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Dernières Infos - Mort de Raïssi

La diplomatie iranienne devrait conserver sa ligne

Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président iranien Ebrahim Raisi (C) sur le site de Qiz Qalasi, le troisième barrage construit conjointement par l'Iran et l'Azerbaïdjan sur la rivière Aras, avant sa cérémonie d'inauguration le 19 mai 2024. Crédit AFP

La mort dans le crash de son hélicoptère du président iranien Ebrahim Raïssi créé une période d'instabilité au sein de la République islamique mais ne devrait pas bouleverser sa politique étrangère ni son rôle dans la région.

Le président Raïssi était considéré comme un des favoris à la succession du Guide suprême Ali Khamenei. Sa mort va donc poser un défi majeur aux instances du pays. Mais sur le plan international, les analystes tablent sur une forme de continuité. Notamment parce que la stratégie iranienne est dans les mains de l'ayatollah Khamenei et du très opaque Haut conseil à la sécurité nationale.

"Un successeur pourrait émerger, aussi conservateur et loyal au système que l'était Raïssi", estime Ali Vaez, spécialiste de l'Iran pour l'International Crisis Group. "En matière de politique étrangère, le Guide suprême et le corps des Gardiens de la révolution islamique (l'armée idéologique du régime, ndlr) vont garder la main sur les décisions stratégiques", estime-t-il sur X (ex-Twitter), anticipant "plus de continuité que de changement (...) dans une période d'incertitudes et d'enjeux élevés face aux Etats-Unis et dans la région".

Farid Vahid, expert de l'Iran à la Fondation Jean Jaurès, souligne pour sa part à l'AFP que "Raïssi était absolument en phase avec les Gardiens de la Révolution", ce qui leur "laissait beaucoup de marge et de liberté dans la région".

"Statu quo"

Avec Raïssi, "la prise de décision était très fluide parce qu'il était complètement soumis au Guide", ajoute-t-il. "La question pour les conservateurs iraniens est de retrouver quelqu'un qui sera élu (...) et qui ne leur causera pas trop de problèmes".

La mort du président intervient alors que les tensions sont montées en flèche entre Téhéran et Israël, sur fond de guerre à Gaza depuis le 7 octobre. La situation s'est enflammée le 13 avril, lorsque l'Iran a mené une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés. Téhéran soutient aussi un réseau de groupes armés au sein de "l'axe de résistance" contre Israël, avec notamment le Hezbollah libanais, le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza et les rebelles houthis au Yémen.

Jason Brodsky, expert au Middle East Institute, s'attend à un "statu quo" sur ce point. "Les Gardiens de la révolution rapportent au Guide suprême et assurent le contact avec le Hezbollah, les Houthis, le Hamas et les autres milices de la région. Le modus operandi et la grande stratégie de la République islamique restera la même", a-t-il expliqué à la BBC.

Reste le dossier nucléaire. L'Iran nie vouloir acquérir l'arme suprême, mais s'est affranchi des engagements pris dans le cadre de l'accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires, en échange d'une levée des sanctions internationales. Ce pacte, connu sous l'acronyme anglais de JCPOA, avait volé en éclats après le retrait unilatéral des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

La priorité du nucléaire

Lundi, le négociateur en chef du dossier, Ali Bagheri, a été nommé à la tête de la diplomatie iranienne à titre provisoire après le décès du ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdolahian, dans le même crash.

"La diplomatie iranienne a déjà un nouveau chef et la même priorité: les négociations sur le programme nucléaire", a commenté sur X Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Cermam). "Le programme nucléaire iranien et le processus décisionnel qui l'entoure resteront inchangés car au final, c'est le Guide suprême et le Haut conseil de sécurité nationale qui gèrent le dossier nucléaire", ajoute Jason Brodsky. Les changements, s'ils doivent intervenir, sont à anticiper à long terme.

Dans la lutte de pouvoir entre les Gardiens et le clergé, dans la réaction des Iraniens, descendus dans la rue massivement en 2022 et qui souffrent des sanctions internationales imposées à l'Iran, et dans les influences extérieures et événements régionaux qui forceraient Téhéran à s'adapter. "Raïssi était le futur Guide. Il avait le soutien de toutes les composantes du système", relève Hasni Abidi. "Ce n'est pas la disparition du président iranien qui redessine les cartes en Iran, c'est la recherche du prochain Guide suprême qui est posée".

Pour Farid Vahid, "l'Iran ne changera radicalement de politique étrangère à l'égard d'Israël, des Etats-Unis ou de son programme nucléaire que par un changement de régime". "La mort de Raïssi peut apporter quelques nuances, quelques différences, mais à l'intérieur de ce régime là, tant que le Guide est en vie et que les Gardiens sont là", aucune évolution majeure n'est selon lui prévisible. 


La mort dans le crash de son hélicoptère du président iranien Ebrahim Raïssi créé une période d'instabilité au sein de la République islamique mais ne devrait pas bouleverser sa politique étrangère ni son rôle dans la région.Le président Raïssi était considéré comme un des favoris à la succession du Guide suprême Ali Khamenei. Sa mort va donc poser un...