janvier dernier par la Cour de cassation militaire après avoir purgé une peine de 4 ans et demi de prison (trois ans et demi de facto), pour avoir transporté des explosifs qui lui avaient été remis en Syrie, en vue de perpétrer des attentats au Liban, en 2012. Son procès a repris le 21 janvier. Cette relaxe a été largement critiquée, notamment dans les rangs de l'alliance du 14 Mars. Une nouvelle audience s'est tenue jeudi, mais a dû être suspendue en raison d'un malaise dont a souffert M. Samaha. Il a été transporté à l'hôpital, et une nouvelle audience a été fixée au 23 février.

Le transfert du dossier de Michel Samaha au Conseil de justice est notamment réclamé par le ministre de la Justice, Achraf Rifi. La réaction de celui-ci ne s'est pas faite attendre jeudi. "Je me prononcerai bientôt sur la question, et je prendrais des mesures", a-t-il lancé à sa sortie, sans plus de précisions. Lors de la dernière réunion du gouvernement, M. Rifi s'était retiré du Conseil pour protester contre le report de cette question.

 

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commentaires (4)

L'ego libanais est beaucoup trop grand pour garder ses propres déchêts sur son territoire. C'est un problème pédopsychatrique.

LS

19 h 58, le 18 février 2016

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Commentaires (4)

  • L'ego libanais est beaucoup trop grand pour garder ses propres déchêts sur son territoire. C'est un problème pédopsychatrique.

    LS

    19 h 58, le 18 février 2016

  • Retour aux décharges, oui ! Mais où ? A Râbïyéééh, à Äâïnéttînéééh, à Méërâââbb, à la Môkhttârâh, à K'râïttîm, à Ddâhïyéééh, à B'néchëéhhh etc. ! Où ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 26, le 18 février 2016

  • Pourquoi le gouvernement donne 24 h à Chinook et en l'attente, ne bloque pas pour la m^me période , ses transactions financières...?

    M.V.

    17 h 57, le 18 février 2016

  • LES DECHETS... ET LE TRANSPORTEUR... DEUX DOSSIERS BLOQUES PAR LES BOYCOTTEURS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 33, le 18 février 2016

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