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À La Une - Reportage

Les réfugiés toujours "prisonniers" dans un centre tchèque, malgré des améliorations

"Le problème, c'est que les barbelés, les patrouilles de police et la clôture, ce n'est pas pour les enfants".

Un réfugié tenant son fils, dans un train à destination de la Serbie. AFP PHOTO / ROBERT ATANASOVSKI

Des réfugiés placés dans un centre de détention tchèque, sévèrement critiqué par les autorités locales et internationales pour un traitement "dégradant" des migrants, s'y sentent toujours comme "prisonniers" malgré des améliorations effectuées.

Le Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait dénoncé le mois dernier "des conditions dégradantes" de migrants détenus dans ce centre de Bela-Jezova. Situé à 80 km au nord-est de Prague, le centre a tenté jeudi une opération de charme en ouvrant ses portes à la presse et aux diplomates en poste à Prague, pour se vanter d'améliorations effectuées.

Muhammad Shah Nazari, un étudiant afghan de 23 ans, a pourtant comparé à la prison l'établissement dans lequel il a passé 67 jours, tout en admettant lors de son entretien avec l'AFP que les conditions s'y sont améliorées cette dernière semaine. Il a raconté qu'il avait été témoin de la brutalité policière à l'encontre d'un réfugié africain: ce dernier ne s'est pas mis debout au moment où une dizaine de policiers sont entrés dans sa chambre, et il a été battu. "La police dit +vous êtes ici illégalement, vous êtes prisonniers, vous n'avez pas le droit de dire quoi que ce soit", se plaigne-t-il.

 

(Lire aussi : Berkasovo, un décor apocalyptique sur la route des migrants, à la porte de l'UE)


Enfants derrière les barbelés

Selon Prague, les migrants qui arrivent sans avoir d'abord fait une demande d'asile, doivent être retournés au premier pays d'accueil, conformément au règlement de Dublin. "Une fois placés dans les centres de détention, les réfugiés se voient empêchés de prendre la fuite avant leur renvoi", explique Katerina Rendlova, porte-parole de la police des frontières. Selon elle, les réfugiés sont très peu nombreux à demander asile en République tchèque, lui préférant l'Allemagne et d'autres pays d'Europe occidentale.

"Ce qu'on nous a montré jusqu'ici semble intéressant et les conditions semblent être raisonnablement bonnes", a déclaré jeudi à l'AFP l'ambassadrice de Grande-Bretagne, Jan Thompson. "Je n'ai pas vu de conditions dégradantes jusqu'à présent", a-t-elle ajouté.

Martin Rozumek, un avocat tchèque qui préside une organisation locale d'aide aux réfugiés, a salué une critique qui "a contribué à améliorer la situation". Selon lui, l'amélioration des conditions est aussi due à une baisse considérable du nombre de migrants détenus: ils étaient environ 700 en été, et seulement 58 dont 26 enfants, ce jeudi.

Des balançoires et bacs de sable ont été installées dans ses locaux. Le centre organise aussi des excursions et visites de théâtre. Mais un nouveau terrain de jeux et les améliorations effectuées ne "justifient nullement la rétention d'enfants derrière les barreaux", s'indigne M. Rozumek. "Le problème, c'est que les barbelés, les patrouilles de police et la clôture, ce n'est pas pour les enfants", insiste-t-il.

Muhammad Shah Nazari a payé pour son voyage en Europe 6.440 euros prêtés par sa famille, et 400 euros supplémentaires pour être pris à bord d'un camion, en Hongrie. Il a été arrêté en République tchèque, à cinq minutes de route de la frontière allemande. "Je ne sais pas ce qu'il va advenir de moi en République tchèque", a-t-il déploré.

 

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