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Liban - Droits de l’homme

Disparitions forcées : les familles ne lâcheront pas leur cause

Solide et le Comité des familles de personnes kidnappées ou disparues au Liban réitèrent leur appel à la formation d'une commission d'enquête nationale sur le sort des disparus.

La « tente » installée pour le sit-in des familles des Libanais disparus en Syrie, dressée dans le jardin Gibran Khalil Gibran, au centre-ville, est le symbole du combat que mènent au quotidien des centaines de familles pour que leur cause ne soit pas oubliée.

La Journée internationale des victimes de disparitions forcées, célébrée le 30 août, a été marquée cette année par des manifestations organisées dimanche par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans diverses régions libanaises, principalement à Tripoli, à Baalbeck et à Tyr.
Une cérémonie devrait se tenir également à Beyrouth, dans le jardin Gibran Khalil Gibran, place Riad el-Solh, où la tente qui y a été dressée le 11 avril 2005 témoigne du combat que mènent au quotidien des centaines de familles pour que leur cause ne soit pas oubliée et que la lumière soit enfin faite sur le sort de leurs parents disparus durant la guerre civile de 1975-1990, et pour certains même durant la période d'occupation syrienne qui l'a suivie.
Toutefois, en raison des manifestations organisées par le collectif « Vous puez ! » au centre-ville, ponctuées par des actes de violence, la cérémonie initialement prévue dans la « tente » a été reportée à une date qui sera fixée ultérieurement. Cela ne signifie pas pour autant que la cause est oubliée.

« C'est un dossier qui touche tout individu de la société libanaise, parce que les personnes disparues appartiennent à cette société », affirme à L'Orient-Le Jour Ghazi Aad, porte-parole de Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil). « À l'occasion de cette journée, nous réitérons nos revendications qui se résument à un point essentiel : la formation d'une commission d'enquête nationale qui serait chargée de faire la lumière sur le sort de ces personnes, poursuit Ghazi Aad. La création d'une banque d'ADN n'est qu'une des nombreuses démarches que cette commission devrait entreprendre dans ce sens. »

Même son de cloche chez Wadad Halawani, présidente du Comité des familles de personnes kidnappées ou disparues au Liban. « Nous n'avons pas organisé un événement, parce que nous estimons que le mouvement de la société civile, avec ses multiples revendications, nous représente, souligne-t-elle. Sans oublier que pour les familles, chaque jour est une Journée internationale des victimes de disparitions forcées, parce que la cause de ces personnes vit avec nous au quotidien. »
« Cette année, la Journée coïncidait avec le mouvement du collectif "Vous puez !", poursuit Wadad Halawani. Nous avons ressenti ce jour-là que les jeunes qui marchaient vers la place des Martyrs ont enfin senti les "effluves pestilentielles" des gouvernements qui se sont succédé depuis plus de quatre décennies ! Jusqu'à présent, les responsables de ce pays négligent notre cause, comme ils le font d'ailleurs avec celles de tout un peuple. »


(Lire aussi : Wadad Halawani, symbole de la cause des disparus de la guerre)

 

Une solution plausible
À l'occasion de cette journée, Wadad Halawani explique qu'il existe « une solution plausible, même si elle reste injuste ». « Au niveau du Conseil des ministres, il s'agit de prendre la décision de créer la banque d'ADN, insiste-t-elle. Les parents des disparus ne sont plus jeunes. Ils sont en train de s'éteindre les uns après les autres. Il est nécessaire d'avoir des évidences génétiques parce que c'est le seul moyen qui permettra, à l'avenir, d'identifier les victimes de disparition forcée. Au niveau du Parlement, il s'agit de promulguer la loi autorisant la formation de la commission nationale indépendante pour les victimes de disparitions forcées. »

Signalons dans ce cadre qu'une proposition de loi dans ce sens est actuellement à l'étude à la Chambre. C'est une compilation de deux propositions de loi, l'une présentée par Hikmat Dib, député du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, et l'autre par Ziad Kadri, député du bloc parlementaire du Futur, et Ghassan Moukheiber, député du bloc du Changement et de la Réforme.

Ghazi Aad va plus loin encore et rappelle qu'en 2012, Chakib Cortbaoui, alors ministre de la Justice, avait présenté au Conseil des ministres un projet de décret visant à former une commission nationale indépendante pour les victimes de disparitions forcées. Ce projet, rappelons-le, avait alors suscité l'indignation de certaines parties, notamment le Comité des familles des disparus au Liban, l'Association des anciens détenus en Syrie et la Fondation des droits de l'homme et du droit humanitaire, qui réclamaient une « loi » et non un « décret ».
« Ces deux textes de loi sont un exploit, indique Ghazi Aad. Nous attendons le moment opportun sur le plan politique pour relancer la question de la formation de la commission. Tous les propos qui ne s'inscrivent pas dans ce cadre ne sont que du bla-bla politicien. »


(Lire aussi : HRW demande au Liban une commission d'enquête sur les disparitions forcées)

 

Droit à la vérité
Le CICR a également insisté sur le droit des familles à connaître le sort de leurs parents disparus. « Ces familles ont le droit de mettre une fin à leur tragédie », a ainsi déclaré Jamila Hamami, chef de la délégation du CICR au Liban-Nord. Dans un discours prononcé au cours de la cérémonie organisée dimanche à Tripoli pour marquer la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, elle a rappelé que ce drame dure depuis quatre décennies. « Le gouvernement ne peut plus continuer à ajourner ce dossier, a-t-elle insisté. Quelles que soient les circonstances, il faut agir, parce que le temps presse. »
« Vingt-cinq ans après la fin de la guerre civile, le Liban n'a toujours pas un mécanisme susceptible de résoudre ce dossier tout en préservant la dignité des familles concernées », a poursuivi Jamila Hamami. Et de conclure en invitant les autorités libanaises, religieuses, politiques et judiciaires à « se charger du dossier » et à œuvrer de manière à le « résoudre » et à « donner des réponses aux familles concernées ».

 

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