L’armée visée par un engin explosif à Ersal au lendemain d’un attentat meurtrier

Un engin explosif a visé vendredi une patrouille de l'armée libanaise dans le quartier de Sarbil, à Ersal, dans la Békaa, au lendemain d'un autre attentat qui a visé le Conseil des ulémas du Qalamoun, dans le même village, et dont le bilan était de cinq morts et six blessés.
« Vers 11h50 ce matin, une patrouille de l'armée qui accompagnait une autre patrouille des Forces de sécurité intérieure dans le quartier de Sarbil, à Ersal, a été visée par un engin explosif placé au bord de la route. Cinq soldats ont été légèrement blessés et transportés vers les hôpitaux de la région pour recevoir les soins », a indiqué l'armée dans un communiqué. Selon une source de sécurité, cette explosion s'est produite près du lieu de l'attentat de la veille.
Alors que les ambulances se sont rapidement dirigées vers le lieu de l'attentat, l'armée s'est déployée dans le secteur de l'explosion et a tiré en l'air afin d'éloigner les curieux. La troupe a également mené des perquisitions dans plusieurs camps de réfugiés syriens près du lieu de l'attentat.
Par ailleurs, le Libanais Jamal Youssef Hojeiri et onze ressortissants syriens, soupçonnés d'appartenir à une organisation jihadiste, ont été arrêtés à Wadi Hmayed, dans le jurd de Ersal, selon un communiqué de l'armée libanaise qui a bombardé dans l'après-midi à l'artillerie lourde des positions jihadistes dans le jurd de Ersal.
Le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiri, a réagi de son côté à l'attentat en assurant à l'agence al-Markaziya la solidarité des habitants de la ville avec la troupe. « À chaque fois, la tension qui entoure le village finit malheureusement par s'y infiltrer et nous savons qui sont les personnes qui ne veulent pas la stabilité à Ersal, ils sont étrangers au village, mais nous assurons notre soutien inconditionnel à l'armée », a-t-il dit.
La veille, l'attentat-suicide perpétré également dans le quartier de Sarbil visait un groupe syrien appelé Conseil des ulémas du Qalamoun, une région de Syrie limitrophe du Liban au niveau de Ersal. Le président du comité, Osmane Mansour, a été grièvement blessé, alors que le cheikh Omar el-Halabi a été tué.
Le Comité des ulémas du Qalamoun s'occupe de questions religieuses et d'aide aux réfugiés se trouvant à Ersal, des dossiers que le groupe État islamique (EI) revendique comme étant de son ressort, selon la LBCI. Le comité ferait également office de médiateur dans le dossier des militaires libanais otages du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, qui opère également à la frontière libanaise.
La LBCI a rappelé que d'autres différends opposent le Conseil des ulémas au groupe EI, notamment sur la question des otages, vingt-cinq militaires qui sont toujours entre les mains des islamistes depuis 2014. Selon les informations relayées par la chaîne, il ne serait pas impossible que l'EI soit suspect dans cette affaire.
Le Comité des ulémas musulmans a considéré pour sa part que « Ersal est une localité libanaise occupée par des groupes takfiristes et il est du devoir de l'État de la libérer afin de sauver ses habitants qui voient leur village dirigé par des gangs terroristes qui profitent de la situation d'insécurité ». « Les camps de réfugiés syriens sont devenus des lieux où s'abritent les éléments armés », poursuit le texte. Le comité a par ailleurs invité le Hezbollah à aider l'État libanais en gardant les frontières afin d'empêcher les terroristes de s'introduire à l'intérieur du Liban.
Les habitants de Ersal et de ses environs sont sunnites, partisans de la rébellion syrienne qui lutte contre le régime du président syrien Bachar el-Assad, alors que le reste de la région de la Békaa est majoritairement chiite et un vivier pour le Hezbollah qui combat avec les forces de Damas.
Ersal accueille également plusieurs dizaines de milliers de réfugiés syriens et des combattants de la rébellion qui ont des bases dans la zone montagneuse de la frontière.