Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi dès 17h place Riad al-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, à l'appel de la campagne citoyenne "Vous puez !". Une manifestation qui a, comme celle de mercredi dernier, fini par être violemment réprimée par les forces de l'ordre. Samedi en soirée, le claquement des tirs des forces de l'ordre résonnait dans la capitale. Les heurts ont fait plusieurs blessés.
Les manifestants dénonçaient l'inaction du gouvernement face à la crise des déchets qui dure depuis plus d'un mois.
"Nous sommes déjà plus de 6000 personnes", avaient écrit les organisateurs sur leur page Facebook 30 minutes après le début de la manifestation dans l'après-midi. Toutes les routes menant vers le lieu de la manifestation ont été coupées par les forces de l'ordre, a de son côté indiqué la chambre de contrôle du trafic routier.
Les manifestants, exaspérés par la crise des déchets qui a débuté avec la fermeture, le 17 juillet, de la décharge de Naamé, ont brandi des pancartes et bannières appelant le gouvernement, qu'ils accusent de corruption, à démissionner. Des photos des militaires libanais, otages des jhadistes depuis août 2014 dans le jurd de Ersal, ont également été brandies lors du rassemblement pacifique.
(Lire aussi : Ces déchets, c'est le spectacle de notre incurie qui s'étale aux yeux du monde entier...)
Plus d'une heure après le début du rassemblement, un incident a opposé les forces de l'ordre à certains manifestants qui ont essayé de forcer les barrages établis par les FSI dans le périmètre du siège du Parlement. Les forces de l'ordre ont alors eu recours aux jets d'eau afin de disperser les manifestants. Un peu plus tard, les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes. Plusieurs cas d'asphyxie ont été enregistrés, selon des témoins sur place. Une peu plus tard, ce sont des coups de feu qui étaient tirés pour disperser les manifestants.
Photo Paul Sawaya
"Il y a huit blessés dans les rangs des manifestants et des forces de sécurité, dont un dans un état grave. Il y a d'autres blessés et nous avons envoyé des ambulances sur place", a affirmé à l'AFP le porte-parole de la Croix Rouge libanaise Iyad Monzer. Un communiqué des Forces des Sécurité intérieure publié en soirée fait état de 35 blessés parmi les forces de l'ordre. Le communiqué indique que les incidents ont débuté lorsque des manifestants ont tenté de pénétrer de force dans le périmètre de sécurité mis en place dans le secteur du Parlement.
Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, qui se trouve hors du pays, a demandé aux forces de police de cesser immédiatement les tirs et annoncé à la télévision que ceux qui avaient tiré seraient poursuivis. Il a également promis aux manifestants que la crise des déchets sera réglée lors de la session du Conseil des ministres jeudi prochain.
Vers 22h, les échauffourées ont repris entre les forces de l'ordre et les manifestants devant le Sérail. La campagne citoyenne "Vous puez!" a accusé le Premier ministre Tammam Salam et le président du Parlement Nabih Berri d'avoir "donné l'ordre de réprimer la manifestation. "Nous appelons Berri et Salam à démissionner", a dit Assad Thebiane, l'un des porte-paroles de la campagne.
Dénonciation de la répression
Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a dénoncé samedi soir la répression de la manifestation, affirmant que la violence utilisée contre les protestataires pacifiques est "inacceptable". "Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette situation, a-t-il dit, appelant le gouvernement à cesser la répression."
Le ministre de l'Éducation Elias Bou Saab a, lui aussi, condamné la répression, affirmant que cette journée était une "journée noire dans l'histoire du Liban". "La force utilisée contre les manifestants est plus grande que celle utilisée contre les membres de l'État islamique et du Front al-Nosra", a-t-il affirmé.
Mercredi dernier, alors le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, annonçait un nouveau report de l'ouverture des appels d'offres au siège du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), au centre-ville de Beyrouth, des manifestants de la campagne s'étaient déjà heurtés aux forces antiémeute, écopant de coups de bâton et de violents jets d'eau (filmés par les médias ainsi que dans une vidéo postée par la campagne sur sa page Facebook). Quatre militants avaient été arrêtés plusieurs heures durant.
اكتر من 6,000!
Posted by طلعت ريحتكم on Saturday, August 22, 2015
Military beating peaceful protesters.Video footage of military men beating peaceful protesters. PLEASE SHARE. MORE FOOTAGE TO COME.
Posted by طلعت ريحتكم on Saturday, August 22, 2015
Imad Bazzi, porte-parole de la campagne "Vous puez!" , précise que les principales revendications des manifestants sont au nombre de trois. "Nous demandons en premier lieu la démission du ministre de l'Environnement parce qu'il est le ministre de tutelle pour ce qui a trait au dossier des déchets, dit-il. Même si nous savons que toute la classe politique est complice et coupable, il reste le responsable direct dans cette affaire." La seconde revendication porte sur des appels d'offres transparents, "loin des marchés douteux et du partage du gâteau, dans l'intérêt du citoyen, non de la poche des hommes politiques". "Nous avons proposé une solution qui aurait économisé des millions de dollars à la caisse de l'État, mais elle a été rejetée, car (les officiels) ne veulent pas débloquer les fonds des municipalités, ajoute-t-il. Ils veulent créer six Sukleen s'ils le peuvent, afin que chacun génère des profits de son côté." La troisième revendication consiste à "faire pression sur le procureur financier afin qu'il ouvre le dossier de Sukleen et qu'il révèle le gaspillage des deniers publics", conclut le militant.
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commentaires (3)
"Manifestations" de 2nde main, d'occasions, bon marché et au rabais !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
11 h 33, le 23 août 2015