Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Commerce

L’activité du centre-ville, victime collatérale des manifestations

La multiplication des rassemblements de citoyens dans le centre-ville de Beyrouth – parfois accompagnés de violences et de dégâts matériels – pour dénoncer la gestion de la crise des déchets suscite de plus en plus d'inquiétude parmi les commerçants et professionnels du tourisme.

Pour le président de l’Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas, « les casseurs poussent les commerçants à quitter le quartier ». Archives AFP

Les manifestations successives, dans le centre-ville de Beyrouth, de milliers de Libanais ayant répondu à l'appel lancé ces dernières semaines par la société civile pour dénoncer l'incurie du gouvernement ne sont pas vues d'un très bon œil par les professionnels du quartier. « Nous appuyons les revendications légitimes des manifestants. Mais nous ne pouvons pas nier leur impact sur l'activité du centre-ville, les images des heurts entre policiers et manifestants ont été diffusées dans le monde entier, et, par conséquent, les principaux ressortissants des pays arabes sont en train de quitter le pays », déplore Nicolas Chammas, président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB). Après les manifestations du week-end dernier, les ambassades du Koweït, de Bahreïn et des Émirats arabes unis ont ainsi à nouveau demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire libanais ou d'annuler leur venue.

Fermetures
Pour la plupart des commerçants du centre-ville, la situation est devenue intenable. « Le commerce du luxe y est centralisé et le centre-ville représente la première destination commerciale et touristique du Liban. Le seul mois d'août représente 20 % de l'activité de l'année, donc c'est un tiers de l'activité commerciale qui a été perdu alors que nous comptions beaucoup sur cette saison », poursuit Nicolas Chammas. « L'activité de restauration au centre-ville au mois d'août a connu une baisse de fréquentation d'environ 50 % la journée et de plus de 80 % le soir par rapport à juillet », se désole de son côté Tony Ramy, président du syndicat des restaurateurs. « Nous avons eu des annulations pour des séjours à la fin du mois d'août, mais cela est compréhensible dans la mesure où les journaux étrangers reflètent une image négative de la situation », confirme Rita Saad, directrice des relations publiques de l'hôtel Le Gray.

À ce stade, les professionnels du quartier se disent très inquiets à l'approche des fêtes d'al-Adha qui représentent généralement une manne. « Nous pouvions nous attendre à une certaine reprise pour le 23 septembre, mais jusqu'à présent il n'y a aucune réservation venant des pays du Golfe ou des pays voisins », soupire Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers du Liban et propriétaire de l'hôtel Markazia Monroe suites. Contactée par L'Orient-Le Jour, la société Solidere n'a pour l'instant pas souhaité s'exprimer sur les retombées de cet événement.
Pour Nicolas Chammas, ce sont surtout les dégâts matériels, le week-end dernier, qui ont porté atteinte aux commerçants : « Les casseurs poussent les commerçants à quitter le quartier. » C'est par exemple ce que s'apprêteraient à faire les responsables de l'hôtel Markazia Monroe. « Lorsque les forces de l'ordre ont lancé des gaz lacrymogènes dimanche dernier, ces derniers sont entrés à l'intérieur des chambres et nos clients ont suffoqué. Nous ne pouvons plus supporter tout cela, et avons pris la décision de fermer l'hôtel à la fin de l'année. Une décision sûre à 90 % », menace ainsi Pierre Achkar.

Déclin continu
Mais au-delà de leurs dérives violentes et de leurs corollaires en termes matériels et d'images, les événements de ces dernières semaines semblent surtout avoir accentué le déclin économique résultant des retombées de la crise politico-sécuritaire locale et régionale. Outre le ralentissement global de l'activité du pays, la crise s'est notamment traduite par la désertion des touristes du Golfe qui constituaient l'une des cibles prioritaires des commerçants du quartier. « Le centre-ville n'est plus une destination, même pour les Libanais. Nous assistons à une croissance rapide des faillites dans le secteur, et la situation ne fait qu'empirer depuis 2011 », constate Tony Ramy.

La crise actuelle pourrait-elle dès lors inciter les commerçants à repenser globalement la stratégie d'attractivité du centre-ville, en la destinant à d'autres types de consommateurs ? Tel n'est pas, pour l'instant, l'avis des professionnels interrogés par L'Orient-Le Jour. « Changer de stratégie serait une erreur, compte tenu des milliards de dollars déjà investis. Le centre-ville doit rester la vitrine de Beyrouth. Mais, pour cela, il faudrait redonner confiance aux touristes et investisseurs, car je ne connais pas une personne qui voudrait investir aujourd'hui dans ce quartier », affirme Nicolas Chammas. « Nous ne voulons pas tomber dans le pessimisme, nous avons plusieurs événements prévus pour septembre et sommes certains qu'un retour à la normale va entraîner une reprise de l'activité », veut croire, pour sa part, Rita Saad.

 

Lire aussi
L'escalade, et après ?

Dérapage contrôlé, l’édito de Michel Touma

Les militants du collectif « Vous puez ! » occupent, quelques heures durant, le ministère de l'Environnement, l'article de Patricia Khoder

Entre « chaos constructif » et « chaos destructeur », la situation par Fady Noun

Chehayeb appelle les associations et les experts à lui proposer des solutions

Les manifestations successives, dans le centre-ville de Beyrouth, de milliers de Libanais ayant répondu à l'appel lancé ces dernières semaines par la société civile pour dénoncer l'incurie du gouvernement ne sont pas vues d'un très bon œil par les professionnels du quartier. « Nous appuyons les revendications légitimes des manifestants. Mais nous ne pouvons pas nier leur impact sur...

commentaires (2)

LES PROVOCATEURS DE TOUS BORDS S'EN FOUTENT AU CARRÉ... ILS SONT LÀ POUR çA... CRÉER L'ANARCHIE ET LE CHAOS...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 46, le 02 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LES PROVOCATEURS DE TOUS BORDS S'EN FOUTENT AU CARRÉ... ILS SONT LÀ POUR çA... CRÉER L'ANARCHIE ET LE CHAOS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 46, le 02 septembre 2015

  • IZA MA KIBRET MA BTZGHAR. UNE RÉVOLUTION C'EST ÇA. VOUS PENSEZ PEUT ÊTRE QUE CES FAMILLES VONT VOUS LAISSER LES CLEFS COMME ÇA SANS FAIRE DES DÉGATS À L'AMIABLE ?

    Gebran Eid

    12 h 27, le 02 septembre 2015

Retour en haut