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Économie - Liban - Industrie

La Régie annonce avoir réduit d’un tiers le poids de la contrebande

La Régie des tabacs & tombacs a présenté hier les résultats de sa campagne antifraude, qui a, selon elle, permis d'endiguer un phénomène qui lui coûtait jusqu'à 200 millions de dollars par an.

La conférence de presse organisée par la RLTT hier à Hadeth. Photo D.R.

Cartouches de cigarettes multicolores et boîtes de cigares dorées empilées face aux intervenants et journalistes présents... Pour présenter le bilan annuel de sa lutte antifraude, lors d'une conférence de presse organisée hier à son siège à Hadeth, la Régie libanaise des tabacs & tombacs (RLTT) a tenu à soigner la mise en scène. « Grâce à nos efforts, la part de marché de la contrebande est passée de 40 % début 2015 à 25 % à la fin de l'année », s'est félicité le directeur général de la RLTT, Nassif Saklawi. Selon la Régie, le secteur a dégagé 495 millions de dollars de revenus en 2015. Sur l'année, elle a saisi 3 000 cartouches de cigarettes et mis 800 amendes pour un montant total de 15 milliards de livres. En cas de flagrant délit de fraude, les entreprises peuvent être privées de licence et doivent payer une pénalité qui s'élève « à 10 fois le prix de vente », précise Georges Hobeika, secrétaire général de la RLTT. Les fraudeurs doivent également s'acquitter des taxes douanières et de la TVA non payées.


Pour obtenir ce résultat, la Régie a « sollicité l'aide des citoyens » à travers une campagne médiatique. Concrètement, cela s'est traduit par la distribution de primes de 2 000 livres par paquet de cigarettes saisi aux personnes qui ont informé les autorités d'une infraction, ce qui a représenté une dépense de 1,45 milliard de livres au total en 2015. En parallèle, la Régie a inspecté plus de 1 500 points de vente de tabacs – sur les 25 000 présents sur le territoire –, une trentaine d'appartements privés dans plusieurs régions du pays – Békaa, Akkar, Hermel, Tripoli, Jabal Mohsen, Dahieh, Saïda et Tyr – ainsi que des camps palestiniens, a ajouté Nassif Saklawi.

 

(Pour mémoire : La Régie produira les cigarettes de LR au Liban)

 

Impact syrien
La raison de ce renforcement de la lutte antifraude se trouve dans la hausse spectaculaire de la contrebande sur les trois dernières années, directement liée à l'effondrement du contrôle de l'État syrien sur les marchandises circulant sur son territoire. Tout comme le Liban, celui-ci détient un monopole sur la commercialisation du tabac, et les deux pays s'étaient mis d'accord afin que le prix de vente des cigarettes soit à peu près équivalent, explique M. Hobeika. « Actuellement, comme le gouvernement syrien n'est plus en mesure d'exercer son monopole, des contrebandiers peuvent faire entrer la marchandise de Syrie sans payer ni droits de douanes ni taxes. Ils peuvent donc vendre un paquet à 1 000 livres alors qu'au Liban, il coûte 3 000 livres », détaille-t-il. Faciles à reconnaître, les cigarettes vendues illégalement ne portent pas les avertissements de santé libanais. Mais la fraude comprend également des cigarettes non commercialisées par la Régie (Manchester, Mikado, Mond et Elegance, par exemple) et de faux cigares cubains, fabriqués en général en Chine. Représentant environ 5 % du marché de la contrebande, ces derniers transitent par le port de Beyrouth, tandis que les cigarettes entrent sur le territoire par voie terrestre.

 

(Pour mémoire : Les producteurs de tabac appellent l’État à soutenir le secteur)


La RLTT compte bien continuer à lutter contre la fraude, espérant à terme renouer avec les chiffres précédant 2012, lorsque celle-ci ne dépassait pas les 5 %. Pour ce faire, elle entend d'abord densifier la répression, mais, avec seulement 50 agents de contrôle, il lui faudra sans doute, selon M. Hobeika, solliciter l'aide de sociétés privées ou de l'armée.


Parallèlement, la Régie a choisi de proposer une alternative aux cigarettes syriennes bon marché : les Cedars Plus et Cedars Silver, produites localement et vendues à 1 000 livres. « Malheureusement, la demande est plus grande que la capacité de notre usine, donc elles sont revendues actuellement à 1 250 livres », déplore Georges Hobeika. Afin de réajuster le prix de ces nouvelles cigarettes, une nouvelle chaîne de production a été commandée pour l'usine de Hadeth pour un coût d'environ 5,3 millions de dollars. Elle devrait être fonctionnelle courant 2016.

 

Pour mémoire

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