Le franco-libanais Ibrahim Maalouf a été retenu deux heures environ par les douaniers dans la zone de contrôle de l'Eurostar. Photo d'archives.
Depuis les attentats meurtriers du 13 novembre, les pouvoirs publics français ont décidé de muscler les contrôles dans les transports publics. C'est dans ce contexte que le trompettiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf, a été contrôlé, mardi dernier, par la police à la Gare du Nord, à Paris, alors qu'il s'apprêtait à prendre l'Eurostar pour Londres.
Jeudi, l'artiste a livré les détails de l'affaire au magazine en ligne "Clique" et la découverte qu'il a faite à l'occasion de ce contrôle : il est fiché par Interpol.
"J'ai été retenu par la police à la Gare du Nord. Il était indiqué sur leur ordinateur que mon passeport était signalé +Interpol positif+. Ils me l'ont confisqué et m'ont interrogé", explique M. Maalouf à Clique. Au bout d'un certain temps, le musicien, qui a raté deux trains et s'est vu contraint d'annuler la journée de promotion prévue à Londres, est relâché.
Mais alors qu'il est enfin dans le train, ce sont trois douaniers qui viennent le voir, lui demandant de descendre. Selon le musicien, les douaniers sont irrités parce que Le Parisien a indiqué sur son site que ce sont les douanes qui l'ont arrêté. "Le pire, c'est que sur mon post Facebook, je n'avais absolument pas écrit le mot +douane+", s'insurge l'artiste. Après une "explication musclée", les douaniers le laissent partir.
Reste que le passeport du trompettiste est effectivement inscrit chez Interpol.
"La police n'avait aucune idée de la raison pour laquelle j'avais été fiché par Interpol. Pour eux, c'est juste mon passeport qui n'était plus utilisable et par conséquent je ne peux plus l'utiliser pour voyager", précise le jeune homme qui devra donc faire un nouveau passeport. "J'espère que ça ne va pas être une galère, poursuit-il. À une époque pas si lointaine, renouveler son passeport ça voulait dire produire un document de preuve de nationalité française. Et ils n'acceptaient pas la carte d'identité. C'est une administration compliquée, et pourtant, je suis un Français comme un autre".
Dans son témoignage, le musicien insiste sur le fait qu'il a vécu son interpellation "sans aucun souci" vu "l'ambiance actuelle et le sentiment de peur qui nous habite tous". "Je trouve que c'est triste d'en arriver là, mais certainement nécessaire", dit-il. Il reproche toutefois à Interpol "de faire un peu de zèle, et de s'engouffrer sur des terrains qui n'ont pas grand sens".
"Toute ma vie est sur internet, ni mes téléphones ni mes ordinateurs ne sont protégés. Donc, s'ils veulent savoir où je suis, quand, ce que je fais... ils peuvent le faire car je n'ai rien à cacher. Pourquoi invalider mon passeport en prétendant qu'il est inutilisable depuis 2012, alors que je l'utilise sans problème depuis tout ce temps ? J'ai traversé quarante pays avec..."
Ce n'était pas la première fois que le trompettiste franco-libanais vivait ce genre d'expérience. " En France, je suis très souvent contrôlé dans la rue, dans les métros... Un jour, je me suis même fait arrêter dans le taxi, par un commando de CRS, en mode car jacking. Lorsque je leur ai demandé pourquoi ils s'étaient comportés ainsi, ils m'ont dit que je ressemblais à quelqu'un qu'ils recherchaient..."
Lire l'intégralité du témoignage d'Ibrahim Maalouf ici
Craintes d'un « Patriot Act » à la française après les attentats de Paris
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Un souvenir de 40 ans : J'allais avec un ami Français de souche par le train pour passer un weekend à Genève. A l'arrivée,je présente ma carte d'identité française à la police suisse. Le policier laisse passer mon ami et me fouille de la tête aux pieds d'une manière insistante... Je lui ai demandé : Mais pourquoi toute cette comédie ? Il m'a répondu : Vous êtes né au Liban, vous êtes automatiquement suspect.
Un Libanais
13 h 24, le 20 novembre 2015