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Liban - Témoignage

« Juste au moment où elle commençait à croire que la chance souriait à sa famille, l’explosion a pulvérisé Leyla »

Leyla Mazloum, une des victimes de l’attentat de Bourj Brajneh. D. R.

Leyla Mazloum Tleiss, âgée d'une quarantaine d'années, était rentrée au Liban, en provenance des États-Unis, il y a dix jours seulement. Ses trois enfants lui manquaient énormément. Elle, qui était en voyage chez son fils aîné pour finaliser le processus de naturalisation aux États-Unis, avait décidé de rentrer au Liban dès qu'elle avait appris que sa demande avait été acceptée par les autorités américaines.
« Elle venait annoncer la bonne nouvelle à ses enfants : les papiers sont presque prêts et ils pouvaient rêver de jours meilleurs loin de la situation de crise qui assombrit leur quotidien au Liban et qui ne présage rien de bon pour l'avenir des jeunes Libanais », raconte Ali, son beau-frère, bouleversé par l'émotion. Leyla est l'une des 44 victimes du double attentat perpétré jeudi soir à Bourj el-Brajneh et revendiqué par l'organisation État islamique. « Juste au moment où elle commençait à croire que la chance souriait à sa famille, l'explosion a pulvérisé Leyla, emportant avec elle ses rêves! » reprend Ali.

La famille de Leyla vit à Bourj Brajneh. « Jeudi, dans l'après-midi, elle s'est rendue, en compagnie de sa fille de 14 ans, à la pharmacie du coin afin de se procurer un médicament. Le pharmacien de service n'a pas accepté de le lui vendre car elle n'avait pas d'ordonnance. Elle était en train de se rendre chez son médecin, dans le quartier de Aïn el-Sekké, pour obtenir l'ordonnance, quand a eu lieu la première explosion. Son premier réflexe a été d'appeler les siens pour les rassurer, avant que le réseau téléphonique ne soit saturé. Elle leur a dit que, grâce à Dieu, elle était saine et sauve, ainsi que sa fille, et qu'ils ne devaient pas s'inquiéter », raconte son beau-frère. Ce furent là les derniers mots échangés avec sa famille.

(Voir aussi : Bourj el-Brajneh : le jour d'après, en images)

La seconde explosion l'a emportée. « Des heures durant, nous avons essayé d'entrer en contact avec elle », poursuit Ali, la voix étranglée par l'émotion.
« Nous ne savions pas par où commencer et quoi faire dans cette situation. Étaient-elles encore en vie? Comment fallait-il procéder et par où commencer les recherches. C'était le chaos. Dans les rues, tout le monde pleurait, on entendait des cris, des gémissements. Sur le bitume, il y avait des morceaux de corps et beaucoup de sang », poursuit-il. « Tout à coup, tous les visages se ressemblaient! Que ce soit dans la rue ou dans les hôpitaux, nous voyions l'image de Leyla et de sa fille dans tous les visages des blessés et des tués. C'était l'enfer, car nous avons espéré jusqu'au bout les retrouver vivantes », dit-il encore.

C'est à l'hôpital Bahman que la famille a fini par identifier le corps de Leyla. Sa fille, elle, était soignée à un autre étage. « Elle ne savait pas que sa mère était morte », explique Ali. « Nous ne pouvons rien dire à sa fille. Ma femme, qui est sa tante, reste à son chevet. Mais les funérailles auront lieu samedi à Brital (dans la Békaa, NDLR) et toute la famille doit y assister. Nous espérons qu'elle ne découvrira pas tout de suite la mort de sa mère, car elle a reçu des éclats dans la cage thoracique et doit être opérée. Nous lui dirons après l'opération. Mais elle demande constamment où est sa mère. C'est terrible. Elle nous brise le cœur ! » reprend le beau-frère de Leyla.

