J’ai demandé au vent

Adossée à mon banc, sur les bords de la mer,
Je contemple le vent et les montagnes fières.
Endeuillée, j'interroge cette brise légère,
Elle qui souffle et déroge aux lois de notre terre.
Peut-être connaît-elle d'où vient cette poussière,
Qui à sa voix se mêle quand elle vocifère.

« Donne-moi la raison de la mort de nos pairs,
De ce flot d'exactions qui secoue l'atmosphère.
Pourquoi ton souffle lent, parfois il s'accélère,
Pourquoi ton souffle doux, parfois il nous digère ?
Tu rapportes des mots de tous coins de la sphère,
Qui ruissellent sur ma peau en de vastes rivières.

Des rafales d'une nuit, tu as pris notre frère,
Maintenant tu t'enfuis, désolé, et tu erres.
Les chants de nos soupirs vont, se joignent à ton air.
Tu les prends et inspires, sèche nos plaies amères.
Insuffle en nous la paix, efface nos colères,
Donne-nous le repos d'un peuple qui espère. »