Les jeunes démocrates fraîchement inscrits pour voter succombent en masse à Bernie Sanders, sénateur de 74 ans aux sept petits-enfants, posant à sa concurrente Hillary Clinton un problème de taille au moment où la course à la Maison Blanche se resserre. L'ancienne First Lady et secrétaire d’État, qui tente pour la seconde fois de conquérir la présidence américaine, a dû admettre qu'elle avait besoin de mieux communiquer avec les jeunes électeurs.
En effet, dans les sondages, le sénateur du Vermont écrase Hillary Clinton chez les démocrates de moins de 30 ans. Selon une enquête d'opinion de l'université du Massachusetts/Lowell publiée vendredi, il est soutenu par 89% des jeunes votant dans le New Hampshire, où les primaires se tiennent mardi. Lors de la primaire lundi dans l'Iowa remportée sur le fil par Mme Clinton, il a engrangé 84% des suffrages des électeurs âgés de 17 à 29 ans.
Les raisons fréquemment citées pour ce succès: son projet de "révolution politique" visant à limiter l'avidité de Wall Street et les dons des milliardaires dans les campagnes électorales, à fournir une assurance santé universelle et une scolarité universitaire publique gratuite, ou encore à légaliser le cannabis.
De nombreux étudiants de l'université du New Hampshire, où les frais de scolarité avoisinent 17.000 dollars par an, s'identifient à ce message mais certains s'interrogent sur sa capacité à tenir ses promesses.
"C'est à coup sûr très intéressant d'entendre Bernie Sanders et sa campagne tournée vers la base qui s'est presque métamorphosée en énorme phénomène", souligne Kelly Pedersen, 18 ans. Née pendant le second mandat de Bill Clinton à la Maison Blanche, elle confie pencher pour les démocrates avant ce qui sera son tout premier vote. "La dette étudiante est une partie importante de nos vies", relève-t-elle auprès de l'AFP. "C'est peut-être un homme beaucoup plus vieux mais ce qui fait écho chez la plupart (des jeunes) c'est qu'il pense à notre génération parce qu'il sait que nous sommes l'avenir."
(Pour mémoire: L'affaire des emails ressurgit au pire moment pour Hillary Clinton)
"Très belle histoire"
Pour Kendre Rodriguez, 21 ans, il est très facile de comprendre l'appel de Sanders, en particulier dans son fief de la Nouvelle Angleterre (nord-est). "Il raconte une histoire vraiment très belle et mener une bonne campagne politique dépend en partie de votre réussite à entrer en symbiose avec l'opinion", estime cette étudiante en commerce.
L'une des critiques les plus fréquentes adressées à Hillary Clinton porte sur le fait que son message concernant l'expérience met trop l'accent sur elle-même, tandis que Bernie Sanders consacre davantage de temps à dire aux électeurs ce qu'il va faire pour eux. Un sondage de l'université Quinnipiac place vendredi les deux rivaux au coude à coude au niveau national, avec 44% pour elle et 42% pour lui et 11% d'indécis. En décembre, elle avait 30 points d'avance.
D'Mahl McFadden, étudiant de 22 ans dans le domaine sportif et indépendant au niveau politique, hésite entre Bernie Sanders et Marco Rubio, le jeune sénateur de Floride en plein essor chez les républicains.
Qu'apprécie-t-il chez Sanders ? C'est un "mec cool". "Il semble vraiment s'intéresser aux gens", explique cet admirateur du président Barack Obama, particulièrement critique à l'égard de Mme Clinton et de Donald Trump, en tête des sondages pour le camp républicain.
"J'ai beaucoup de mépris pour eux", relève-t-il. "Il y a toute une part d'elle (Hillary) que nous ne connaissons tout simplement pas. Je ne lui fais tout simplement pas confiance."
( Lire aussi : Bernie Sanders, l’empêcheur de tourner en rond d’Hillary Clinton )
"Un gros mot"
Même son de cloche chez Kyle McCrory, étudiant en russe et en relations internationales de 22 ans, concernant la candidate démocrate. Mais il a aussi beaucoup de réserves concernant M. Sanders. "Hillary semble un peu fuyante et peu digne de confiance", explique-t-il. "Elle semble très hors de propos auprès des jeunes électeurs et toutes ses tentatives pour s'en approcher semblent très artificielles."
Certes Sanders parvient à parler aux étudiants mais le jeune homme s'inquiète de ses chances de pouvoir gagner dans un pays où son "socialisme démocrate" autoproclamé inspire la défiance. "C'est un peu un gros mot aux États-Unis", relève M. McCrory.
De son côté, Jack Sullivan dit avoir une préférence pour Marco Rubio tout en reconnaissant être impressionné par l'ancienne Première dame. "Certains étudiants ne comprennent pas que si (Sanders) devient président nous allons devoir payer pour la gratuité des universités et payer aussi pour nos propres études", avance cet étudiant en marketing de 20 ans. "C'est un peu naïf tout ça."
"Beaucoup de jeunes électeurs ne saisissent pas l'aspect fiscal", abonde Nicholas Tougias, étudiant en finances et partisan de Clinton, âgé de 20 ans. "Ils ne comprennent pas que nous allons devoir payer des impôts pour payer toutes ces choses."
Lire aussi
Les admirateurs de Trump iront-ils voter pour lui ?
Michael Bloomberg, candidat improbable, mais dans tous les esprits
On pourra dire que dans ce grand bazar de clown hilarant Bernie est le seul à prendre au sérieux. Mais comme aux us le pdt n'est que le puppet des lobbyistes, attendons de le voir à l'oeuvre si on l'autorise à gagner.
11 h 48, le 07 février 2016