Photo AFP-Patrick Kovarik
La direction de la création des grandes maisons de mode et de luxe a toujours été l'objet, comme pour les équipes de foot, d'un mercato et d'un jeu de chaises musicales souvent spectaculaires. Mais jamais on n'aura vu, comme cette semaine, autant de ténors partir presque en même temps. Après le départ d'Alexander Wang de Balenciaga au lendemain de la dernière Fashion Week parisienne et la démission de Raf Simons de la création féminine Dior, le 25 octobre, Alber Elbaz annonçait mercredi soir son départ de Lanvin.
Il semblerait, selon un communiqué du créateur israélo-américain de 54 ans, que ce départ soit lié à une « décision de l'actionnaire majoritaire de la maison historique, la milliardaire chinoise Shaw Lan Wang ». Dans le même courrier, Elbaz disait « espérer pour la maison Lanvin un projet d'entreprise qui lui apporte l'élan nécessaire pour avoir l'avenir élevé qu'elle mérite parmi les grandes marques du luxe français ». Voilà qui laisse deviner une crise entre le créateur et la propriétaire de l'enseigne, basée à Taïwan.
De nombreuses rumeurs ont accompagné cette décision subite, sachant qu'après avoir redressé la plus ancienne marque de mode et de luxe française toujours en activité, Alber Elbaz manifestait, ces derniers temps, des signes de démotivation et semblait bouder les médias. Les bénéfices de la marque, après avoir explosé en 2007, affichaient une baisse sensible depuis 2013.
L'on sait que les créateurs de mode sont soumis à un rythme de production inhumain, les collections se succédant sans leur laisser le temps de vivre, ne serait-ce que pour se ressourcer et renouveler leur inspiration.
Dès la démission de Raf Simons, les rumeurs annonçaient Alber Elbaz parmi les potentiels remplaçants du directeur artistique de Dior. Mais il ne fait aucun doute que la maison Dior prendra son temps, comme elle l'a fait au lendemain du départ de John Galliano, avant de prendre une décision aussi sensible pour son identité et son propre avenir.