(Reportage : En état de choc, Bourj el-Brajneh tente de se relever)

Aujourd'hui, Ali a perdu tout espoir dans le Liban : « Moi aussi je vais commencer à préparer un dossier pour émigrer avec ma famille. Je pense que c'est la bonne décision à prendre, comme des milliers de Libanais l'ont déjà fait. Le terrorisme est partout au Liban et touchera toutes les communautés sans exception en profitant des divisions internes. La scène d'horreur dont ont été témoins tous les Libanais, jeudi, est suffisante pour éteindre les derniers espoirs de ceux qui croyaient encore en des jours meilleurs dans ce pays. »


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Leyla Mazloum Tleiss, âgée d'une quarantaine d'années, était rentrée au Liban, en provenance des États-Unis, il y a dix jours seulement. Ses trois enfants lui manquaient énormément. Elle, qui était en voyage chez son fils aîné pour finaliser le processus de naturalisation aux États-Unis, avait décidé de rentrer au Liban dès qu'elle avait appris que sa demande avait été acceptée...

commentaires (4)

le reve americain....ils critiquent l occident et le gran satan mais veulent tous y partir vivre...pourquoi ne choisissent ils pas la grande PERSE comme terre d exil?n est ce pas un pays genial?

HABIBI FRANCAIS

18 h 08, le 14 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • le reve americain....ils critiquent l occident et le gran satan mais veulent tous y partir vivre...pourquoi ne choisissent ils pas la grande PERSE comme terre d exil?n est ce pas un pays genial?

    HABIBI FRANCAIS

    18 h 08, le 14 novembre 2015

  • Sans aller jusqu'à des appréciations désagréables à propos des ébaubis de ce héZébbb très local, on peut cependant inférer qu'ils sont pas de ces "philosophes et penseurs" qui permettent au Nabäâh 1er d'aller aux sources d'une montagnarde société, d'une campagnarde civilisation, et de nourrir sa réflexion à lui sur les grandes tendances de sa wilâïyâh "levantine". Et de s'émerveiller, sans doute, devant les "lumières" de ses apophtegmes ou de ses syllogismes. Faut cesser de se gausser, yéënéh, même s'il plaît de rire de tout, y compris d’1 l’haSSine 1er. Abordons le sérieux de la chose. On sait, surely, que ce qui peut arriver de mieux à ce Mont-Äâmil-Ouvrier, du moins pour ceux qui prônent sa pérennité, est que le rôle de ce héZébbb sectaire soit réduit à sa + simple expression. Pour être indispensable, il lui faut demeurer, tel quel, "a-responsable" donc ! C’est 1 condition sine qua non. Fasse le ciel, dès lors mahééék, que son influence persiste dans une "non-envergure" nouvelle pareille, pour qu'on soit really persuadé de ne plus ni point lui attribuer toute once d’influence supplémentaire. La situation deviendrait intenable sinon, car il est exclu désormais d’établir des dérogations juste pour son conFort. Quitte à ce que son reste "d’influence" le soit only dans ses décombres dans les Sous-Sols. Peu leur chaut aux chïïtes Sains s’il faudra la limiter à ces salâtes qui, on ne sait trop wâââïy, ne cessent de devoir être still célébrées dans ses "husseïnïyéhs" Per(s)cées !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 08, le 14 novembre 2015

  • Même elle, la pauvre ; chïïte de surcroît ; était prête, paix à son esprit, à émigrer même chez le Grand Satan afin de ne plus subir la férule de ce héZébbb !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 12, le 14 novembre 2015

  • "Aujourd'hui, Ali a perdu tout espoir dans le Liban : Le terrorisme est partout au Liban et touchera toutes les communautés sans exception en profitant des divisions internes. La scène d'horreur dont ont été témoins tous les Libanais, jeudi, est suffisante pour éteindre les derniers espoirs de ceux qui croyaient encore en des jours meilleurs dans ce pays." ! Tout est dit. Sauf, si ce héZébbb se retire de sœur-syrie nouSSaïrîe.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 37, le 14 novembre 2015

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