Hier à New York, le président français François Hollande s’est entretenu avec le président de la Coalition nationale syrienne. Alain Jocard/AFP
Transition : le mot est sur toutes les lèvres des principaux acteurs de la crise syrienne. Russes, Américains, Turcs, Français, Allemands et Britanniques s'accordent à dire qu'il est nécessaire de mettre en place une transition politique qui impliquerait un partage du pouvoir entre des membres du régime et des membres de l'opposition.
Le ministre allemand des Affaires étrangères a plaidé dimanche pour un gouvernement de transition en Syrie pour sortir de l'impasse et s'est posé en médiateur entre partisans et opposants d'un dialogue avec Bachar el-Assad. Le Premier ministre britannique David Cameron a également appelé dimanche à intensifier les discussions sur une transition politique.
Le président français François Hollande a réaffirmé la position de la France devant l'Assemblée générale de l'Onu en insistant sur le fait que la transition politique en Syrie doit aboutir à « un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs incluant des membres du gouvernement actuel et de l'opposition ».
L'idée ne date pas d'hier. En 2012, au moment des négociations de Genève, l'envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Kofi Annan, avait déjà présenté cette alternative comme la seule perspective de sortie de crise. Mais l'impossibilité des grandes puissances à se mettre d'accord sur le rôle qu'aurait à jouer le président syrien Bachar el-Assad dans cette transition avait étouffé le projet dans l'œuf.
Trois ans plus tard, la situation ne semble pas forcément plus propice. Même si les Occidentaux ont accepté l'idée que M. Assad pouvait rester temporairement au pouvoir, ils continuent de réclamer son départ à long terme.
De son côté, rien n'indique que M. Assad soit prêt à négocier avec l'opposition, qu'il continue de qualifier de « terroriste », et à partager son pouvoir avec elle. Rien n'indique non plus qu'il soit prêt, à terme, à négocier son départ.
(Lire aussi : Obama et Poutine affichent leurs divergences sur la Syrie)
Le précédent du Yémen
Il y a trois ans, l'administration Obama avait voulu s'allier à la Russie pour calquer sur la Syrie le plan qui a mis fin début 2012 à la présidence de Ali Abdallah Saleh au Yémen après 33 ans de pouvoir. Ce dernier s'était engagé à quitter le gouvernement après trente jours de transition – transmission du pouvoir au vice-président – en échange d'une immunité. Compte tenu de la situation actuelle au Yémen, il est clair que ce plan de transition a été un échec. Comment alors vouloir le calquer sur une situation encore plus complexe ?
Pour de nombreux analystes, l'idée même d'une transition en Syrie fait sourire. Émile Hokayem, chercheur à l'International Institute for Strategic Studies (IISS), ironisait hier dans un tweet sur la précipitation de ses confrères à écrire sur la question et à élucubrer sur les perspectives de sortie de crise en Syrie.
Même son de cloche chez le directeur du Center for Middle East Studies et professeur à l'Université d'Oklahoma, Joshua Landis, interrogé par L'Orient-Le Jour, qui estime qu'il n'y aura pas de gouvernement de transition en Syrie. « Si transition il y a, le flou règne sur qui la composera. Si Daech est détruit, et que le régime d'Assad reconquiert l'Est syrien, ce qui est clairement l'objectif de Poutine, ce sera très difficile de se débarrasser d'Assad », argumente l'expert.
Selon lui, l'idée d'une transition pose, dans l'état actuel des choses, la question de la survie du régime syrien. « Assad résume à lui tout seul l'État syrien : un État baassiste moderne dirigé par un membre de la famille Assad ces 45 dernières années. Et on ne connaît rien d'autre », ajoute M. Landis. Autrement dit, les solidarités communautaires et locales ne résisteraient pas forcément à une période de transition.
« Il n'est pas certain que l'on puisse retirer la famille Assad et préserver en même temps un État sécuritaire dominé par les alaouites. Et si vous vous débarrassez des alaouites, vous aurez alors quelque chose de complètement différent », argumente M. Landis.
Selon lui, aucune figure dominante ne se dégage au sein de l'opposition à tel point qu'il est difficile d'imaginer à quoi pourrait ressembler la fin d'un État alaouite en Syrie.
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commentaires (7)
Je ne vois personne en Syrie resistante , pouvoir remplacer le heros Bashar .... transition ou pas transition il sera a la tete de l'etat jusqu'a ce que les comploteurs se calment un peu. Et parlons de l'avenir après cette victoire . Le Phare Aoun president de la Republique du Liban libere et natibaba et ses 40 voleurs au gnouf .
FRIK-A-FRAK
15 h 01, le 29 septembre 2015