Le dîner de travail de mardi soir au Quai d'Orsay aura au moins servi à inclure la France aux « vendredis de Vienne » sur l'avenir de la Syrie, dont la deuxième rencontre se tiendra demain en présence du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, si l'on en croit le premier des deux communiqués diffusés hier par son service de presse.
Autre point important de ce communiqué : un léger assouplissement de la position française sur le sort du président syrien Bachar el-Assad, puisque Paris souhaite désormais savoir tout simplement quand ce dernier quittera la scène politique, alors qu'auparavant la diplomatie française entendait exclure celui-ci de tout le processus de transition.
« J'ai réuni hier l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie (NDLR : sans aucune mention des présents ou de leur grade) pour un dîner consacré à la Syrie. Cette réunion utile a permis de préparer les réunions de Vienne auxquelles je participerai. Nous nous sommes concertés sur les modalités d'une transition politique garantissant le départ de Bachar el-Assad dans un calendrier précis, sur la nécessité de poursuivre nos efforts de lutte contre Daech en Syrie tout en soutenant l'opposition syrienne modérée, dont le rôle dans les futures négociations a été souligné. L'engagement d'un processus doit s'accompagner de changements tangibles sur le terrain, au bénéfice de la population syrienne. Nous poursuivrons nos échanges dans ce format », a ainsi déclaré M. Fabius dans le communiqué distribué hier durant la matinée par le Quai d'Orsay.
Dans un deuxième communiqué, et comme pour réaffirmer la présence française à toutes les réunions sur la Syrie, M. Fabius a annoncé qu'il a évoqué avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, « les principales conclusions conduites hier soir (mardi) à Paris » et rappelle que, selon la France, les attaques contre Daech ne doivent pas englober l'opposition modérée.
(Lire aussi : À Vienne, Moscou et Téhéran devront passer à la caisse)
De source diplomatique européenne, on apprend que les rencontres de Vienne (de vendredi dernier et de demain) pourraient se poursuivre à une fréquence hebdomadaire avec un format extensible, puisque apparemment un ministre ou un vice-ministre iranien sera présent cette fois-ci dans la capitale autrichienne. Toujours est-il que la solution politique en Syrie pourrait être mise sur les rails très rapidement à en juger par l'intensité des contacts diplomatiques actuels.
Parallèlement, il faudra s'entendre tout aussi rapidement sur le rôle de l'opposition modérée syrienne dans les futures négociations, et la nécessité de mettre fin aux souffrances des populations civiles du fait de l'usage des raids aux barils d'explosif, que l'on a coutume maintenant d'appeler les « barrel bombs ».
« Je me suis entretenu avec mon homologue russe, Sergueï Lavrov, afin de préparer les réunions de Vienne qui se tiendront vendredi. J'ai évoqué avec lui les principales conclusions des consultations que nous avons conduites avec nos partenaires, hier soir (mardi) à Paris. J'ai notamment rappelé nos trois priorités : lutter contre Daech et les autres groupes terroristes, non pas contre l'opposition modérée ; accélérer une transition de sortie qui garantisse le départ de Bachar el-Assad ; protéger les civils. À cet égard, j'ai évoqué notre intention de présenter rapidement au Conseil de sécurité une résolution interdisant les bombardements aux barils d'explosif. Nous sommes convenus de nous revoir à Vienne pour poursuivre nos échanges sur les points », précise ainsi M. Fabius.
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commentaires (5)
C'est vrai... c'est ce qu'ils veulent. Mais ce que veulent les autres acteurs, c'est que ce soit le peuple Syrien qui décide du sort de celui qui gouverne leur pays. Donc, d'un coté les mafieux argentés qui veulent se substituer aux peuples et la prétendue démocratie (dont les hyper démocrates notoires des arabies pétrilfères) et de l'autre, la légalité, la logique, la justice et un parcours démocratique réèl.
Ali Farhat
12 h 16, le 30 octobre 2015