Rechercher
Rechercher

Économie - Conférence

Des banques de tous horizons à Beyrouth pour parler « femmes »

Plusieurs membres de l'Alliance bancaire mondiale pour les femmes se réunissent trois jours dans la capitale pour observer les initiatives d'un des leurs, la BLC.

Du Kenya au Laos, ces banquiers cherchent des solutions pour rentabiliser au maximum leur clientèle féminine. Photo DR

«Les femmes doivent se battre pour leurs droits. Les hommes ne vous les donneront pas – donc allez les chercher! » s'exclame Maurice Sehnaoui, PDG de la BLC Bank, devant un parterre de confrères internationaux venus passer trois jours à Beyrouth pour observer les initiatives de son établissement pour développer le marché féminin.

Ces banques sont toutes membres de l'Alliance bancaire mondiale pour les femmes (GBA en anglais), qui a choisi la BLC comme hôte de ce voyage d'étude grâce à son programme Women Empowerement Initiative, démarré en 2012 et qui offre des produits financiers et non financiers ciblés pour les femmes. Et, au-delà de la démarche militante, l'initiative aurait un réel intérêt financier... « C'est un projet d'affaire et non une lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes », clame Tania Moussallem, directrice générale adjointe à la BLC Bank et présidente du conseil d'administration de la GBA. « Les femmes sont de meilleures épargnantes, remboursent mieux leurs prêts et achètent plus de produits bancaires que les hommes », renchérit Inez Murray, directrice générale de la GBA.

Selon le site de la GBA, seulement 23 % des femmes ne remboursent par leurs crédits, contre 54 % des hommes. En Grande-Bretagne, elles épargnent 41 % de leur salaire annuel, contre seulement 23 % pour les hommes.
Samadanie Kiriwandeniya, présidente du conseil d'administration de Sanasa Development Bank, est venue du Sri Lanka : « Nous cherchons à comprendre comment rentabiliser au maximum notre clientèle féminine. Nous avons déjà 58 % de clientes qui sont nombreuses à avoir lancé une petite entreprise, et nous voulons les aider à s'agrandir. » Bounmy Sengphachan, directeur général délégué de la banque Franco-Lao (Laos), s'intéresse plutôt aux produits non financiers : mentorat, réseautage et éducation financière. « Ce que j'ai appris pour l'instant, c'est qu'il n'y a pas besoin de lancer un nouveau produit, mais qu'il faut surtout se concentrer sur une meilleure communication », explique-t-il.

 

(Lire aussi : « Les femmes sont de très bonnes clientes pour les banques »)

 

Collecte de données
Selon Inez Murray, ces types de services représentent une mine d'or en termes de base de données : « Prenons l'exemple d'un atelier de travail organisé par la BLC. Celle-ci va enregistrer les participantes pour ensuite analyser qui deviendra une cliente de la banque ou bien combien de produits bancaires elle achète si elle est déjà cliente. » La collecte de ces données est l'un des thèmes que veut aborder la BLC avec les institutions étrangères. « Elle est essentielle afin que les banques puissent monter un "business case". Mais le marché féminin est difficile à estimer, car il n'y a pas beaucoup de données au niveau macroéconomique », souligne Tania Moussallem.

Pour Philip Martin, conseiller en genre à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), « le fait que ces banques prennent très au sérieux le marché féminin est un bon signe ». Celui-ci collabore avec des banques, en Asie centrale notamment, afin de lancer des programmes similaires à celui de la BLC. « De manière générale, les femmes sont souvent dépeintes comme représentant un marché avec des particularités spécifiques – elles demandent des crédits moins importants que les hommes et les remboursent plus rapidement, car elles seraient plus soucieuses de l'avenir de leur famille. Mais il est important de faire comprendre aux femmes qu'elles ont simplement droit, tout comme les hommes, à des services adaptés à leurs besoins en tant que chef d'entreprise », nuance-t-il, avant de faire mine de s'interroger : « S'il s'avérait que les femmes remboursaient moins bien leurs dettes que les hommes, devrait-on abandonner ce type de programme ? »

 

Pour mémoire

Liban : Quand la francophonie distingue l'entrepreneuriat au féminin

Deux femmes entrepreneuses lauréates des Brilliant Lebanese Awards

Lamice Joujou, première femme d'affaires libanaise lauréate du prestigieux Stevie Award

Les femmes dans l'économie libanaise, une opportunité trop peu exploitée

Success stories : deux innovatrices libanaises racontent

«Les femmes doivent se battre pour leurs droits. Les hommes ne vous les donneront pas – donc allez les chercher! » s'exclame Maurice Sehnaoui, PDG de la BLC Bank, devant un parterre de confrères internationaux venus passer trois jours à Beyrouth pour observer les initiatives de son établissement pour développer le marché féminin.Ces banques sont toutes membres de l'Alliance bancaire...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut