Le leader libanais druze Walid Joumblatt. Photo d'archives AFP/Joseph Eid
Les services de renseignements syriens ont demandé en 2010 l'assassinat du leader libanais druze Walid Joumblatt. C'est du moins ce qu'a affirmé Naïm Abbas, un homme jugé pour terrorisme, lors d'une audience devant le tribunal militaire libanais, rapporte le quotidien an-Nahar, dans son édition de samedi.
"Avez-vous planifié d'attenter à Walid Joumblatt et (à l'ancien ministre) Wi'am Wahhab au profit d'el-Qaëda ?", a demandé le juge au détenu. Ce dernier a répondu : "En 2010, les services de renseignements syriens, par le biais de l'un de leurs coordinateurs, ont demandé à Toufic Taha (un dirigeant du groupe terroriste des Brigades Abdallah Azzam, puis d'el-Qaëda, ndlr) de +frapper+ Joumblatt", a répondu Naïm Abbas.
Ce dernier, arrêté par les autorités libanaises le 12 février 2014, est un Palestinien de Aïn el-Héloué, membre des Brigades Abdallah Azzam et l'un des cerveaux de plusieurs attentats à la voiture piégée perpétrés au Liban. Peu après son arrestation, Abbas était passé aux aveux, reconnaissant avoir planifié un attentat dans la banlieue-sud de Beyrouth qui a finalement été déjoué.
Réagissant à ces aveux, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, s'est demandé : "Les aveux de Naïm Abbas marquent-ils le début d'une série d'attentats préparés par les services de renseignements syriens?". Et M. Joumblatt de poursuivre : "Comment obtenir des réponses, alors que Michel Samaha a été relaxé et que sa libération pourrait advenir bientôt?".
L'ancien ministre libanais, Michel Samaha, a été libéré sous caution le 14 janvier dernier par la Cour de cassation militaire après avoir purgé une peine de 4 ans et demi de prison (trois ans et demi de facto) pour avoir transporté des explosifs qui lui avaient été remis en Syrie, en vue de perpétrer des attentats au Liban, en 2012. Son procès a repris le 21 janvier. Une nouvelle audience est prévue le 18 février.
(Pour mémoire : Avec l'arrestation d'un membre actif d'el-Qaëda, le Liban a évité un nouveau bain de sang)
"Les Syriens (...) ont tué" François Hage
Durant son audience, Naïm Abbas a également été interrogé sur l'assassinat du général libanais François Hage, tué par une voiture piégée le 12 décembre 2007. "Je n'ai aucun lien avec cette opération", a répondu le détenu. "Le 7 décembre, je me suis rendu en Syrie pour deux jours. Durant mon interrogatoire par les SR libanais, je leur ai dit que les enquêteurs du ministère de la Défense (syrien) ont confirmé que je n'étais pas lié à l'assassinat de Hage. A mon avis, les Syriens l'ont tué car il demandait la délimitation des fermes de Chebaa (occupées par Israël et revendiquées par le Liban, ndlr), à laquelle s'opposent les Syriens".
Une nouvelle audience de Naïm Abbas a été fixée au 13 juin. Le procureur général près la Cour de Cassation, le juge Samir Hammoud, a demandé au tribunal militaire de lui remettre une copie manuscrite de l'interrogatoire de Naïm Abbas et a demandé aux SR de l'armée d'enquêter sur les déclarations faites par le détenu.
Naïm Abbas, alias Abou Ismaïl, ou Naïm Ismaïl Mahmoud, avait secrètement rejoint el-Qaëda en 2002, avant de clamer publiquement son allégeance à l'organisation en 2006. Il avait rejoint à un moment donné le groupuscule Fateh el-islam. À ses débuts, ce réfugié palestinien était membre du Fateh, avant de rejoindre, pour une courte période, le Jihad islamique qui l'avait toutefois éradiqué de ses rangs.
Dans les années 90, il a été arrêté et emprisonné pour avoir lancé des roquettes en direction d'Israël. Une fois libéré, il a basculé dans l'extrémisme avant de rejoindre les rangs d'el-Qaëda, puis de disparaître dans la nature et du camp de Aïn el-Héloué, où il était recherché depuis un certain temps. Également à son crédit, des opérations contre l'armée libanaise et les forces de la Finul. En 2012, il était parti en mission de formation de combattants en Syrie et avait pris part à des opérations en Irak.
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commentaires (11)
La mort de l'ami joumby chameleon ne profiterait à personne... pas meme à lui meme. Et puis... pas honte de publier les délires d'un terroriste qui serait dans les secrets des services Syriens?
Ali Farhat
05 h 26, le 08 février 2016