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À La Une - Diplomatie

Fâchée avec ses voisins, la Turquie regarde du côté d'Israël

La politique moyen-orientale d'Ankara est "essentiellement au point mort, elle a besoin de vraies bonnes nouvelles", estime un chercheur.

La Turquie, confrontée à plusieurs querelles de voisinage et désireuse de réduire sa dépendance gazière envers la Russie, œuvre à la réparation de ses relations avec Israël, fortement endommagées depuis 2010. Ici à Ankara en Turquie, le 25 mars 2013. ADEM ALTAN / AFP

La Turquie, confrontée à plusieurs querelles de voisinage et désireuse de réduire sa dépendance gazière envers la Russie, œuvre à la réparation de ses relations avec Israël, fortement endommagées depuis 2010.

Des responsables israéliens ont annoncé jeudi soir qu'Israël et la Turquie étaient parvenus à une série d'"ententes" pour normaliser leurs relations après des négociations secrètes en Suisse. Plus mesuré, un responsable turc a indiqué vendredi que des "progrès" avaient été effectués en direction d'un "cadre" d'accord, insistant toutefois sur le fait qu'aucun accord n'avait encore été signé.

Membre de l'Otan, la Turquie a longtemps été perçue comme le principal allié régional de l'Etat juif, avant qu'un assaut meurtrier des forces spéciales israéliennes contre une flotille turque à destination de Gaza en 2010 ne brouille durablement les deux pays. Des discussions parrainées par le président américain Barack Obama avaient conduit en 2013 à des excuses du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à l'actuel chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan, sans aboutir à une réconciliation.

Les négociations actuelles sont menées côté israélien par le nouveau patron du Mossad Yossi Cohen et le porte-parole de M. Netanyahu sur le dossier turc, Joseph Ciechanover, et côté turc par le puissant sous-secrétaire des Affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu. Elles se sont accompagnées, en parallèle, d'un changement de ton apparent de M. Erdogan, qui a soutenu lundi que "nous, Israël, les Palestiniens et la région avons tous beaucoup à gagner de ce processus de normalisation".

Champion de la cause palestinienne, M. Erdogan avait il y a moins d'un an comparé le Premier ministre israélien aux "terroristes" islamistes ayant perpétré les attentats de Paris de janvier. En juillet 2014, en pleine opération "Bordure protectrice" à Gaza, M. Erdogan avait accusé l'Etat hébreu d'avoir "surpassé Hitler en matière de barbarie".

 

(Lire aussi : Mavi Marmara : Ehud Barak poursuivi en justice aux États-Unis)

 

"Changer la donne"
Ce virage sémantique intervient alors qu'Ankara est confronté à la brusque dégradation de ses relations avec Moscou après le crash d'un bombardier russe abattu par des chasseurs turcs à la frontière syrienne le mois dernier.

"Nous avons entendu à plusieurs reprises au cours des dernières années que la Turquie et Israël allaient réparer leurs relations", a souligné à l'AFP Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'UE à Ankara et chercheur à Carnegie Europe. "Cette fois, il existe de nombreuses raisons pour que les deux pays fournissent des efforts nouveaux". La politique moyen-orientale de la Turquie est "essentiellement au point mort", a poursuivi M. Pierini, "elle a besoin de vraies bonnes nouvelles".

Auteur de la devise "zéro problème avec les voisins", l'ancien patron de la diplomatie turque et actuel chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu, est confronté à plusieurs incendies aux portes de la Turquie, en Syrie et en Irak. Le dossier syrien, dans lequel la Turquie soutient la rébellion qui veut faire tomber le président syrien Bachar el-Assad, quand l'Iran lui apporte une aide militaire, a conduit à une détérioration des relations entre Ankara et Téhéran. En Irak, le déploiement de centaines de soldats turcs près de Mossoul, dans le nord du pays, a provoqué de vives tensions avec le gouvernement de Bagdad.

Et après l'incident aérien à la frontière syrienne, Moscou a pris de nombreuses mesures de rétorsion, notamment économiques. L'intransigeance du Kremlin, inquiète la Turquie, qui importe à la Russie plus de la moitié de son gaz naturel.

Justement, Israël pourrait devenir un important exportateur de gaz naturel une fois qu'aura démarré l'exploitation du gigantesque gisement de gaz offshore Léviathan, le plus important parmi ceux découverts ces dernières années au large de ses côtes.
"Le gaz israélien pourrait changer la donne pour la Turquie, alors que (le pays) est en délicatesse avec son principal fournisseur, la Russie", a souligné Ozgür Altug, économiste en chef au cabinet BGC Partners à Istanbul.

D'après des responsables israéliens, le lancement de négociations sur l'exportation de gaz israélien en Turquie est l'un des principaux points des discussions en vue d'un accord pour normaliser les relations entre les deux pays.

Selon ces mêmes responsables, la Turquie et Israël se sont entendus sur une compensation des victimes du raid israélien en 2010, le retour des ambassadeurs dans les deux capitales, l'abandon des poursuites judiciaires engagées par la Turquie contre Israël et l'interdiction d'entrée sur le territoire turc de Salah al-Arouri, haut cadre du Hamas.

 

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Des responsables israéliens ont annoncé jeudi soir qu'Israël et la Turquie étaient parvenus à une série d'"ententes" pour normaliser leurs relations après des...

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LES RELATIONS CONTRE NATURE...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 58, le 18 décembre 2015

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  • LES RELATIONS CONTRE NATURE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 58, le 18 décembre 2015

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