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À La Une - Elections

Pour la première fois, les femmes participent à un scrutin en Arabie saoudite

Peu de Saoudiennes s'attendent à être élues mais certaines pourraient entrer dans les conseils municipaux en étant nommées par le pouvoir.

Une citoyenne saoudienne glissant, pour la première voix son bulletin de vote dans l'urne, à Djeddah en Arabie saoudite, le 12 décembre 2015. AFP PHOTO / STR

Les premières élections ouvertes aux femmes, candidates et électrices, ont débuté samedi en Arabie saoudite, un scrutin perçu comme un timide progrès dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l'islam.

"Maintenant, les femmes ont une voix", a déclaré à l'AFP Awatef Marzouq, la trentaine et le visage couvert, en disant avoir "pleuré" après avoir voté dans une école de Riyad pour les élections municipales. "Ce sont des choses qu'on voit à la télévision dans d'autres pays, sans pouvoir le faire nous-mêmes", a-t-elle ajouté, alor que les chances de voir des candidates élues sont minces, voire nulles.

L'Arabie saoudite était le dernier pays à dénier à ses citoyennes le droit de vote. Ce royaume est l'un des plus restrictifs au monde pour les femmes, qui n'ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l'accord d'un homme pour travailler ou voyager.

Samedi, électeurs et électrices devaient choisir entre 6.000 candidats hommes et 900 femmes autorisées pour la première fois à se présenter. Tous briguaient un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules dans le royaume à être composées de représentants élus.

"Je pense que cette étape sera efficace et très positive", a déclaré à l'AFP Amal Badreldin al-Saouari, candidate à Riyad, alors qu'il était quasiment impossible aux journalistes de sexe masculin de s'approcher d'électrices toutes voilées et portant l'abaya, longue robe de couleur noire.
La mixité dans les lieux publics étant interdite, les Saoudiennes en campagne n'ont pu rencontrer que leurs électrices, qui sont 119.000 à s'être inscrites pour la première fois sur une liste électorale, sur près de 1,5 million d'électeurs, selon des chiffres officiels.

Des femmes ont affirmé que l'enregistrement des électrices avait été compliqué par des obstacles bureaucratiques, par un manque d'informations et par le fait que les femmes ne peuvent pas conduire pour aller s'inscrire.

 

(Pour mémoire : Les Saoudiennes se lancent pour la première fois dans la bataille électorale)

 

'Déjà gagné'
Dans un contexte où moins d'un électeur sur dix est une femme, peu de Saoudiennes s'attendent à être élues mais certaines pourraient entrer dans les conseils municipaux en étant nommées par le pouvoir, un tiers des sièges étant pourvus par désignation. "Pour vous dire la vérité, je ne me présente pas pour gagner", a confié Amal Badreldin al-Saouari, pédiatre du centre de Riyad. "Nous avons déjà gagné en nous présentant".

Pour Aljazi al-Hossaini, consultante de 57 ans qui a mené campagne principalement sur internet, "même une seule victoire (d'une candidate) serait un progrès". Pour d'autres Saoudiennes, l'expérience électorale a tourné court.

Loujain Hathloul, militante emprisonnée deux mois après avoir tenté en 2014, d'entrer dans le royaume au volant de sa voiture depuis les Emirats arabes unis a vu sa candidature rejetée. Une disqualification annulée par un comité mais seulement deux jours avant la fin de la campagne, a annoncé la militante sur Twitter, lâchant: "Ce n'est pas juste".

Nassima al-Sadah, militante des droits de l'Homme dans la ville de Qatif (est), a indiqué à l'AFP avoir elle aussi contesté en justice le rejet de sa candidature. Une électrice dans le nord-est du royaume a raconté que la candidate pour laquelle elle voulait voter avait dû se retirer face à l'opposition de dignitaires religieux locaux.
Selon de nombreux électeurs, les liens tribaux régissant la société patriarcale saoudienne demeurent le facteur clé du scrutin.

 

(Lire aussi : En Arabie saoudite, les femmes divorcées auront leurs propres cartes d'identité)

 

Timide processus
Human Rights Watch a salué ces élections comme un pas de plus vers une plus grande participation des femmes dans la vie politique, tout en soulignant que "l'Arabie saoudite continue de discriminer les femmes à travers une myriade de lois, de politiques et de pratiques".

La situation des droits de l'Homme dans le royaume saoudien, dirigé par la famille Al-Saoud, est surveillée de près par de nombreux pays occidentaux et ONG. Le timide processus d'ouverture a été engagé sous le règne du roi Abdallah (2005-2015), prédécesseur de Salmane, qui a accordé en 2011 aux Saoudiennes le droit de vote et d'éligibilité.

L'Arabie saoudite est une monarchie absolue où toutes les grandes décisions politiques sont prises au niveau de la famille royale et où aucune dissidence n'est tolérée. "Ces élections sont importantes car elles sont un avant-goût de scrutins plus importants à venir", a dit l'électeur Ahmed Soulaybi. Cependant, "il nous faudra 10 à 20 ans avant d'élire directement un Parlement".

 

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Les premières élections ouvertes aux femmes, candidates et électrices, ont débuté samedi en Arabie saoudite, un scrutin perçu comme un timide progrès dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l'islam.
"Maintenant, les femmes ont une voix", a déclaré à l'AFP Awatef Marzouq, la trentaine et le visage couvert, en disant avoir "pleuré" après avoir...

commentaires (4)

AVEC LE VISAGE DÉCOUVERT ? UNE PREMIÈRE ! QUI SERAIT ENVIÉE PAR LES FEMMES DE L'AUTRE FACE DE LA MÊME MONNAIE...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 05, le 13 décembre 2015

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Commentaires (4)

  • AVEC LE VISAGE DÉCOUVERT ? UNE PREMIÈRE ! QUI SERAIT ENVIÉE PAR LES FEMMES DE L'AUTRE FACE DE LA MÊME MONNAIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 05, le 13 décembre 2015

  • Très bonne initiative ! Courage l'Arabie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 41, le 13 décembre 2015

  • "Il nous faudra 10 à 20 ans avant d'élire directement un Parlement", avoue l'électeur Ahmed Soulaybi. Disons plutôt cinquante ou cent ans... Et l'on s'extasie devant cette "timide" avancée démocratique. Avancée indéniable : n'oublions pas, audace suprême, que les femmes saoudiennes pourront non seulement voter, mais être élues... On tremble. Que font les gardiens de la foi et des traditions ? (Il est vrai qu'en France les femmes n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944. Ce n'est pas glorieux non plus.) Question : Si elles sont élues, les saoudiennes vont-elles siéger à côtés de leurs collègues masculins ? Il paraît que non. Il ne faudrait quand même pas mettre le royaume en danger. En somme, elles peuvent voter ou être élues, mais ne devront pas se montrer, ni se mêler aux électeur, ni participer aux débats, ni conduire, etc. Allez, encore quelques siècles et beaucoup d'efforts, et l'Arabie Saoudite entrera dans la modernité, la vraie.

    Melki Elias

    19 h 35, le 12 décembre 2015

  • Bientôt j'espère qu'il y aura des urnes montées sur des chamelles. Et comme ça on pourra lire que les béaouds Seront devenus la 1ere monarchie démocratique du monde. Avec le fric sale mal acquis on peut tout surtout se moquer des occi cons.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 38, le 12 décembre 2015

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