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À La Une - Crise

Les migrants affluent par milliers dans une Croatie débordée

Les dirigeants de l'UE se retrouvent mercredi à Bruxelles pour tenter de surmonter leurs divisions.

La petite gare de Tovarnik, ville croate proche de la frontière serbe, était envahie par les migrants qui cherchaient à monter dans des trains pour rejoindre Zagreb et poursuivre leur voyage. REUTERS/Antonio Bronic

Des milliers de migrants ont continué d'affluer jeudi en Croatie où les autorités avouent être débordées, maintenant la pression sur l'Union européenne dont les dirigeants se retrouvent la semaine prochaine pour tenter de surmonter leurs divisions face à cette crise.

Au total, 6.200 migrants se trouvaient jeudi sur le sol croate, a précisé Zagreb, qui s'attend à un afflux de plus de 20.000 personnes dans les deux semaines à venir et redoute une situation "hors de contrôle".
Le sommet de l'Union européenne aura lieu mercredi après-midi à Bruxelles, au lendemain d'une rencontre des ministres de l'Intérieur sur le dossier, a annoncé jeudi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Le président français, François Hollande, a mis en garde jeudi contre les "dangers" qui menaceraient l'espace Schengen si un accord n'était pas trouvé en Europe sur l'accueil des réfugiés, dans un entretien accordé à l'AFP. Selon lui, "on serait alors obligé de rétablir des postes de douane, de contrôle, également dans les moyens de transport, et ce serait la fin de Schengen au sens d'un espace contrôlé qui assurait la liberté de circulation".

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue autrichien Werner Faymann avaient demandé la tenue rapide d'un sommet pour s'entendre sur une répartition contraignante de 120.000 réfugiés et aider à résoudre la plus grande crise migratoire sur le continent depuis 1945.
Mais d'autres pays, notamment ceux de l'Est comme la Slovaquie et la Hongrie, continuent de s'opposer fermement à tout quota imposé de migrants.

Ceux-ci ont continué jeudi d'affluer par milliers en Croatie, nouvelle route vers l'Europe occidentale après le verrouillage de la frontière serbo-hongroise, théâtre la veille d'affrontements entre migrants excédés et forces de l'ordre. Dans la matinée, la petite gare de Tovarnik, ville croate proche de la frontière serbe, était envahie par les migrants qui cherchaient à monter dans des trains pour rejoindre Zagreb et poursuivre leur voyage. "Il y a entre 4.000 et 5.000 personnes ici. Les trains arrivent mais ils ne peuvent pas prendre tous ces gens", a assuré un porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) Jan Kapic.

 

(Repère : Crise migratoire en Europe : les chiffres et les principales routes )

 

'Hors de contrôle'
Face à cet afflux "les choses sont dans une certaine mesure en train d'échapper à tout contrôle", s'est inquiétée la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic. "La Croatie a fait preuve d'humanité" mais "trop de réfugiés entrent sans contrôle", a-t-elle dit.

Des volontaires de la Croix-Rouge distribuaient eau et nourriture en priorité aux centaines d'enfants et de bébés. "C'est très dur ici. Il y a tellement de gens. Nous ne savons pas ce qui se passe", témoignait Hassan Cheikh-Hassan, un étudiant en droit syrien de 25 ans. "Nous avons parlé avec la police et ils ne nous laissent pas partir", déplorait Abdullah Janabi, venu avec un groupe de jeunes Syriens originaires d'Alep. "Nous avons de l'argent et des passeports (...) mais nous sommes pris au piège ici".

Le Premier ministre croate, Zoran Milanovic, a réaffirmé que Zagreb voulait laisser passer les migrants vers d'autres pays. "Nous ne voulons ni ne pouvons les garder en Croatie. Personne ne peut nous y contraindre. Nos ressources sont limitées", a-t-il déclaré, cité par l'agence croate Hina.

A la frontière serbo-hongroise, au poste-frontière de Horgos-Röszke, environ 300 migrants étaient toujours massés jeudi sous un soleil de plomb. La tension est toutefois retombée après les violences de la veille, qui ont fait 14 blessés parmi les policiers, selon les autorités. Des migrants ont aussi fait état de blessés dans leurs rangs.

Le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est indigné des actions "choquantes" des autorités hongroises, dénonçant une politique marquée par la "xénophobie" et "l'hostilité aux musulmans".

 

(Lire aussi : Assad accuse l’Occident de duplicité sur les migrants)

 

'UE, réveille-toi!'
Après la frontière serbe, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé qu'il envisageait maintenant de faire construire des barrières aux frontières avec la Roumanie et la Croatie. L'Europe "est née pour abattre les murs, pas pour les construire", a réagi le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, dans une critique transparente de la Hongrie.

Parallèlement, en Turquie, des centaines de Syriens cherchent une porte d'entrée terrestre vers la Grèce pour rejoindre le flux des migrants sans passer par la mer où les naufrages meurtriers se succèdent. Plusieurs centaines de migrants continuaient jeudi de camper aux abords de la ville d'Edirne, frontalière de la Grèce et de la Bulgarie, bloqués par la police turque. "UE, réveille-toi, des femmes et des enfants sont en train de mourir!", proclamait l'une des pancartes brandies par ces réfugiés.

Destination rêvée par la plupart des candidats à l'exil, l'Allemagne a enregistré 9.100 arrivées sur son territoire mercredi, contre 6.000 la veille, preuve que le flux est loin d'être stoppé. Le Danemark a annoncé qu'il acceptait finalement d'accueillir, sur la base du volontariat, 1.000 des 120.000 réfugiés que l'UE veut répartir pour soulager les pays où ils se concentrent. Et le Portugal s'est dit prêt à accueillir "au moins 2.000 réfugiés" supplémentaires, ce qui porterait leur nombre à 3.500 environ. La Finlande quant à elle a annoncé un renforcement de ses contrôles des migrants à la frontière avec la Suède, après un afflux de demandeurs d'asile principalement irakiens. La Lettonie a assuré qu'elle accepterait un contingent de 576 migrants comme demandé par Bruxelles.

Quelque 500.000 personnes fuyant la guerre ou la misère, et venant principalement du Moyen-Orient et d'Afrique, sont déjà arrivées dans l'UE cette année, après de longs et périlleux voyages.

 

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