Des Yézidis fuyant l'offensive de l'Etat islamique à Sinjar en août 2014. Rodi Said / Reuters
« Avoir des rapports sexuels avec une esclave fait plaisir à Dieu ». Cette phrase a été lancée par un combattant de l'organisation Etat islamique à une jeune femme yazidie. Juste avant qu'il ne la viole. Cette phrase a été rapportée par la victime au New York Times, qui a recueilli et rassemblé les témoignages de 21 anciennes captives de l'EI. Des récits qui mettent en lumière comment l'organisation jihadiste a élaboré une véritable théologie du viol, un crime désormais institutionnalisé par l'EI. L'enquête de la journaliste Rukmini Callimachi s'appuie également sur des communiqués officiels ainsi que des documents de l'EI posant les grandes lignes de sa pratique esclavagiste.
Principales victimes des actes barbares du groupe extrémiste, les Yazidis sont une minorité religieuse qui représente moins d'1,5% de la population irakienne. Lors de son offensive en août 2014 dans la région de Sinjar en Irak, l'EI a exécuté de nombreux hommes et enlevé des milliers de femmes vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'état d'esclaves sexuelles. Une pratique que l'EI justifie par la croyance religieuse.
Une campagne d'esclavage minutieusement préparée
Les femmes rencontrées par le New York Times n'ont pas été kidnappées au même moment ni au même endroit, mais elles racontent toutes la même histoire. Les 21 rescapées rencontrées par Rukmini Callimachi affirment que les enlèvements puis les ventes d'esclaves étaient bien planifiées. Les femmes yazidies kidnappées étaient d'abord rassemblées en un même lieu (prison, école primaire ou encore bâtiment municipal), puis « inspectées » et dûment recensées par les responsables de l'EI, avant d'être achetées par des émirs en Syrie et en Irak.
Appelées « sabaya » (« esclaves » en arabe), des milliers de femmes ont été inscrites par les jihadistes dans un registre détaillé, révélant la nature organisée de l'esclavage sexuel. D'après l'enquête du quotidien américain, la traite des femmes est régie par des contrats de vente établis officiellement par des notaires censés donner un statut juridique à l'esclave.
(Lire aussi : L'Onu assure que l'EI a une liste des prix pour ses esclaves)
La religion pour justifier le crime sexuel
Aux mains des jihadistes, ces femmes voire jeunes filles ont vécu l'enfer. Un enfer que les violeurs enrobaient de religion. Une survivante de 34 ans révèle ainsi que des combattants de l'EI priaient avant et après avoir violé une femme ou une petite fille. Relatant le cauchemar d'une fille de 12 ans, elle décrit la scène dont elle a été témoin : « Il lui attacha les mains et la bâillonna. Puis il s'agenouilla à côté du lit et se prosterna dans la prière avant de se mettre sur elle. Lorsque cela fut fini, il s'agenouilla pour prier à nouveau, mettant fin au viol par des actes de dévotion religieuse ».
Pour justifier leurs actes, les combattants de l'EI prônent une interprétation restrictive du Coran et prétendent que le viol d'esclaves est tout à fait « halal ». Selon les communiqués officiels de l'organisation terroriste, le viol d'esclaves yazidies est une pratique autorisée d'après les principes fondamentaux de la religion.
Le viol « halal » serait, en outre, un argument utilisé pour recruter davantage de jihadistes, le sexe permettant d'attirer des hommes issus de sociétés musulmanes très conservatrices, dans lesquelles la sexualité hors mariage est interdite.
Alors que les troupes de l'Etat islamique ne cessent de grossir, au moins 3144 Yazidies sont toujours retenues captives.
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commentaires (5)
L'Islam à la Daech est une vraie partie de plaisirs pour les hommes! La dépravation au nom de la religion musulmane n'a pas de limite pour ces extrémistes violeurs de femmes et esclavagistes.
Dounia Mansour Abdelnour
08 h 45, le 18 août 2015