Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Disparition

Wes Craven, la terreur caméra au poing

Le maître des films d'horreur est décédé, dimanche, des suites d'une tumeur au cerveau à l'âge de 76 ans. Le réalisateur américain savait épouvanter son public en juste quelques plans.

Wes Craven en 2000. Photo AFP/Jim Ruymen

Avec un plan serré rapide sur le combiné, et la voix innocente de Drew Barrymore, la séquence d'ouverture de Scream a fait frissonner une génération entière d'adolescent(e)s durant l'hiver 1996. Seule chez elle la nuit tombée, la jolie blonde se fait harceler par un inconnu au téléphone. Le pervers – dont le spectateur va bientôt découvrir qu'il porte un masque blanc terrifiant, bouche grande ouverte, qui rappelle Le Cri d'Edvard Munch – n'arrête pas de questionner la jeune femme à propos de son film d'horreur préféré. Avant de se faire sauvagement assassiner, le personnage joué par Drew Barrymore devine le film que le tueur adore : Les Griffes de la nuit.
Le scénariste Kevin Williamson, également auteur de la série Dawson, n'avait pas fait ce choix par hasard. C'est avec l'effrayant Freddy Krueger, visage ravagé par des brûlures et se baladant avec des gants customisés avec de tranchantes lames, que Wes Craven était revenu en force dans les années 1980. Son personnage, le réalisateur était aussi scénariste, se servait des cauchemars des adolescents afin de les assassiner. Après ce premier opus, sept autres Freddy suivront, tous fades comparés à l'original. Heureusement, Wes Craven ne sera coupable que d'un seul écart (Freddy sort de la nuit, le septième du nom).
La force de Craven résidait dans sa facilité à imaginer des mises en abyme. D'ailleurs, à la différence des autres, Freddy 7 se déroulait dans les studios d'Hollywood, et non dans Elm Street. Le réalisateur se mettait lui-même en scène, tentant de convaincre ses acteurs de l'utilité de reprendre leurs rôles respectifs.
Avec Scream, le diplômé de philosophie né dans l'Ohio trace son sillon et remet à la mode le film de slasher, c'est-à-dire un tueur en série à l'arme blanche. Son casting, David Arquette, Neve Campbell, et Courteney Cox (en pleine Friendsmania) plaît aux adolescents. Chargé de second degré, de sous-textes, voir même d'autoréférences, Scream fait du pied aux fans d'autres franchises d'horreur tels que Halloween et Vendredi 13, et plus largement à la pop culture.

« Film dans le film »
Souvent, les personnages de Wes Craven clament ouvertement leur connaissance des clichés des films d'horreur et doivent jouer avec, afin de survivre. La fameuse scène pop-corn et bières devant la télévision (Scream 1) – pendant laquelle l'un des personnages énumère les règles à respecter afin d'éviter de se faire assassiner – est un summum du genre. Aussi, le réalisateur américain continue d'exploiter le filon du « film dans le film » avec Scream 2 ou Scream 4, puisqu'il met en scène de nouveaux meurtres par l'inconnu masqué, mais sur le plateau d'un autre film d'horreur, Stab.
En quatre films, réalisés entre 1996 et 2011, le réalisateur déringardise le genre de l'horreur. Initialement une trilogie, la série Scream rapporte 600 millions de dollars de recettes dans le monde. La franchise connaît un tel succès que des gimmicks naissent autour de certaines répliques, voire même de scènes. La parodie des Scary Movies en est largemment tirée.
Déjà, en 1972, pour son premier film, La dernière maison sur la gauche, Craven n'était pas un réalisateur de film d'horreur comme les autres. Son œuvre brutale était une libre adaptation de La Source (1960) d'Ingmar Bergman. Aussi, durant toute sa carrière, le réalisateur adorait faire des caméos, à l'image d'Alfred Hitchcock. On le voit apparaître devant la caméra, de manière éclair ou franchement assumée dans plusieurs de ses films. L'un de ses derniers clins d'œil face-caméra date de 2006, dans un des segments du film Paris, je t'aime. Il y interprétait un mort. Aujourd'hui, il ne joue plus. Dans le cas contraire, Wesley Earl Craven aurait encore réussi sa mission : nous faire trembler de peur.

Avec un plan serré rapide sur le combiné, et la voix innocente de Drew Barrymore, la séquence d'ouverture de Scream a fait frissonner une génération entière d'adolescent(e)s durant l'hiver 1996. Seule chez elle la nuit tombée, la jolie blonde se fait harceler par un inconnu au téléphone. Le pervers – dont le spectateur va bientôt découvrir qu'il porte un masque blanc terrifiant,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut