La France a exigé mercredi des garanties sur l'objectif réel des frappes russes en Syrie, faisant état d'indications selon lesquelles Moscou n'avait pas ciblé le groupe jihadiste Etat islamique, posant des conditions pour accepter la coalition élargie souhaitée par Moscou.
L'aviation russe a mené mercredi ses premiers bombardements en Syrie à la demande du président Bachar el-Assad. Selon une source de sécurité syrienne, l'aviation russe, en coopération avec l'armée syrienne, a frappé "des positions terroristes" situées dans trois provinces de Syrie, à Hama, Homs et Lattaquié, dans le nord-ouest et le centre du pays.
"Bien sûr, il faut lutter au maximum et collectivement contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique). Et tous ceux qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus, à trois conditions", a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius lors d'une conférence de presse. "Les frappes doivent être dirigées contre Daech et les autres groupes terroristes, pas contre la population civile et l'opposition modérée", a-t-il insisté.
"Il faudra vérifier si les frappes russes menées aujourd'hui respectent cette condition", a-t-il dit, se défendant de vouloir faire un "procès d'intention" aux Russes, mais faisant état "d'indications" selon lesquelles les frappes opérées par Moscou n'avaient pas ciblé l'EI.
(Repère : Les armes déployées par la Russie en Syrie)
La localisation des frappes russes en Syrie montrent que Moscou est "davantage dans le soutien au régime de Bachar el-Assad que dans la lutte contre Daech", le groupe Etat islamique, a de son côté affirmé une source diplomatique française. Si les zones visées sont confirmées, "ce n'est pas sur Daech qu'ils (les Russes) ont frappé, c'est sans doute les groupes d'opposition, ce qui confirme qu'ils sont davantage dans le soutien au régime de Bachar el-Assad que dans la lutte contre Daech", a affirmé un responsable français, sous couvert d'anonymat.
(Lire aussi : Quelle est exactement la position de Poutine sur la Syrie ?)
M. Fabius a par ailleurs souligné qu'il faut mettre un terme "aux bombardements indiscriminés" menés par les forces syriennes. Il a réclamé devant le Conseil de sécurité "l'interdiction de l'usage en Syrie des bombardements aux barils d'explosifs et à la chlorine".
"Enfin, il faut traiter la crise syrienne à la racine et aller vers une transition de sortie qui puisse redonner espoir au peuple syrien", a-t-il déclaré.
"Le destin de ce peuple ne peut pas se limiter à une alternative de l'horreur: ou bien un régime criminel (celui du président Assad, ndlr) ou bien le terrorisme barbare", a poursuivi M. Fabius.
Paris répète que le président syrien Bachar al-Assad ne peut être considéré comme l'avenir de la Syrie.
La Russie va présenter devant le Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution antiterroriste visant à "coordonner toutes les forces qui font face à l'Etat islamique et aux autres structures terroristes".
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L'aviation russe a mené mercredi ses premiers bombardements en Syrie à la demande du président Bachar el-Assad....
commentaires (3)
Ces frappes seront son dernier chant du cygne, au Nain russe !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 10, le 01 octobre 2015